Face à face le 15 août
Recevoir Poutine en Alaska? Trump fait 5 paris fous

La décision de tenir le sommet Trump-Poutine en Alaska, sur le territoire des Etats-Unis, ne répond pas qu'à des exigences sécuritaires. Le président américain est convaincu qu'il sera en position de force.
Publié: 10:51 heures
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Dernière mise à jour: 11:01 heures
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Cette poignée de mains entre Trump et Poutine remonte à 2018, à Helsinki, en Finlande.
Photo: AFP
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Richard WerlyJournaliste Blick

Cinq paris fous. Cinq atouts que Donald Trump est persuadé d’avoir en main face à Vladimir Poutine, qu’il rencontrera le 15 août en Alaska, dans un lieu encore indéterminé. Quels sont ces 5 leviers que le président des Etats-Unis espère activer pour faire plier son homologue russe, expert en manœuvres diplomatiques?

Pari N° 1: L’histoire

Donald Trump sait combien Vladimir Poutine est sensible à l’histoire de la Russie et au rôle décisif de l’ex-URSS dans la Seconde Guerre mondiale. Il connaît aussi le poids de la religion orthodoxe dans la société russe et la volonté de Poutine de se présenter, toujours, comme le gardien de l’Eglise russe. Or la date choisie, le 15 août, coche les deux cases. Ce jour-là, les chrétiens fêtent l’Assomption, la fête de la Vierge Marie. Et c’est le 15 août 1945, il y a 80 ans, que l’Empereur Hirohito prit la parole pour annoncer à son peuple la reddition du Japon. Le pari? Convaincre Poutine qu’il doit aussi, en ce jour sacré, marquer l’Histoire.

Pari N° 2: Le respect

Trump a envoyé cinq fois son émissaire personnel, Steve Witkoff, rencontrer Vladimir Poutine au Kremlin. Il y était encore mercredi 6 août durant trois heures. Une telle préparation d’un sommet est rare. Trump a ainsi témoigné de son respect pour Poutine, ce président dont il a longtemps dit le plus grand bien. En quelque sorte, le président des Etats-Unis a déjà réhabilité son homologue russe, devenu un paria depuis la délivrance d’un mandat d’arrêt contre lui par la Cour Pénale Internationale (CPI), notamment pour les enlèvements d’enfants en Ukraine. Le pari? Poutine peut, grâce à Trump, redevenir un leader fréquentable.

Pari n° 3: Le langage

Trump et Poutine ont une conception identique des rapports mondiaux. Pour eux, seules la force et la richesse comptent. Or l’agenda de cette rencontre est précisément calqué sur le rapport de force actuel, puisque ni l’Ukraine, ni l’Union européenne, ne seront représentés au sommet de l’Alaska. Le pari du président des Etats-Unis est aussi de faire comprendre à son invité, dont l’immense pays s’achève au pied de l’Alaska, avec la péninsule de Tchoukotka, qu’il est son interlocuteur privilégié. Il le rencontre d’ailleurs avant d’avoir vu Xi Jinping, le président chinois.

Pari n° 4: Les Européens dans l’antichambre

L’Union européenne a adopté à ce jour 18 paquets de sanctions commerciales et financières contre la Russie, avec pour objectif de mettre son économie à genoux. Trump menace de passer lui aussi à la vitesse supérieure, et il l’a déjà fait avec l’Inde, menacée de tarifs douaniers à 50% (dont 25% en raison de ses achats d’hydrocarbures à Moscou). Or les Européens ne seront pas là en Alaska. Ils observeront. Ils feront sans doute connaître leurs lignes rouges avant vendredi. Mais Poutine le sait: Trump ne les impliquera pas dans les discussions initiales.

Pari N° 5: Etouffer Zelensky

Si Volodymyr Zelensky n’obtient pas, le 15 août ou dans la foulée, une rencontre avec Trump et/ou Poutine, il sera plus que jamais le dos au mur. Sauf que la marginalisation de celui-ci est voulue par la Russie, qui avait tenté de l’assassiner au début de la guerre. Le président des Etats-Unis, en parlant de possible découpage territorial de l’Ukraine avec Poutine, tourne la page politique. Les deux hommes ne s’en cachent pas: ils veulent voir Zelensky quitter ses fonctions. Le pari de Trump: accélérer cette mise à l’écart.

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