De violents combats ont eu lieu dimanche dans le centre de Gaza-Ville avec des tirs de chars israéliens répondant à ceux des lance-roquettes des combattants palestiniens, et les frappes aériennes se sont intensifiées en soirée. Un journaliste de l'AFP sur place a entendu une succession des bombardements aériens rapprochés et vu des colonnes de fumée s'élever au-dessus du camp de réfugiés de Jabaliya.
Selon le ministère de la Santé du Hamas, 41 membres d'une même famille sont morts dans une frappe israélienne sur leur maison à Jabaliya. L'agence palestinienne Wafa a fait état d'une frappe dans la nuit sur l'hôpital indonésien, au nord de Gaza-ville, alors que le Hamas faisait état de bombardements par des tanks israéliens.
L'armée israélienne a affirmé continuer «à étendre ses opérations dans de nouveaux quartiers de la bande de Gaza», notamment dans le secteur de Jabaliya. Cinq soldats ont été tués, portant à 64 le nombre de militaires tués à Gaza depuis le début de la guerre, a précisé l'armée.
Un tunnel à al-Chifa
Au cours des derniers jours, la tension s'est concentrée sur l'hôpital al-Chifa, le plus grand de la bande de Gaza, désormais sous le contrôle de l'armée israélienne qui a dit avoir découvert un tunnel long de 55 mètres et creusé à 10 mètres de profondeur contenant des «lance-grenades, des explosifs et des Kalachnikov».
L'armée israélienne a diffusé dimanche soir des images présentées comme venant des caméras de surveillance de l'hôpital al-Chifa de Gaza et montrant selon elle des otages enlevés le 7 octobre, jour de l'attaque sanglante du Hamas sur le sol israélien.
Elle est revenue sur le sort de la caporale Noa Marciano, 19 ans, dont la dépouille a été retrouvée la semaine dernière. Selon l'armée, Noa Marciano a été «transportée vivante» à Gaza et était détenue près de l'hôpital al-Chifa. Or, lors de combats son ravisseur «a été tué et Noa blessée», a indiqué dimanche soir le porte-parole de l'armée, Daniel Hagari.
«Selon un rapport d'autopsie indépendant, les blessures de Noa ne menaçaient pas sa vie (...) mais selon les renseignements que nous avons en notre possession, des renseignements concrets: des terroristes du Hamas l'ont transportée à l'hôpital al-Chifa et l'ont rapidement assassinée», a-t-il ajouté.
Bébés évacués
Plus de 30 bébés prématurés ont été évacués dimanche de l'hôpital al-Chifa vers Rafah (sud de Gaza), pour recevoir «des soins urgents dans l'unité de soins intensifs néonatals», a indiqué le patron de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus.
«Ces bébés ont beaucoup souffert» et ont subi des «séquelles importantes», a expliqué à la presse le directeur général des hôpitaux de la bande de Gaza, Mohammed Zaqout, indiquant que huit bébés étaient morts par manque de soins avant leur transfert dont deux dimanche matin.
Samedi, le chef de l'OMS avait décrit l'hôpital al-Chifa comme une «zone de mort» où la situation était «désespérée» en raison du manque d'eau, d'électricité, de médicaments, de nourriture et de matériel médical. L'organisation onusienne prépare l'évacuation vers d'autres hôpitaux de Gaza des 291 patients restants, incapables de se déplacer sans assistance médicale.
La guerre a été déclenchée par l'attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas, le 7 octobre, d'une ampleur inédite dans l'histoire du pays. Selon les autorités, 1200 personnes ont été tuées ce jour-là, en grande majorité des civils.
En représailles, Israël a juré d'«anéantir» le Hamas, son armée pilonnant sans relâche le petit territoire. Mais l'ampleur des destructions et le bilan des victimes suscitent les réprobations d'une partie de la communauté internationale. Au total, 13'000 personnes ont été tuées dans les bombardements israéliens depuis le 7 octobre, dont plus de 5500 enfants, selon le mouvement islamiste.
«Événements horribles»
L'ONU considère que plus des deux tiers des 2,4 millions de Gazaouis ont été déplacés par la guerre dans le territoire soumis depuis le 9 octobre à un «siège complet» par Israël, qui bloque les livraisons de nourriture, d'eau, d'électricité et de médicaments.
Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk, a condamné dimanche les «événements horribles» ce week-end à Gaza, estimant que certaines actions de l'armée israélienne comme la frappe sur l'école de Jabaliya pourraient constituer des «crimes de guerre». Dimanche soir, Médecins sans frontières (MSF) a indiqué que 122 patients sont arrivés en «quelques minutes» à l'hôpital Nasser de Khan Younès (sud de Gaza) après une frappe israélienne à environ un kilomètre de ce complexe où l'ONG est déployée.
Le président français Emmanuel Macron a interpellé le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu sur les «trop nombreuses pertes civiles» à Gaza, lui rappelant la «nécessité absolue de distinguer les terroristes de la population», selon l'Elysée. «Une catastrophe humanitaire se déroule à Gaza», a déclaré le chef de la diplomatie chinoise Wang Yi qui accueille notamment lundi les ministres des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne, de l'Indonésie, de l'Égypte, de l'Arabie saoudite et de la Jordanie.
Négociations pour la libération des otages
En parallèle du 45e jour, lundi, de la guerre Israël/Hamas, les négociations avancent sur la libération d'otages parmi les 240 personnes enlevées et ramenées à Gaza le 7 octobre. Dimanche, le Qatar, qui mène une médiation, a affirmé qu'il ne restait que des obstacles «très mineurs», notamment «logistiques» et «pratiques» en vue d'un accord, sans fournir de calendrier.
L'adjoint au conseiller à la sécurité nationale du président américain Joe Biden, Jon Finer, a estimé sur NBC que l'accord était «plus proche que jamais» et incluait la libération de «plusieurs dizaines» d'otages contre une «période prolongée de pause, plusieurs jours» dans les combats.
En Israël, la pression s'accentue sur le gouvernement, qui refuse jusqu'ici tout cessez-le-feu sans libération des otages. Leurs proches vont rencontrer lundi soir «l'ensemble du cabinet de guerre» israélien. A Londres, un rassemblement s'est tenu pour demander la libération des otages, dont celle d'Emily, une fillette qui a célébré vendredi son 9e anniversaire en captivité. «Elle n'a que 9 ans, sa place est à la maison avec nous», a lancé sur place son père, Thomas Hand.
(ATS)