Un duel peut en cacher un autre. Surtout quand le premier ressemble davantage à un duo, voire à un tandem! Alors que Donald Trump semble être prêt, le 15 août en Alaska, à accepter un partage du territoire de l’Ukraine dicté par Vladimir Poutine, son vice-président J.D. Vance a, lui, la charge de «gérer» Volodymyr Zelensky. Une mission qui passe par une confrontation avec les dirigeants européens.
J.D. Vance, 40 ans, était ce week-end à Londres où il a conduit les discussions avec les conseillers des dirigeants européens et avec le ministre des Affaires étrangères britannique David Lammy. C’est cet échange qui a servi de base, ce lundi 11 août, à la réunion à Bruxelles des 27 chefs de la diplomatie des pays membres de l’Union européenne. Avec cette question en suspens: jusqu’où les 27 sont prêts à aller pour faire plier Washington, et obtenir que le président ukrainien soit aussi invité en Alaska?
Pour J.D. Vance, l’affaire est entendue. L’heure est venue d’en finir «coûte que coûte» avec la guerre en Ukraine dont il fait reposer l’entière responsabilité sur le refus des Européens de faire pression sur Zelensky. Pour l’ex-Sénateur de l’Ohio, ancien sous-officier de l’armée américaine, le conflit qui dévaste ce pays n’a aucun sens. Il est, de ce point de vue, plus trumpiste que Trump lui-même. Le président défend la paix parce qu’elle est bonne pour le business.
Menace russe exagérée?
J.D. Vance, lui, estime que la menace russe est exagérée, et que les pays de l’UE l’utilisent pour justifier une «Europe-puissance» qu’il rejette. Dans son discours à la conférence sur la sécurité de Munich, le 14 février, Vance avait, en pleine campagne électorale allemande, accuser les gouvernements de l’UE de traquer les mauvais ennemis. Pour lui, la gauche «wokiste» est plus dangereuse que la Russie, car elle «mine les sociétés de l’intérieur».
Le fait que Trump lui ait demandé de confronter les Européens est révélateur. Le président des Etats-Unis ne veut donner aucune garantie à l’Ukraine avant le 15 août. Il ne veut pas avoir les mains liées avant de parler avec Poutine. Mais simultanément, Washington ne veut pas se mettre à dos ses alliés, surtout après leur accord donné au sommet de l’Otan à la fin juin, pour acheter davantage de matériel militaire américain.
Vance est en quelque sorte chargé d’éloigner les Européens, comme un chien de garde. Il doit aussi montrer à Zelensky qu’il se trouve dans une position fragile. Ce que ce dernier sait d’ailleurs parfaitement depuis leur altercation le 28 février dans le Bureau ovale, à la Maison Blanche. J. D. Vance avait alors reproché au président ukrainien de ne pas être assez «reconnaissant» pour l’aide apportée par les Etats-Unis…
Grenade dégoupillée
Les dirigeants de l’UE, de leur côté, savent que J.D. Vance est une grenade politique dégoupillée. A chaque fois qu’il le peut, celui-ci redit son soutien aux mouvements nationaux-populistes hostiles à l’intégration communautaire. Il est un adversaire résolu de Bruxelles, dont il dénonce les manœuvres pour taxer et réguler les géants du numérique, lui qui doit beaucoup au milliardaire fondateur de Paypal, Peter Thiel.
Comment le convaincre dès lors? En faisant comme avec Trump, soulignent ceux qui le connaissent. Flatteries, promesses, révérence… Sauf que contrairement à son patron, le vice-président américain ne sera pas dans la pièce le 15 août avec Vladimir Poutine. La capacité de Trump a faire diversion, et à enfumer ses partenaires, n’en est que plus importante.