La rencontre «cordiale» du 17 octobre entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky ne laisse pas augurer un apaisement de la situation entre la Russie et l'Ukraine. Les échanges entre les deux présidents se seraient transformés à plusieurs reprises en cris et invectives. D’après des responsables européens, le milliardaire républicain aurait repris mot pour mot l'argumentaire de Vladimir Poutine, contredisant ses récentes déclarations sur les faiblesses de Moscou. Quatre jours plus tôt, Trump parlait de livrer des Tomahawk à Kiev. Maintenant, il souhaite que l'Ukraine fasse une croix sur le Donbass. Un retournement de veste donc seul Trump a le secret.
Que s'est-il passé? Comment le président américain a-t-il pu aussi rapidement – à nouveau – changer d'opinion? Et surtout, à quoi ses petites manigances servent-elles réellement? Blick explique en cinq étapes pourquoi les négociations sur la paix en Ukraine n'avancent pas.
Des Tomahawk à la cession de territoire
La semaine dernière encore, Donald Trump voulait montrer qu'il faisait pression sur Poutine. Il a menacé de livrer à l'Ukraine les missiles de croisière souhaités si Moscou ne cédait pas. Puis il s'est entretenu au téléphone durant deux heures et demie avec le président russe. Et le vent a tourné. Le chef du Kremlin aurait promis de nouveaux accords commerciaux. Un prochain sommet à Budapest a été agendé. Dès le lendemain, le milliardaire se comportait à nouveau comme le porte-parole du Kremlin. Au lieu de livrer des armes, il parlait «d'arrêter les tueries» et de «geler le front sur la ligne actuelle». Volodymyr Zelensky, qui espérait pouvoir compter sur les Tomahawk, est reparti bredouille de Washington. Son refus de céder des terres aurait irrité Donald Trump.
Quand Poutine appelle, la ligne vacille
Selon l'Institute for the Study of War, Poutine a profité de sa récente conversation téléphonique avec Trump pour réitérer ses vieilles exigences. Kiev doit céder la totalité de la région de Donetsk pour mettre fin à la guerre. En contrepartie, la Russie aurait proposé d'abandonner certaines parties des régions occupées de Zaporizhia et de Kherson. Une concession, qui, en fait, ne ferait que renforcer la position stratégique de la Russie. Rien n'empêcherait Moscou, dans le futur, de rependre son offensive à partir d'une situation géographique plus favorable. Malgré cela, Trump reprend les souhaits de Poutine, parlant d'un «accord sur la ligne de front actuelle» et vendant l'idée comme «un pas vers la paix».
La diplomatie devient un spectacle
La politique étrangère de Trump fonctionne comme un spectacle de téléréalité. Chaque rendez-vous politique se transforme en une comédie, chaque appel devient un moment dramatique. Après l'accord sur Gaza, il pensait pouvoir offrir un nouveau «moment donnant la chair de poule» en réconciliant Poutine et Zelensky. Mais tandis que Trump fait la Une des journaux, l'armée russe grappille du terrain. Le président américain parle de «deals» et de «grandes percées» en direction de paix. Dans les faits, la situation ne s'améliore pas sur la ligne de front. Pour le milliardaire, c'est l'instant présent qui compte, peu importe le résultat. Coups de pression, diplomatie, fiabilité, cela n'est que secondaire par rapport au fait d'être perçu dans l'opinion publique comme un faiseur de paix. En réalité, le style de négociation de Donald Trump ressemble à une pièce de théâtre sans joyeux épilogue: beaucoup de mises en scène, peu d'effets. Lundi, Benjamin Netanyahu a affirmé qu'Israël avait largué «153 tonnes de bombes» sur la bande de Gaza la veille.
Les nerfs de l'UE sont à vif
«Quatre jours plus tôt, nous parlions de Tomahawk, maintenant de céder des terres», a déclaré un diplomate européen cité par «Politico». Le Premier ministre polonais Donald Tusk résume la situation sur X: «Pas de pression sur Zelensky – pression sur la Russie!». Mais Donald Trump préfère se considérer comme un médiateur neutre qui «laisse gagner» les deux parties. Seulement, la «neutralité» favorise l'agresseur. Et tandis que les Etats-Unis tergiversent, l'inquiétude grandit en Europe face à un nouvel hiver guerrier sans que Washington n'adopte de position claire.
Conclusion: Trump sur le devant de la scène
Le «coup de force» de Donald Trump dans la guerre en Ukraine n'a en réalité rien fait bouger, si ce n'est de remettre le président américain au centre des projecteurs. Vladimir Poutine en sort renforcé parce qu'il arrive à gagner du temps. Volodymyr Zelensky est affaibli parce qu'il n'obtient ni armes ni soutien clair. Et Trump? Il est là où il aime être: sur le devant de la scène d'un spectacle qu'il a lui-même créé. Sa diplomatie concernant le dossier ukrainien ressemble à un rond-point: bruyant, frénétique, mais sans direction. Ni Poutine ni Zelensky n'ont changé leur position d'un millimètre. Seul l'ego de Trump a peut-être encore grandi un peu.