A la veille d’une rencontre très attendue en Alaska, Donald Trump s’apprêterait à tendre une main inattendue à Vladimir Poutine. Le président américain envisage de lui offrir un accès privilégié à des ressources stratégiques, allant des minerais rares d’Ukraine aux gisements pétroliers d’Alaska, en échange d’un cessez-le-feu, révèle «The Telegraph» mercredi 13 août. Une approche qui mêle diplomatie et affaires, et qui pourrait rebattre les cartes du conflit.
En coulisses, Scott Bessent, secrétaire au Trésor américain, évaluerait les contreparties économiques possibles pour accélérer un accord de paix. Trump souhaite qu’un second sommet, réunissant cette fois aussi le président ukrainien Volodymyr Zelensky, suive rapidement la rencontre avec Poutine.
La Maison Blanche présente toutefois le rendez-vous de vendredi comme un «exercice d’écoute» visant à tester la volonté réelle de Poutine de négocier. Moscou parle pour sa part d’une discussion sur «les relations russo-américaines».
Haro sur les minerais ukrainiens
«Il existe toute une gamme d’incitations, parmi lesquelles un éventuel accord sur les minéraux et les terres rares pourrait figurer», déclare une source sous couvert d'anonymat au quotidien britannique. L'Ukraine détiendrait environ 10% des réserves mondiales de lithium, un métal utilisé dans la production de batterie. Et justement, deux des plus importants gisements du pays se trouvent dans des zones occupées par la Russie.
Poutine a d'ailleurs déjà revendiqué ses droits sur les précieux minéraux. En mai, les Etats-Unis ont signé un accord avec Kiev, lui permettant d'exploiter les ressources naturelles ukrainiennes. La nouvelle proposition de Trump à Poutine, permettrait à Washington d'accélérer de nouvelles opérations minières grâce à cette collaboration.
Céder des ressources en Alaska
Mais Trump ne s'arrêterait pas là. Il envisagerait d'offrir à la Russie la possibilité d'exploiter les ressources gazières et pétrolières en Alaska, près du détroit de Béring. Cette région recèlerait d'importantes réserves de ressources naturelles non découvertes, dont 13% du pétrole mondial.
Accroître la présence russe dans le détroit consoliderait les positions stratégiques de Poutine dans l’Arctique. Cette zone concentrait, en 2022, 80% de la production nationale de gaz.
Levée de sanctions
Donald Trump envisagerait également d’assouplir certaines sanctions visant l’aviation russe. Cette mesure permettrait à Moscou de se réapprovisionner en pièces détachées et en services auprès de constructeurs occidentaux, notamment Boeing. Depuis 2022, les restrictions imposées par l’Occident ont forcé les compagnies russes à démonter certains appareils pour en maintenir d’autres en état de vol, fragilisant un parc aérien déjà vieillissant.
Près de 30% des avions de fabrication occidentale en Russie pourraient être immobilisés d’ici à cinq ans faute de maintenance, a averti cette année Sergueï Chemezov, patron du conglomérat public Rostec. Pour Boeing, la levée de ces restrictions représenterait un marché potentiel considérable: avec plus de 700 appareils, principalement des Airbus et Boeing, les compagnies russes redeviendraient des clientes majeures pour pièces et maintenance.
Les Européens réceptifs
Selon des sources gouvernementales britanniques citées par le «Telegraph», de telles concessions pourraient être acceptables pour l’Europe, à condition qu’elles ne soient pas perçues comme une récompense offerte à Moscou. Après une visioconférence avec Trump, les alliés européens affirment avoir progressé sur un projet de garanties de sécurité pour Kiev.
Les diplomates restent toutefois prudents: aucun signe ne laisse penser que Vladimir Poutine ait renoncé à son objectif initial, c'est-à-dire renverser le gouvernement de Volodymyr Zelensky et installer un pouvoir acquis au Kremlin. Reste à savoir si la rencontre prévue vendredi en Alaska sera le premier pas vers un cessez-le-feu… ou un simple exercice de séduction diplomatique sans lendemain.