«C'est un jour historique!»
Un traitement préventif très prometteur contre le VIH a été approuvé

Les États-Unis approuvent Yeztugo, un nouveau traitement préventif contre le VIH développé par Gilead. Cette prophylaxie pré-exposition, administrée en deux injections annuelles, pourrait révolutionner la lutte contre le sida avec une efficacité de 99,9%.
Publié: 12:06 heures
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Un flacon du médicament de prévention du VIH, en Californie, en juin 2025.
Photo: keystone-sda.ch
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ATS Agence télégraphique suisse

Les Etats-Unis ont approuvé un nouveau traitement préventif contre le virus du sida (VIH), a annoncé mercredi le laboratoire pharmaceutique Gilead qui le développe. Ce feu vert pourrait révolutionner la lutte contre cette épidémie, même si la question de son accessibilité reste entière.

Nommé Yeztugo, ce traitement qui consiste en deux injections annuelles, constitue une petite révolution dans le domaine des médicaments prévenant la transmission du VIH, connus sous le nom de «prophylaxie pré-exposition», ou «PrEP». Pris par des personnes qui ne sont pas infectées mais considérées à risque, ces traitements nécessitent généralement la prise quotidienne d'un comprimé.

Le Yeztugo propose lui une prévention plus efficace et moins envahissante, avec seulement deux injections par an et pourrait ainsi permettre de faciliter considérablement la prise en charge de personnes à risque, notamment dans les pays en développement. 

Et même de mettre fin à l'épidémie de Sida, selon des experts. «C'est un jour historique dans la lutte contre le VIH», a salué Daniel O'Day, patron de la biotech américaine dans un communiqué annonçant cette autorisation.

Selon le laboratoire, le nouveau traitement sera désormais disponible aux Etats-Unis pour les «adultes et les adolescents pesant au moins 35 kg» et «ayant besoin de la PrEP ou souhaitant en bénéficier».

Une question de coût

Le laboratoire Gilead propose déjà depuis 2022 un traitement antirétroviral, le Sunlenca, développé à partir de la même molécule, le lenacapavir. Ce dernier est proposé aux personnes déjà infectées et permet d'empêcher la multiplication du virus dans l'organisme. Ces traitements offrent une efficacité sans précédent et pourraient changer la donne contre le sida, selon les experts.

Les deux essais cliniques menés par l'entreprise pour le traitement préventif ont ainsi montré une réduction du risque de transmission du VIH de plus de 99,9 % chez les adultes et les adolescents, en faisant ainsi l'option la plus proche d'un vaccin. Mais les espoirs suscités par ces excellents résultats pourraient toutefois être douchés par les coûts astronomiques des traitements.

Interrogée par l'AFP, l'entreprise a reconnu que le prix du Yeztugo aux Etats-Unis s'élèvera à 28'218 dollars (23'113 francs) par an, «en phase avec les options PrEP existantes». Néanmoins: «nous travaillons à rendre Yeztugo accessible à tous ceux qui en auraient besoin ou le souhaiteraient, et nous nous attendons à une importante prise en charge par les assurances», a fait savoir la porte-parole de Gilead mercredi.

Le Sunlenca, autre traitement disponible déjà sur le marché, coûte lui plus de 39'000 dollars (31'940 francs) par an. Et l'Apretude, le premier traitement de PrEP injectable qui a été développé par le laboratoire ViiV Healthcare et approuvé en 2021 aux Etats-Unis, coûte des dizaines de milliers de dollars par an pour des injections tous les deux mois.

Or, selon une récente estimation réalisée par plusieurs chercheurs et publiée dans la revue Lancet, le lenacapavir pourrait être produit pour des coûts allant seulement de 25 à 46 dollars. «Si ce médicament qui change la donne reste inabordable, il ne changera rien», a insisté mercredi la cheffe de l'Onusida, Winnie Byanyima dans un communiqué, demandant «instamment à Gilead de prendre la bonne décision». 

«Baissez le prix, augmentez la production et faites en sorte que le monde ait une chance de mettre fin au sida», a-t-elle exhorté.

Le laboratoire Gilead a annoncé l'an passé des accords avec des fabricants pour produire et vendre des génériques à bas coût dans plus de 100 pays en développement et fournir d'autres nombreuses doses. Mais ces initiatives pourraient être mises à mal par les actions du gouvernement de Donald Trump, qui sabré les financements internationaux qui devaient les soutenir.

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