Vladimir Poutine a toutes les raisons de les redouter. Si elles sont adoptées, les sanctions économiques et financières contre la Russie préparées par le Congrès des Etats-Unis ont un potentiel dévastateur. Pour l’heure, Donald Trump se refuse à les faire voter. Il les utilise en revanche pour imposer son agenda de paix. Le fait que l’un des promoteurs de ces sanctions, le sénateur républicain Lindsay Graham, a échangé à leur propos avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, est toutefois révélateur. La pression augmente sur Moscou.
Des sanctions qui tapent juste
Défendu au Congrès par les sénateurs Richard Blumenthal (démocrate, Connecticut) et Lindsay Graham (républicain, Caroline du sud), le paquet de sanctions américaines à l’étude prévoit notamment des droits de douane de 500% sur les produits importés des pays qui achètent du pétrole, du gaz, de l’uranium et d’autres produits russes. En clair: tout pays ou toute entité commerciale qui permet à Moscou de contourner l’embargo commercial déclenché après l’assaut du 24 février 2022 sur l’Ukraine se retrouvera expulsé de facto du marché américain. Un très gros marteau!
Des sanctions qui font mal
C’est le principe des sanctions «secondaires». Elles ne visent pas le pays qui est sanctionné, mais tous ses alliés, amis et intermédiaires. En clair: tout armateur qui affrète des tankers pour exporter le pétrole russe se retrouvera visé. La fameuse «flotte fantôme» qui sillonne la mer Baltique, en prenant soin de rester dans les eaux internationales, perdra alors sa raison d’être. Un pays comme l’Inde, gros importateur de pétrole russe, se retrouvera en difficulté énergétique. Les armateurs grecs, cachés derrière des pavillons de complaisance, se retrouveront aussi dans le viseur. Crédible? Oui. Faisable? Oui. Très risqué pour Moscou? Oui.
Des sanctions qui obligent à négocier
Les négociations qui ont repris à Istanbul ce lundi 2 juin sont concernées. Lindsay Graham défend en effet ce paquet de sanctions décisives depuis la conférence sur la sécurité de Munich, en février. Il a maintenant rallié à sa cause 81 sénateurs, républicains et démocrates. Leur credo? «Ces sanctions seraient imposées si la Russie refuse de s’engager dans des négociations de bonne foi en vue d’une paix durable avec l’Ukraine ou si elle entreprend un autre effort, y compris une invasion militaire, qui porte atteinte à la souveraineté de l’Ukraine après la négociation de la paix.» Vladimir Poutine doit donc prouver sa bonne foi.
Des sanctions qui visent Pékin
C’est ce qui ferait le plus mal à Vladimir Poutine, si Donald Trump donne son feu vert. La Chine, via ce nouveau paquet de sanctions, se retrouverait prise au piège de son soutien à la Russie. Le président des Etats-Unis adresse donc un message à Xi Jinping, présent à Moscou le 9 mai pour la parade militaire du 80e anniversaire de la reddition nazie. La Chine n’a pas envie d’ouvrir un nouveau front dans sa guerre commerciale avec les Etats-Unis. Son intérêt est de tordre le bras à Poutine, ce qu’elle est en mesure de faire, compte tenu de la dépendance de la Russie envers les importations chinoises.
Des sanctions très «européennes»
Le 20 mai, l’Union européenne a adopté son 17e paquet de sanctions économiques et financières contre la Russie. L’UE a inscrit 189 navires supplémentaires faisant partie de la «flotte fantôme de pétroliers» ou contribuant aux recettes énergétiques de la Russie, ce qui porte le nombre total d’inscriptions à 342. Ils font désormais l’objet d’une interdiction d’accès au port et d’une interdiction de prestation de services. Ce paquet ajoute également 31 nouvelles entreprises à la liste qui apportent un soutien direct ou indirect au complexe militaro-industriel russe ou qui contournent les sanctions. Il s’agit de 18 sociétés établies en Russie et de 13 sociétés établies dans des pays tiers (6 en Turquie, 3 au Viêt Nam, 2 aux Emirats arabes unis, 1 en Serbie et 1 en Ouzbékistan). Un modèle «Made in Europe» pour faire plier Poutine?