Influencé par un traumatisme personnel?
Les trois raisons pour lesquelles Trump piétine les étudiants d'Harvard

Donald Trump étend sa vendetta contre ceux qui ne lui plaisent pas dans son propre pays. Sa nouvelle cible? la plus ancienne université américaine. Et sa haine serait motivée par trois raisons précises.
Publié: 15:05 heures
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Dernière mise à jour: 15:12 heures
Donald Trump s'en est pris à la vénérable université d'Harvard. Mais pourquoi tant de haine?
Photo: IMAGO/Xinhua
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Samuel Schumacher

Dans une semaine, le semestre se terminera pour les étudiants de la plus ancienne université américaine. Mais au lieu de se réjouir des vacances, les étudiants d'Harvard doivent faire face à un stress inédit… signé Donald Trump. Car c’est maintenant, à la veille de l’été, que le président américain s’en prend à la prestigieuse université proche de Boston.

Ce jeudi, son gouvernement a interdit à Harvard d’enseigner à des étudiants étrangers avec effet immédiat. La raison? Des «agitateurs» venus de l’étranger auraient semé un climat «anti-américain» et «pro-terroriste» sur le campus, tout en harcelant des étudiants juifs – sans que l'université n'intervienne.

Une juge fédérale a certes suspendu provisoirement cette décision. Mais le doute plane et près de 7000 étudiants en échange patientent dans l'angoisse. Faut-il changer d’université, interrompre ses études, ou rester au risque de subir l’expulsion? Selon notre rédaction, cette attaque de Donald Trump contre Harvard a trois raisons, dont sa propre expérience en tant étudiant.

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Eradiquer la «science de l'ombre»

Donald Trump déteste les intellectuels de gauche et leurs visions hétéroclites du pays qui ne correspond, vous vous en doutez, pas du tout à la sienne. Or, Harvard en regorge: 77% de ses enseignants déclarent être des «libéraux de gauche». Pour Trump, l’université est donc un bastion de ce «wokisme» qu’il exècre tant.

Ce qu'il déclare moins, c'est que les universités américaines dépendent largement des frais de scolarité versés par les étudiants étrangers. Rien que l’an dernier, les 1,1 million d’étudiants en échange ont injecté plus de 43 milliards de dollars dans le système universitaire. Une manne, qui selon Trump, alimente les courants politiques progressistes.

«Beaucoup d’Américains, surtout conservateurs, en veulent aux universités d’élite comme Harvard», explique Louie Cielen, 26 ans, à Blick. Ce Winterthourois y a passé dix mois pour son mémoire de master en sciences pharmaceutiques. «Ces gens pensent qu'Harvard est remplie de riches et d’étrangers qui saignent la population dite «normale» – et qu’il faut donc les attaquer.» A bien y regarder, c’est exactement ce que le gouvernement Trump semble avoir lancé, au grand plaisir de sa base électorale, ouvertement d'extrême droite.

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Le traumatisme du jeune Donald

Trump se vante depuis toujours d’avoir été le meilleur de sa promotion à la Wharton Business School. Mais c'est entièrement faux. En 1968, il obtient son diplôme parmi 366 étudiants, mais ne figure pas sur la liste des 56 diplômés honorés pour leur excellence. Autrement dit, il n’a même pas intégré les 15% les plus brillants.

Et pourtant, il était toujours au premier rang, selon un ancien camarade cité dans le «Daily Pennsylvanian». Une blessure d’ego qui, selon certains, n’a jamais guéri. Dans l’univers de Trump, s’en prendre aux «premiers de la classe» de Harvard s’apparenterait donc à une revanche symbolique contre ceux qui l’éclipsaient sur les bancs de l’école. 

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Une phobie de la contestation

En avril, Harvard a refusé de transmettre à l’administration Trump des données sur ses étudiants étrangers. L’université a réaffirmé son indépendance, malgré les menaces politiques et le gel de ses subventions. Mais le président américain a très peur de la révolte. «My way or the highway» – «Suivez-moi ou prenez le large» – telle est sa devise. Contrairement à la Russie ou à la Chine, il ne peut ni museler ni interdire directement les critiques. Il agit donc par derrière: en coupant les vivres via l’interdiction des échanges.

Harvard a porté plainte contre la décision du ministère de la Sécurité intérieure. L’éléphant peut bien piétiner la tour d’ivoire, les bastions du savoir ne plient pas si facilement. Mieux! La résistance d'Harvard face au tumulte présidentiel suscite l’admiration de nombreux étudiants. Florian Beer, 27 ans, originaire de Wil (SG), vient de rendre son mémoire de master en sciences politiques. A quelques jours de la cérémonie de remise des diplômes, il confie à Blick: «Je suis très fier de la réaction d'Harvard!»

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