Sur lui, Donald Trump ne tarit pas d’éloges. «Un type fantastique» a asséné le Président des Etats-Unis, après avoir joint le prince héritier d’Arabie saoudite au téléphone juste après son investiture le 20 janvier 2025.
Logique. MBS, alias Mohammed Ben Salman, a tout ce que l’ancien promoteur new-yorkais admire: beaucoup d’argent, beaucoup de pétrole, beaucoup de projets immobiliers, et beaucoup d’appétit pour une coopération plus étroite avec les Etats-Unis. Bref, un trésor ambulant pour ses affaires personnelles et pour l’électorat MAGA (Make America Great Again) qui avait déjà conduit Trump dans le royaume en 2017.
Lune de miel diplomatique
Sauf énorme surprise, la lune de miel diplomatique est donc au programme du voyage officiel que Donald Trump effectue en Arabie saoudite ce mardi 13 mai, avant de se rendre dans deux pays avec lesquels il veut parler de projets régionaux et de gros sous: le Qatar et les Emirats arabes unis.
La loi de Trump est en effet connue: tout, pour lui, est soluble dans l’argent et dans la prospérité économique. D’où sa proposition indécente et caricaturale de transformer la bande de Gaza en «Riviera» administrée par les Etats-Unis, après en avoir expulsé sa population palestinienne.
MBS, dans ce scénario, est l’interlocuteur parfait pour le locataire de la Maison Blanche. A 39 ans, ce prince installé au pouvoir par son père le roi Salman en 2017 (avant d’être nommé Premier ministre en 2022) a en effet la haute main sur trois instruments que Trump juge essentiels pour rebattre les cartes du Moyen-Orient, en lien avec le gouvernement Israélien de Benjamin Netanyahu qu’il soutient jusque-là sans faille.
Premier très bon point pour l’agenda MAGA:
MBS est ok pour maintenir les cours du pétrole autour de 60-65 dollars le baril, soit un plancher historique depuis l’élection de Trump le 5 novembre 2024. Or qui dit pétrole moins cher dit, a priori, baisse du prix du carburant à la pompe pour les automobilistes aux Etats-Unis. Exactement ce qu’il faut pour endiguer l’inflation, obsession des électeurs américains.
Second bon point pour MBS:
Les contrats qu’il est prêt à signer. Des le 21 janvier, au lendemain de l’investiture de Trump, le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed bin Salman a déclaré au président Donald Trump que le royaume veut investir 600 milliards de dollars dans son pays jusqu’à la fin de son mandat. Bingo! Avec, en plus, de belles opportunités pour les compagnies américaines et pour la famille Trump. La Trump Organization s’associe fréquemment à Dar Global, la branche internationale du promoteur de luxe saoudien Dar Al Arkan, pour des projets d’hôtels, de tours et de terrains de golf dans tout le Moyen-Orient. Une Trump Tower va être construite à Jeddah.
Troisième point qui ravit Trump:
MBS pourrait accepter de reconsidérer sa position sur une possible paix avec Israël, et rejoindre les accords d’Abraham signés entre l’Etat Hébreu et les Emirats arabes unis en 2020. En septembre 2023, le prince héritier semblait prêt à franchir le pas, puis le Hamas a déclenché son assaut terroriste du 7 octobre contre le sud d’Israël. Un an plus tard, MBS a dit formellement qu’il ne signerait pas si les Palestiniens ne disposent pas d’un Etat. Mais que pense-t-il vraiment? Ses conversations privées démontrent qu’il réfléchit à un «deal». Ce dont Donald Trump est convaincu: «Je pense que l’Arabie saoudite finira par participer aux accords d’Abraham...Bientôt. Dans pas très longtemps» répète-t-il en permanence.
Pas de Vladimir Poutine
Une photo manquera toutefois à l’appel ces jours-ci: celle de la rencontre avec Vladimir Poutine que Trump envisageait à Riyadh. Le Président Russe pourrait cette semaine se trouver à Istanbul afin de négocier avec Volodymyr Zelensky.
Deux gestes récents du Qatar, rival de l’Arabie saoudite, ternissent aussi la lune de miel americano-saoudienne: l’Emirat vient en effet de proposer d’offrir à Trump son nouvel avion présidentiel, après avoir signé le 30 avril avec son fils Eric Trump l’accord pour la construction future d’un méga projet de golf.
Rendre à l’Amérique sa grandeur est une mission que beaucoup de dirigeants, au Moyen Orient, prennent à l’évidence à cœur.