Le gouvernement américain a eu recours mercredi à une injonction pour tenter d'obtenir des «documents» internes de l'université Harvard sur les étudiants internationaux soupçonnés d'avoir participé à des manifestations pro-palestiniennes.
Depuis son retour au pouvoir, Donald Trump mène une offensive contre certaines universités qu'il accuse d'antisémitisme en n'ayant pas protégé les étudiants juifs ou israéliens lors des manifestations pro-palestiniennes ou pour un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.
Fin mai, la ministre de la Sécurité intérieure, Kristi Noem, avait révoqué la certification de Harvard au programme Sevis (Student and Exchange Visitor), principal système par lequel les étudiants étrangers sont autorisés à étudier aux Etats-Unis. La direction de Harvard avait contesté cette décision en justice et obtenu un sursis.
Or mercredi, l'administration Trump est revenue à la charge en annonçant une injonction contre Harvard afin de forcer l'université à remettre à la police de l'immigration (ICE) les «documents pertinents» des cinq dernières années sur des étudiants étrangers.
«Nous allons faire les choses à la dure»
«Comme d'autres universités, Harvard a permis aux étudiants étrangers d'abuser des privilèges liés à leur visa et de prôner la violence et le terrorisme sur le campus. Si Harvard ne défend pas les intérêts de ses étudiants, nous le ferons», a déclaré dans un communiqué Tricia McLaughlin, une porte-parole du ministère. «Nous avions opté pour une approche souple avec Harvard. Maintenant que l'université refuse de coopérer, nous allons faire les choses à la dure», a-t-elle ajouté.
Sollicitée mercredi par l'AFP, la direction de Harvard a qualifié «d'injustifiée» la demande du gouvernement Trump et dénoncé une campagne de «représailles» contre une université qui «défend» à la fois ses étudiants et ses principes fondamentaux. L'administration Trump avait récemment menacé Harvard de lui retirer son accréditation, une mesure qui aurait pour effet de priver la plus vieille université américaine, et aussi l'une des plus prestigieuses, de toute subvention fédérale.
Mercredi, le ministère de l'Education a notifié la commission de l'éducation de la Nouvelle-Angleterre, à laquelle Harvard est rattachée, que l'université «violait les lois fédérales contre la discrimination» et donc qu'elle devrait perdre son accréditation.
«En laissant la discrimination antisémite fleurir sans contrôle sur son campus, Harvard a failli à ses obligations», a accusé la ministre de l'éducation Linda McMahon, en disant s'attendre à ce que la commission de la Nouvelle-Angleterre «fasse respecter» les politiques du gouvernement fédéral.
Harvard a déjà perdu ces derniers mois plus de trois milliards de dollars en subventions fédérales, malgré des mesures prises, selon sa direction, pour s'assurer que ses étudiants et son personnel juifs ou israéliens ne se sentent ni exclus, ni intimidés sur le campus.