Pendant que Moscou s'amuse
Trump a encore gaffé, ses promesses font paniquer les Ukrainiens

Donald Trump veut livrer de nouveaux systèmes de défense antimissile à l'Ukraine et l'Europe devra payer. Ce qui semble être un bon accord met l'Ukraine en mauvaise posture. Moscou célèbre son ultimatum de 50 jours de Trump alors que Kiev se prépare à la terreur.
Publié: 15.07.2025 à 18:59 heures
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Donald Trump veut livrer de nouveaux systèmes de défense antimissile à l'Ukraine et l'Europe devra payer.
Photo: IMAGO/UPI Photo
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Samuel Schumacher

Donald Trump est passé maître de la fausse alerte diplomatique. Menacer à tout va pour ne pas sévir: le président américain sait y faire, comme lors de sa conférence de presse sur la «grande annonce sur la Russie» le soir du lundi 14 juillet.

Son délai de 50 jours imposé à Vladimir Poutine pour la paix avec l'Ukraine n'a plus rien à voir avec son message «Vladimir, STOP!» d'il y a quelques semaines. Après son discours, les dirigeants ukrainiens se sont empressés de remercier Trump pour les systèmes de défense antimissile Patriot. Mais la manœuvre de Trump pourrait bien avoir empiré les choses. Car si Moscou célèbre ouvertement son annonce des 50 jours de délai, en parallèle, le désespoir grandit à Kiev.

«50 jours pour détruire l'Ukraine»

En effet, cette annonce semble n'avoir fait ni chaud ni froid aux Russes. Dmitri Medvedev, l'ex-président russe et véritable chien de garde de Poutine, s'est moqué de cet «ultimatum théâtral» sur X. 

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Le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Ryabkov a déclaré que la Russie «ne se soucie pas» de cet ultimatum. Elle poursuivra «l'opération militaire spéciale jusqu'à ce que nous ayons atteint nos objectifs». Quant à l'influente chaîne russe Telegram «Digital Army of Russia», elle a ironisé: «Avons-nous bien compris, Trump: on nous donne 50 jours pour détruire l'Ukraine, et si nous échouons, il y aura des sanctions?» 

Que sont ces «17 patriotes»?

Autre signe révélateur: après l'annonce de Trump hier, la bourse russe a bondi de près de 2,5% – une vraie preuve de soulagement à Moscou et une grosse déception du côté de Kiev. Après les récents revirements rhétoriques de Trump sur la Russie, les partisans de l'Ukraine espéraient des mesures plus radicales. Par exemple, des armes offensives au lieu des «simples» systèmes de défense Patriot promis, ou même l'utilisation des quelque 300 milliards d'avoirs russes gelés dans les banques américaines pour armer l'Ukraine. 

Mais rien de tout ça. Bien sûr, le président Volodymyr Zelensky a salué la promesse des systèmes de défense américains, capables de protéger efficacement les grandes villes comme Kiev contre toutes sortes de missiles russes. Mais avec la promesse de Trump de livrer «17 Patriots», les Ukrainiens restent dans le flou. «17 quoi exactement? 17 systèmes complets? 17 lance-roquettes? 17 missiles?» s'interroge la chaîne militaire ukrainienne «Officier» sur Telegram. 

En effet, un système de défense Patriot comprend plusieurs composants différents: lanceurs de missiles, radars, centres de contrôle de tir, systèmes de commandement de combat, alimentations électriques et autres infrastructures. Il est peu probable que Trump soit en mesure de livrer rapidement à l'Ukraine 17 de ces systèmes de défense hautement complexes, qui coûtent environ deux milliards de dollars.

De plus, selon le magazine spécialisé Military Watch Magazine, il est aussi peu probable que ces armes puissent être en Ukraine «d'ici quelques jours», comme l'a annoncé Trump, car les Etats-Unis eux-mêmes manquent de stocks de Patriot. Aujourd'hui, les stocks de munitions aux Etats-Unis ne représentent qu'environ 25% des stocks nécessaires. Et à part l'Allemagne et la Norvège, aucun autre pays n'a encore donné son feu vert pour livrer ses propres Patriot à l'Ukraine et en commander de nouveaux aux Etats-Unis.

La loi du Sénat contre Poutine est morte

Pendant ce temps, la pluie de missiles russes se poursuit sans relâche en Ukraine. La cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, comprend encore moins le délai de 50 jours fixé par Trump. «C'est très long, sachant que les Russes tuent des Ukrainiens chaque jour», a-t-elle commenté. Le maire de Kiev, Vitali Klitschko, a demandé dans une interview à ARD: «Pourquoi ce délai? Encore plus de morts, encore plus de destructions.»

L'effet secondaire le plus grave de la décision de Trump, du point de vue ukrainien, est que le Sénat américain a temporairement suspendu un projet de loi anti-Poutine, rédigé par le républicain Lindsey Graham. Ce projet aurait permis des sanctions immédiates et sévères contre la Russie (y compris des droits de douane pouvant atteindre 500% sur tous les partenaires commerciaux russes), mais il a désormais été retiré de la liste des projets en attente à la suitr de la proposition de Trump des 50 jours de délai.

Nul ne sait encore comment évoluera la guerre dans 50 jours ni si Trump prend vraiment Poutine au sérieux. Mais une chose est sûre: l'Ukraine doit se préparer à un été de terreur comme elle n'en a jamais connu en trois ans et demi de guerre.

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