Novartis, Roche et Lonza sous pression
Donald Trump fait chuter les actions des géants de la pharma suisse

Les titres du SMI de Novartis, Roche et Lonza chutent nettement ce lundi. En cause, une fois de plus: Donald Trump. L’homme fort de la Maison Blanche veut ainsi tenir une promesse de campagne. Une bien mauvaise nouvelle pour la Suisse.
Publié: 11:51 heures
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Dernière mise à jour: 16:04 heures
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L'action Novartis perd nettement du terrain ce lundi matin.
Photo: Getty Images
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Michael Hotz

La plupart des entreprises du Swiss Market Index (SMI), qui compte 20 titres, ont bien entamé la semaine boursière. A une exception de taille: les géants pharmaceutiques. Peu après l’ouverture, les actions de Novartis perdaient 2,8%, celles de Roche chutaient de 3,2% et Lonza plongeait même de 3,5%.

En cause, une annonce choc de Donald Trump. Le président américain a promis une baisse massive des prix des médicaments aux Etats-Unis – de 30 à 80%, selon un message publié sur son réseau Truth Social. Il entend instaurer une «politique de la nation la plus favorisée», imposant que les Etats-Unis ne paient pas plus qu’un autre pays pour le même médicament. Une promesse de campagne qui a eu un effet immédiat sur les marchés.

Un coup dur pour la pharma suisse

Pour l’industrie pharmaceutique helvétique, cette annonce sonne comme un avertissement. Les Etats-Unis représentent leur marché de loin le plus important. La moitié des exportations pharmaceutiques traversent l'Atlantique. De plus, les Etats-Unis sont un marché très lucratif, puisqu'ils paient les prix les plus élevés du monde pour les médicaments.

A cela s’ajoute la menace persistante de nouveaux droits de douane. Jusqu’à présent, les produits pharmaceutiques étaient épargnés par les taxes à l’importation imposées par Trump. Mais le président a déjà laissé entendre à plusieurs reprises qu’il pourrait revenir sur cette exemption. La semaine dernière, il a même promis d’annoncer les nouveaux tarifs «dans les deux semaines à venir». La pharma pourrait donc devenir la prochaine cible du conflit commercial.

Novartis tente de séduire Trump

Face à ces incertitudes, les groupes pharmaceutiques suisses tentent de se rapprocher du président américain. Le patron de Novartis, Vas Narasimhan, s’est récemment rendu à la Maison Blanche à la demande de Trump. Un déplacement mis en scène dans une vidéo de communication officielle, qui expose les PDG des plus grandes firmes mondiales. Vas Narasimhan a toutefois eu droit à quelques mots flatteurs de Trump: «Merci beaucoup, Vas. C’est énorme.»

Les remerciements du président américain s'adressaient aux 23 milliards de dollars que Novartis prévoit d'investir aux Etats-Unis. Roche va encore plus loin: l’entreprise prévoit 50 milliards de dollars d’investissements dans ses sites américains. L’objectif est clair: produire directement sur place afin de contourner d’éventuelles taxes.

L’économie suisse en dépend

Récemment, Vas Narasimhan s'est également engagé en faveur d'une hausse des prix des médicaments en Europe. Avec Paul Hudson, PDG du géant pharmaceutique français Sanofi, il a formulé cette demande dans une lettre ouverte parue dans le journal économique britannique «Financial Times». Son souhait: que l'UE introduise un prix catalogue à l'échelle européenne qui se situe dans la fourchette des prix nets américains.

Or, c'est justement aux Etats-Unis que les prix des médicaments pourraient baisser. Ce n'est pas seulement une mauvaise nouvelle pour Roche et consorts, mais aussi pour l'économie suisse. Une étude du cabinet Wellershoff & Partners, publiée au printemps, le soulignait: «Sans les secteurs de la chimie et de la pharma, notre PIB par habitant aurait reculé l’an dernier.»

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