Peut-être la dernière grande bataille de cette guerre
Ce qui se cache derrière les attaques en essaim dans l'ouest de l'Ukraine

La terreur provoquée par les drones a pris une nouvelle ampleur cette semaine. La population civile et des villes de l'ouest de l'Ukraine jusqu'ici épargnées en sont les cibles. Toutefois, cette terreur serait l'expression d'un problème russe.
Publié: 12:09 heures
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Tactique perfide: les drones de combat russes transforment le quotidien de la population ukrainienne en cauchemar.
Photo: IMAGO/NurPhoto
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Samuel Schumacher

Des murs qui tremblent, des fenêtres qui explosent, un autre immeuble touché, une autre famille décimée. Pour de nombreuses villes ukrainiennes, les sept dernières nuits ont été un cauchemar sans fin: 1800 drones de combat, 1200 bombes et 83 missiles ont été tirés par les troupes de Vladimir Poutine sur Kiev, Odessa, Lviv et quelques petites villes de l'ouest de l'Ukraine. C'est un record de terreur dans cette guerre.

Depuis quelques jours, les Russes ont recours à une méthode particulièrement perfide pour rendre leurs essaims de drones tueurs encore plus meurtriers. Et pourtant: selon des experts, les récentes nuits de meurtres montrent que Moscou pourrait bientôt être à court de solutions militaires.

L'expert en guerre londonien Lawrence Friedman estime que les attaques massives de la Russie sur des cibles civiles sont «l'expression d'un désespoir stratégique»; Michael Kofman, expert en défense du groupe de réflexion américain Carnegie Endowment, les considère quant à lui comme des «actions de remplacement» pour l'absence de succès sur le front. Et Marcus Keupp, économiste militaire à l'Académie militaire de l'EPFZ, déclare à Blick: «Pour chaque char que Moscou produit, elle en perd un sur le front.» Au lieu de chars et d'équipements lourds, les Russes n'ont plus que les drones de combat, relativement bon marché.

Donald Trump s'implique dans la terreur des drones

La terreur de Poutine: un signe de faiblesse militaire? C'est possible. Mais les agresseurs russes se montrent cruels, même dans ce qui semble être une situation de crise pour eux. Cela a été illustré la semaine dernière par la traque d’un drone de combat russe visant le petit Dmytro, âgé d’un an, dans la banlieue de la ville ukrainienne de Kherson. L’enfant, qui jouait, a été littéralement exécuté par le pilote du drone – sur simple pression d’un bouton, à grande distance.

Selon le président Volodymyr Zelensky, l'Ukraine attend jusqu'à 1000 drones de combat par jour dans les semaines à venir. Lors des dernières attaques, environ 300 d'entre eux se sont jetés sur certaines villes. «L'armée russe utilise également à chaque fois des drones d'imitation spéciaux qui détournent et maîtrisent les défenses aériennes. C'est une terreur abominable», a déclaré Zelensky samedi lors de son allocution vidéo quotidienne.

Jusqu’à 1000 drones de combat par jour sont attendus en Ukraine dans les semaines à venir, selon le président Volodymyr Zelensky. Lors des dernières attaques, environ 300 d’entre eux se sont abattus simultanément sur certaines villes. «L’armée russe utilise chaque fois aussi des drones d’imitation spéciaux, qui distraient et submergent la défense aérienne. C’est un terrorisme abject», a déclaré Zelensky samedi lors de son allocution vidéo quotidienne.

Une amélioration dans la lutte contre ce terrorisme est en vue – l’équipe de la plateforme d’information ukrainienne Kyiv Independent a documenté dans un reportage vidéo cette semaine à quoi ressemblent les nuits de drones dans la capitale. Le président américain Donald Trump s’est engagé à vendre d’autres systèmes de défense antiaérienne Patriot à l’OTAN, que l’alliance pourra ensuite transférer à l’Ukraine.

2000 francs de salaire mensuel pour les chasseurs de drones ukrainiens

Désormais, des légions de volontaires viennent également prêter main-forte: le ministère ukrainien de la Défense les recrute pour chasser les drones, moyennant un salaire équivalent à environ 2000 francs suisses par mois. Condition requise: les chasseuses et chasseurs de drones doivent avoir au moins 18 ans et s’engager pour une durée initiale de trois ans. 

Selon Klemens Fischer, la guerre ne durera toutefois pas si longtemps. «L'offensive d'été lancée par les Russes est peut-être la dernière grande bataille de cette guerre. Si Poutine ne parvient pas à percer, il devra envisager des négociations au plus tard à l'automne», déclare à Blick le professeur en relations internationales et géopolitique à l'université de Cologne. 

Pour l'Ukraine, ce sera de toute façon douloureux. En cas de négociations, elle devrait céder des territoires, du moins temporairement, explique Klemens Fischer. «Par ailleurs, Kiev devrait accepter la levée des sanctions russes et renoncer à son rêve d'OTAN.» Mais la terreur provoquée par les drones et les missiles, dont souffre majoritairement la population civile innocente, prendrait fin – provisoirement.

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