Sa rencontre avec Trump est un jackpot
Poutine risque de crier victoire lors du sommet en Alaska

Le sommet en Alaska devrait aboutir à un cessez-le-feu en Ukraine grâce aux cadeaux de Trump. Mais de telles concessions incitent le Kremlin à attaquer davantage. Voici ce qui pourrait arriver aux Ukrainiens et à l'Europe.
Publié: 10:07 heures
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Le président russe Vladimir Poutine est sur le point d'atteindre son objectif.
Photo: keystone-sda.ch
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Guido Felder

Poutine s'est mis Trump dans la poche. Le président américain s'est laissé séduire par le maître du Kremlin au point de céder aux exigences de Moscou. Lors du sommet sur l'Ukraine en Alaska vendredi prochain, Vladimir Poutine devrait pouvoir crier victoire.

Le président ukrainien Volodimir Zelensky devrait être invité au sommet, mais il ne sera que figurant. L'objectif principal des négociations sera d'arrêter l'effusion de sang russe, mais le prix à payer pour les Ukrainiens est élevé. En plus de la Crimée annexée en 2014, Poutine veut annexer à la Russie les territoires conquis depuis 2022 dans l'est et le sud de l'Ukraine, ainsi que les territoires encore libres dans les oblasts de Lougansk et Donetsk. Le président russe exige aussi de l'Ukraine qu'elle renonce à l'OTAN.

En plus d'un cessez-le-feu, que proposera Poutine à l'Ukraine? Probablement, en signe de bonne volonté, seulement le retrait de certaines régions du nord-est, de parties des oblasts de Kharkiv et de Soumy. Ce ne sont que des zones limitées avec quelques villages isolés. A titre de comparaison, les Russes occupent un cinquième de l'Ukraine, soit 120'000 kilomètres carrés, et n'en restitueraient que quelques dizaines.

Poutine en veut plus

Zelensky refuse un compromis négocié sans son accord et il est soutenu par ses alliés européens. Dans une déclaration commune, l'Allemagne, la France, l'Italie, la Pologne, la Grande-Bretagne, la Finlande et la Commission européenne exigent que les Russes cessent les combats avant de discuter d'une solution de paix.

Mais l'influence des soutiens européens, parfois en désaccord entre eux, est relativement faible. Les vrais soutiens de l'Ukraine sont les livraisons d'armes et les informations des services secrets américains et s'ils venaient à manquer, les Européens pourraient aussi cesser leurs livraisons.

Si Trump et Poutine concluent un accord, l'Ukraine sera obligée de céder avec un cessez-le-feu, qui ne signifierait pas la fin de la guerre pour autant, loin de là. D'après l'Institute for the Study of War (ISW), une cession de territoires encore libres donnerait aux Russes une position de départ avantageuse. L'Ukraine et de nombreux pays européens craignent que Poutine rompe le cessez-le-feu après ce répit et se lance à la conquête de nouveaux territoires.

Selon de nombreux observateurs de la Russie, l'objectif du Kremlin serait de reconstituer l'ancienne Union soviétique. Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andrij Sybiha met en garde sur X contre les «cadeaux» faits à l'agresseur: «Toute concession conduira à une nouvelle agression.»

Une nouvelle guerre

Dès que Poutine pourra officiellement revendiquer les territoires ukrainiens comme étant russes, il devra rapidement trouver un prétexte pour une nouvelle «opération militaire spéciale». Par exemple, il pourrait exiger des demandes de réparation pour les dommages causés dans «son» nouveau territoire. Dans les régions détruites, les coûts des reconstructions s'élèvent à plus d'un demi-milliard de dollars. 

Puisque ni l'Ukraine ni d'autres Etats ne paieront, Poutine voudra se faire justice. Tout porte à croire que vendredi sera le jour de la victoire pour Poutine et le jour de la défaite pour l'Ukraine. 

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