La réalité est tout autre
L'illusion de Trump d'avoir mis fin à huit guerres cette année

Donald Trump pense avoir mis fin à huit guerres, mais le bilan réel est mitigé. Entre autres, le conflit en Ukraine persiste malgré les efforts américains pour une solution négociée.
Donald Trump pense avoir mis fin à huit guerres, mais la réalité est tout autre.
Photo: keystone-sda.ch
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AFP Agence France-Presse

Donald Trump a-t-il mis fin à huit guerres depuis son arrivée au pouvoir en janvier, comme il le revendique? Dans les faits, le bilan des efforts de médiation du président américain, qui ne cache pas son désir de recevoir un jour le prix Nobel de la paix, est nettement plus mitigé.

Et le conflit en Ukraine, que le milliardaire avait espéré faire cesser «en une journée», continue de faire rage malgré les efforts de Washington pour parvenir à une solution négociée.

République démocratique du Congo et Rwanda

Qualifié de «miracle» par Donald Trump, l'accord signé à Washington le 4 décembre n'a eu aucun effet dans l'est de la RDC, région frontalière du Rwanda riche en ressources naturelles et en proie à des conflits depuis plus de 30 ans.

Mardi, le groupe armé M23, qui combat l'armée congolaise avec le soutien de 6000 à 7000 soldats rwandais selon des experts de l'ONU, a pénétré dans la ville stratégique d'Uvira. Une «gifle» à Washington, selon le Burundi voisin, dont la capitale économique Bujumbura est située à 20 kilomètres d'Uvira.

Cambodge et Thaïlande

Donald Trump s'est présenté en grand artisan de l'"accord historique» signé le 26 octobre entre les deux pays d'Asie du Sud-Est, qui s'opposent de longue date sur le tracé de certaines parties de leur frontière, longue de 800 kilomètres et datant de la colonisation française.

En juillet, le président américain avait déjà œuvré – avec la Chine et la Malaisie – à un cessez-le-feu, après cinq jours de combats qui avaient fait au moins 43 morts et provoqué l'évacuation de plus de 300'000 civils. Mais l'accord d'octobre n'aura tenu que deux semaines. Le 10 novembre, la Thaïlande l'a suspendu après l'explosion d'une mine terrestre près de la frontière.

Dimanche, de nouveaux combats ont éclaté dans des régions frontalières, faisant au moins 19 morts (10 civils cambodgiens et neuf soldats thaïlandais), selon des bilans officiels. Les affrontements sont «plus intenses cette fois qu'en juillet», a assuré à l'AFP Lay Non, un habitant ayant fui un village cambodgien. Plus de 500'000 personnes ont été contraintes d'évacuer les zones de combats.

Israël et Hamas

C'est la grande réussite de Donald Trump: un cessez-le-feu – néanmoins très fragile – mettant fin à la guerre dévastatrice à Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 contre Israël.

Fruit de fortes pressions américaines, avec également la médiation du Qatar et de l'Égypte, cette trêve, entrée en vigueur le 10 octobre, a permis un retrait partiel des troupes israéliennes de la bande de Gaza et des échanges d'otages israéliens contre des détenus palestiniens emprisonnés par Israël. Mais des violences continuent à secouer le territoire palestinien, avec notamment la mort de plus de 370 Palestiniens dans des frappes israéliennes, ainsi que de trois soldats israéliens.

Il ne reste depuis mercredi plus qu'un seul corps d'otage israélien à Gaza. Sa restitution par le Hamas est exigée par le gouvernement israélien pour entamer la deuxième phase du plan, destinée à consolider le cessez-le-feu. Le Hamas, lui, estime que la deuxième étape «ne peut pas commencer» tant qu'Israël «poursuit ses violations de l'accord», a affirmé mardi à l'AFP un membre de son bureau politique, Hossam Badran.

Israël et Iran

Israël a lancé le 13 juin une attaque sans précédent contre l'Iran, avec l'objectif déclaré d'empêcher son ennemi juré de se doter de la bombe atomique. Les États-Unis se sont joints à cette offensive en bombardant trois sites nucléaires iraniens dans la nuit du 21 au 22 juin. Après 12 jours de guerre, le président américain a annoncé un «cessez-le-feu total» entre les deux pays.

La solidité de cette trêve reste cependant incertaine, le programme nucléaire iranien continuant d'empoisonner les relations de Téhéran avec les pays occidentaux. Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, assure que son pays ne cédera pas sur la question de l'enrichissement d'uranium.

Pakistan et Inde

Les deux puissances nucléaires se sont affrontées en mai durant quatre jours dans leur conflit le plus sanglant depuis des décennies, avec plus de 70 morts dans les deux camps. A la surprise générale, Donald Trump a annoncé un cessez-le-feu entre les deux pays voisins.

Si le Pakistan s'est dit reconnaissant envers les États-Unis d'avoir facilité ce résultat, l'Inde a assuré avoir directement négocié avec Islamabad. Selon le Premier ministre indien Narendra Modi, aucun dirigeant étranger n'a demandé à New Delhi de mettre fin aux hostilités.

Egypte et Ethiopie

Les deux pays ne sont pas en guerre mais les tensions sont vives autour d'un mégabarrage construit sur le Nil par l'Ethiopie, que l'Égypte – dont l'approvisionnement en eau dépend à 97% du fleuve – considère comme une «menace existentielle».

L'ouvrage a été inauguré le 9 septembre, sans que Donald Trump n'apparaisse avoir joué un rôle notable pour apaiser les tensions. Cette semaine, le ministre égyptien des Affaires étrangères Badr Abdelatty a affirmé que les discussions avec l'Éthiopie étaient dans «une impasse totale».

Arménie et Azerbaïdjan

Les dirigeants des deux pays du Caucase, qui se sont livré deux guerres au sujet de la région contestée du Karabakh, repris par Bakou aux forces arméniennes en 2023, ont paraphé en août, à la Maison-Blanche, un projet d'accord de paix mettant fin à des décennies de conflit. Mais pour l'heure, la signature de l'accord demeure incertaine, en raison d'une série de préconditions embarrassantes posées par Bakou.

Serbie et Kosovo

Belgrade et Pristina ont signé en 2020, durant le premier mandat de Donald Trump, un accord de normalisation économique, en présence du dirigeant américain. Mais il ne s'agit pas d'un accord de paix, et le différend politique reste profond entre ces deux pays des Balkans.

La Serbie n'a jamais reconnu l'indépendance proclamée en 2008 par son ancienne province, où les tensions entre Kosovars d'origine albanaise et membres de la minorité serbe ne sont jamais réellement retombées. Depuis la guerre d'indépendance (1998-1999) du Kosovo, des forces internationales de maintien de la paix y sont présentes. Et les tentatives de dialogue entre Serbie et Kosovo échouent régulièrement.

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