Il a tout bouleversé
Ces dix dates ont transformé 2025 en super année pour Trump

Une année de folie «Made in Trump»! 2025 portera à jamais la marque du 47e président des Etats-Unis. A-til réussi à tout changer? Non. Mais a-t-il transformé notre quotidien? Oui. Le récit en dix dates.
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Le 2 avril 2025, le monde subit l'un des plus grands chocs douaniers de son histoire avec l'annonce des nouveaux tarifs américains
Photo: AP
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Richard WerlyJournaliste Blick

Il n’a pas encore achevé la première année de son second mandat présidentiel. Mais avant même le 20 janvier 2026, date du premier anniversaire de son investiture à Washington, Donald Trump a transformé le monde dans lequel nous vivons. Et pas seulement en terminant huit guerres, comme il le proclame sans cesse.

Sa méthode brutale, sa volonté d’obtenir partout des résultats rapides profitables aux Etats-Unis et son langage souvent plus financier que diplomatique ont fait sauter de nombreuses barrières. Récit de ce cataclysme géopolitique en dix dates qui ont façonné 2025.

20 janvier: A l’assaut du Groenland (et du Canada)

Il l’a dit dès son premier discours présidentiel. Donald J. Trump veut redonner sa grandeur à l’Amérique en prenant le contrôle de deux riches territoires désormais officiellement convoités: le Groenland, riche en terres rares, et le Canada, riche en pétrole. En réponse, les Canadiens portent au pouvoir, le 25 avril, le Premier ministre Mark Carney, résolument hostile à tout rattachement aux Etats-Unis.

Un mois avant, le 11 mars, les Groenlandais ont aussi voté, réaffirmant leur volonté de demeurer souverains, pour l’heure sous la tutelle du Danemark. Mais Trump ne cille pas. Le 22 décembre 2025, le locataire de la Maison Blanche a nommé le gouverneur de Louisiane, Jeff Landry, comme envoyé spécial pour le territoire nordique, avec pour objectif d’«intégrer le Groenland aux Etats-Unis». Un coup de force américain dans l’Arctique ne peut plus être exclu.

Le 19 janvier 2025, Donald Trump fète son investiture à Washington, aux côtés d'Elon Musk.
Photo: AFP

28 février: Zelensky, l’implacable divorce

Impossible de ne pas se souvenir de ces images. Elles resteront comme celles d’un implacable divorce entre les Etats-Unis et l’Ukraine en guerre, mais aussi comme la preuve que les Européens ne comptent plus. Dans le bureau ovale, Volodymyr Zelensky voit sa rencontre avec le chef de la première puissance mondiale, supposé être son protecteur, se transformer en procès de téléréalité. Zelensky est accusé d’insulter Trump parce qu’il ne porte pas de cravate. L’ambassadrice d’Ukraine est en larmes.

Depuis, rien ne va plus entre Washington et Kiev, même si le fil n’est pas rompu. Zelensky sait qu’il va devoir céder, comme il l’a fait en signant une lettre d’intention sur les terres rares, en mai 2025. Trump ne tolère pas que l’Ukraine, ce «petit pays», se mette en travers de son «deal» avec le géant russe. Il le répète sans cesse: l’Ukraine, malgré son héroïque résistance, «n’a pas les cartes en main».

28 février 2025: Volodymyr Zelensky tombe dans une embuscade dans le Bureau ovale.
Photo: AFP

11 avril: Etranglez Xi Jinping!

Le 2 avril, Donald Trump a sidéré le monde entier avec ses annonces ahurissantes de tarifs douaniers lors du «Jour de la libération». Mais c’est le 11 avril qu’il déclenche les véritables hostilités commerciales avec la Chine de Xi Jinping. Ce jour-là, l’ancien promoteur immobilier new-yorkais menace de taxer les produits chinois jusqu’à 150%!

Seulement voilà: Pékin réplique et les négociations s’engagent. Elles ne sont d’ailleurs pas encore complètement terminées en cette fin d’année, même si les présidents américain et chinois ont promis, lors de leur rencontre en Corée du Sud en novembre 2025, de calmer le jeu. Trump peut-il étrangler économiquement Xi Jinping? En décembre 2025, l’administration américaine a en tout cas fait un geste significatif pour la sécurité de Taïwan en autorisant l’achat, par ce territoire revendiqué par Pékin, de 11 milliards de dollars d’armes et d’équipements militaires. L’épreuve de force continue dans le Pacifique.

Le 11 avril 2025, Trump promet de frapper la Chine avec prés de 150% de droits de douane.
Photo: IMAGO/BONNIE CASH

25 avril: Tant pis pour le climat (et pour le reste)

Trump ne croit pas au réchauffement climatique. Rien de nouveau. Sauf que cette fois, le retrait de son administration des négociations sur le climat est total. Dès le 21 janvier, au lendemain de son investiture, le 47e président des Etats-Unis a retiré son pays de l’accord de Paris sur le climat, signé en 2015.

Deuxième étape le 25 avril: le bureau fédéral pour le climat est purement et simplement supprimé, comme d’autres administrations tombées sous le couperet du DOGE, le Département de l’efficacité gouvernementale, alors dirigé par le milliardaire Elon Musk. Derrière le climat, la cible est le multilatéralisme. La politique américaine sera maintenant, dans les enceintes internationales, celle de la chaise vide.

25 avril 2025: les Etats-Unis se retirent de toute les négociations sur le climat.
Photo: IMAGO/ZUMA Press Wire

24 juin: «Papa» engueule l’OTAN

Le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, croyait sans doute bien faire. Dans ses SMS adressés à Trump avant sa venue au sommet de l’OTAN à La Haye, aux Pays-Bas, l’ancien Premier ministre néerlandais le nomme «Papa». Mais Papa n’entend plus épauler ses «enfants». Pour lui, l’Alliance atlantique doit d’abord rapporter des contrats militaires. Ses 31 pays membres, aux côtés des Etats-Unis, se retrouvent obligés, les uns après les autres, d’afficher leur augmentation du budget de la Défense pour satisfaire «Papa».

La plupart signent pour au moins 3% du PIB. Seule l’Espagne rechigne. Quelques mois plus tard, en novembre, le couperet tombe: dans sa première version du plan de paix américain sur l’Ukraine – toujours discuté en cette fin d’année – les Etats-Unis se présentent comme médiateurs, dissociés de l’OTAN qu’ils ont pourtant créée en 1949. Qui peut encore croire au bouclier américain pour le Vieux Continent?

24 juin 2025: Au sommet de l'OTAN, Trump exige des alliés qu'ils paient cash.
Photo: AFP

28 juillet: Larmes européennes, déconfiture suisse

Le choix du lieu dit tout. Ce 28 juillet, Ursula von der Leyen se déplace sur le golf privé de Trump en Ecosse, à Turnberry, pour conclure l’accord commercial négocié entre les Etats-Unis et l’Union européenne. L’UE a réussi à faire tomber les futurs droits de douane américains à 15%. Mais comment ne pas voir dans cette visite une humiliation?

Trois jours plus tard, le 1er août, jour de fête nationale helvétique, la Suisse se voit massacrée par 39% de taxes! Berne est assommée. Au final, après une visite de grands patrons suisses dans le bureau ovale – et quelques cadeaux, dont un lingot d’or dédicacé – les produits helvétiques seront taxés à 15%, comme leurs homologues européens. Soulagement? Non. Une défaite, tout simplement.

28 juillet 2025: sur son golf de Turnberry, Trump impose sa loi douanière à l'Union européenne.
Photo: keystone-sda.ch

15 août: Poutine, bal raté à Anchorage

Il devait céder. Tout était prêt. L’heure du «deal» était venue. Le décor avait été soigné. Lorsque Donald Trump tend la main à Vladimir Poutine, sur le tarmac de l’aéroport de la base aérienne Elmendorf-Richardson en Alaska (ancien territoire russe vendu aux Etats-Unis en 1867), quatre chasseurs américains F-35 encadrent les deux présidents. La puissance des Etats-Unis semble à son apogée. Problème: trois heures plus tard, Trump abrège la conférence de presse finale. Poutine n’a rien cédé sur l’Ukraine. Au contraire: il réitère ses exigences. Le bal d’Anchorage est sacrément raté. L'année 2025 se terminera-t-elle néanmoins par une trève, après les pourparlers de Miami cette fin décembre, et l'annonce d'un nouveau plan de paix américain en vingt points par Volodymyr Zelensky?

15 août 2025: C'est fait, la rencontre Trump-Poutine a lieu à Anchorage (Alaska).
Photo: AFP

9 octobre: Gaza, le «deal» de Steve

Steve Witkoff est le nouveau Kissinger. Comparer l’expert en relations internationales, qui fut conseiller à la sécurité nationale puis chef de la diplomatie sous Richard Nixon, à l’avocat et promoteur immobilier new-yorkais peut faire sourire. Ou pleurer. Mais telle est pourtant la réalité. Dans le monde géopolitique de Trump, l’avis de Steve prévaut, surtout s’il est accompagné de Jared Kushner, mari d’Ivanka Trump, la fille aînée du président. Le bâton de maréchal pacificateur des deux hommes est le cessez-le-feu à Gaza, obtenu le 9 octobre.

Le plan de paix proposé énonce, avant tout, les conditions posées par Israël après des mois de siège tragique de l’enclave, mais les grands pays arabes acquiescent. A commencer par l’Arabie saoudite, qui a promis d’investir mille milliards de dollars aux Etats-Unis, dans l’intelligence artificielle.

9 octobre 2025: le cessez-le-feu à Gaza consacre le rôle d'émissaire pour la paix de Steve Witkoff.
Photo: Getty Images

5 décembre: Europe trumpiste, mode d’emploi

«La Stratégie de sécurité nationale des Etats-Unis d’Amérique est désormais publique. Assise sur un projet impérial, elle vise explicitement le changement de régime: 'cultiver, au sein des nations européennes, la résistance à la trajectoire actuelle de l’Europe.'» Ce résumé de la revue «Le Grand Continent» donne une idée juste des objectifs défendus dans le document stratégique de l’administration Trump, publié le 5 décembre.

Attention: seulement huit pages sont consacrées à l’Europe. Mais quelles pages! L’année 2025 se termine sur un mode d’emploi prêt à être utilisé par les partis national-populistes proches du mouvement MAGA (Make America Great Again). La boucle est bouclée. Le 14 février, à la conférence sur la sécurité de Munich, en pleine campagne pour les élections législatives allemandes, le vice-président J.D. Vance avait dénoncé «l’abandon de leurs valeurs» par les alliés européens des Etats-Unis. Washington veut aller plus loin. Il s’agit de remettre l’Europe – et nous, les Européens – sur les rails du trumpisme. Dernière preuve: la décision d'interdire l'ancien Commissaire européen Thierry Breton du territoire des Etats-Unis, pour son opposition aux géants de la tech «Made in USA».

5 décembre 2025: la nouvelle stratégie américaine envers l'Europe reflète la pensée de l'iéologue MAGA Steve Bannon (à droite).
Photo: AFP

17 décembre: Blocus sur Caracas

Trois tankers arraisonnés en haute mer par les forces spéciales américaines. A l’heure d’écrire ces lignes, le blocus total du Venezuela décrété par Donald Trump le 17 décembre commence à se mettre en place. Il s’agit, ni plus ni moins, de créer les conditions pour un changement de régime dans ce pays, qui possède les premières réserves mondiales de pétrole. Jusqu’où ira Donald Trump, qui a déjà autorisé la CIA à mener des actions clandestines et létales?

Ironie du sort, la lauréate du prix Nobel de la paix 2025, que Trump espérait décrocher, est l’opposante vénézuélienne en chef, María Corina Machado. Celle-ci a d’ailleurs dédié sa récompense au président des États-Unis. L’année 2025 n’aura pas été celle de la paix en Ukraine, que Trump avait promis de faire en «24 heures». Vis-à-vis du Venezuela, la tactique n’a rien de pacifique. Il s’agit de restaurer l’hégémonie des Etats-Unis sur le continent américain. La fameuse doctrine «Monroe» est rebaptisée «Donroe» (pour Donald, évidemment!)

17 décembre 2025: Un tanker rempli de pétrole vénézuelien est arraisonné par les forces spéciales américaines.
Photo: AFP
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