Netanyahu veut en finir
Tsahal va tout risquer dans le «hachoir à viande» de Gaza

Un «hachoir à viande», c'est l'expression que les responsables militaires israéliens emploient pour désigner le piège de Gaza, où les soldats de Tsahal s'enlisent depuis des mois. Mais Benjamin Netanyahu veut maintenant en finir avec le Hamas.
Publié: 15:51 heures
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L'armée israélienne pilonne depuis bientôt deux ans la bande de Gaza. Mais Netanyahu veut en prendre le contrôle total.
Photo: keystone-sda.ch
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Richard WerlyJournaliste Blick

Cette expression est horrible. Mais elle dit bien ce que ressentent les militaires israéliens déployés dans la bande de Gaza, où ils traquent les commandos du Hamas et du Jihad Islamique. 

Pour ces généraux qui se sont confiés à la BBC, Gaza est «un hachoir à viande». Traduisez: un piège terrible où Tsahal, malgré son écrasante supériorité, s’est enlisée pour le pire. Que penser, dans ces conditions, de la décision du gouvernement israélien de prendre le contrôle de Gaza City, puis de l’enclave entière?

Gaza est toujours «Hamas Land»

Entre 10'000 et 15'000 combattants du Hamas demeureraient actifs dans les souterrains et dans leurs sanctuaires, dans les 20% de la bande de Gaza (pour l’essentiel le sud) où vivent les deux millions de Palestiniens de l’enclave. 

Le mouvement palestinien responsable de l’assaut terroriste du 7 octobre 2023 (1250 personnes tuées et 251 otages, dont une cinquantaine restent portés disparus) n’est donc pas éradiqué «jusqu’à la racine» comme l’a pourtant promis Benjamin Netanyahu. La décision du gouvernement israélien de repasser à l’offensive vise, justement, à tenir cette promesse.

Gaza est un carnage

On le dit et on l’écrit souvent: ce qui se passe depuis deux ans dans cette enclave palestinienne est une horreur. La famine y a désormais fait son apparition, et les Palestiniens doivent chaque jour se battre pour trouver des aliments. Les rares convois humanitaires sont pris d’assaut et es largages aériens sont accueillis par un chaos humain. 

Netanyahu, rappelons-le, est poursuivi pour crimes de guerre par la Cour pénale internationale. Tandis qu’Israël est accusé de commettre un «génocide».

Gaza est une impasse

Le gouvernement israélien a décidé de procéder par étapes. La première doit être la prise de contrôle militaire de Gaza City, avant d’aller plus loin. Mais il ne s’agit pas de recoloniser l’enclave, comme le réclame l’extrême droite israélienne. Netanyahu parle d’établir une zone de sécurité et de faire émerger une autorité nouvelle, sans le Hamas, et sans l’actuelle autorité palestinienne. 

Le Premier ministre israélien parle aussi de rendre ensuite l’enclave à des «forces arabes». Mais de qui s’agit-il? Comment? La réalité est celle d’une impasse pour Israël.

Gaza est un crime

Les pires crimes se déroulent à Gaza depuis l’assaut du 7 octobre 2023. Le premier a été celui commis par le Hamas avec son attaque terroriste, puis avec le kidnapping de 250 otages. La récente vidéo d’un otage israélien décharné ajoute au cauchemar. C’est pour exiger la libération des otages que des centaines de milliers d’Israéliens défilent chaque jour. 

Famine, crimes de guerre, nettoyage ethnique, génocide… Pour faire cesser cela, 600 anciens responsables militaires et sécuritaires israéliens ont écrit à Donald Trump. Le chef d’Etat-major de Tsahal lui-même a déconseillé l’opération. Sauf qu’il doit obéir au gouvernement.

Gaza est un enjeu majeur

La décision de la France de reconnaitre en septembre l’Etat de Palestine, et la volonté d’exclure le Hamas de sa future gouvernance a fait bouger les lignes. Le Royaume-Uni puis le Canada ont dit qu’ils pourraient l’imiter lors de l’Assemblée générale des Nations unies. 

C’est le destin d’Israël qui se joue à Gaza puisque la solution à «deux Etats» est en train d’y être enterrée par les armes. Tout dépend maintenant de Gaza, à commencer par l’avenir des accords d’Abraham, cette normalisation à laquelle l’Arabie saoudite se refuse toujours.

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