Les secrets de sa puissance
L'Iran est pris au piège: l'armée israélienne est imbattable

Des services de renseignements qui connaissent tout du régime de Téhéran et de ses capacités nucléaires. Une aviation qui a pris le contrôle du ciel iranien. Comment en est-on arrivé là?
Publié: 13:28 heures
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Dernière mise à jour: 17:11 heures
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Tous les citoyens israéliens doivent effectuer un service militaire à partir de l’âge de 18 ans: deux ans et huit mois pour les hommes, deux ans pour les femmes.
Photo: keystone-sda.ch
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Richard WerlyJournaliste Blick

Une délégation de haut niveau de l’armée de l’air israélienne était attendue à Paris ce lundi 16 juin pour l’ouverture du salon de l’aéronautique du Bourget. Leur objectif? Venir présenter leurs dernières prouesses technologiques, et se faire une idée plus juste de l’avion de chasse européen du futur, dont la France, l’Allemagne et l’Espagne assurent le pilotage. La guerre aérienne déclenchée par l’Etat hébreu contre l’Iran dans la nuit du jeudi 12 au vendredi 13 juin a bien sûr changé tous ces plans. Le stand israélien, en raison des protestations de nombreux pays présents au Bourget contre les massacres à Gaza et contre cette offensive aérienne, est désormais menaçé de fermeture.

La première leçon du conflit est en tout cas que l’assaut contre les installations nucléaires iraniennes, doublées de frappes ciblées sur Téhéran contre les postes de commandement de l’armée, prouve une fois encore la supériorité israélienne. Ce très petit pays de dix millions d’habitants, soutenu à bout de bras par les Etats-Unis, est un arsenal. Son armée semble imbattable. En voici 5 preuves incontestables.

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Israël, champion technologique

L’atout maître de l’armée israélienne dans cette guerre aérienne contre l’Iran (après celle menée avec succès contre le Hezbollah, la milice chiite libanaise à la solde de Téhéran) est la technologie. Deux exemples prouvent sa supériorité sur les forces armées du Moyen-Orient. Le premier est son «dôme de fer», rideau protecteur de batteries antimissiles, dont le coût annuel est évalué à six milliards de dollars, dont trois financés par les Etats-Unis. Ce «dôme» en action face aux missiles iraniens revendique une efficacité de 95% pour protéger les zones habitées des engins à courte et moyenne portée (jusqu’à 70 km). Le deuxième exemple est la maîtrise israélienne dans des domaines tels que la cyberguerre et les drones. Ces capacités cyber sont aux mains de l’unité 8200 de Tsahal (l’armée israélienne). Dotée de plusieurs milliers d’hommes, celle-ci est presque inégalée en matière de déchiffrement, de cyberopérations, d’espionnage électronique et de hacking.

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Israël, as du renseignement

Les deux services de renseignements israéliens, le Mossad et le Shin Beth (sécurité intérieure) ont une histoire de succès sans comparaison dans le monde. Dans le cas de l’Iran, une attaque a démontré l’infinie supériorité du renseignement israélien: la frappe qui a tué, le 31 juillet 2024, le chef international du Hamas Ismaël Haniyeh, alors qu’il séjournait dans une maison d’hôtes du régime islamique à Téhéran. Depuis le début des frappes israéliennes, le jeudi 12, une vingtaine de généraux et de scientifiques iraniens ont aussi été ciblés et éliminés. Il serait bien sûr impossible pour Israël d’avoir une telle domination en matière d’espionnage sans le soutien constant des satellites américains, et sans l’appui de la NSA, la National Security Agency qui scrute en permanence les réseaux de communication mondiaux. Attention toutefois: les maîtres espions israéliens ont une très lourde défaite à leur actif: l’assaut terroriste du Hamas le 7 octobre 2023. Beaucoup, dans l’Etat hébreu, se demandent encore: comment cela a-t-il été possible?

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Israël, maître du ciel

Une base résume la puissance aérienne israélienne, qui permet à Benjamin Netanyahu de tenir à distance tous ses ennemis potentiels dans la région, et d’espérer mettre à genoux l’Iran: celle de Nevatim dans le sud de l’Etat hébreu. Elle abrite les trois escadrons de chasseurs F-35 de l’armée israélienne: le 116e «Lions Of The South», le 117e «First Jet» et le 140e «Golden Eagle». Des F-35? Oui, car Israël a reçu les premiers exemplaires de cet avion acquis par la Suisse en 2021 dès 2016. Le pays en a une cinquantaine, dont trois auraient été abattus depuis le début de la guerre contre l’Iran. A noter: la maîtrise du ciel iranien par les F35 et les F16 israéliens n’est pas une surprise. En 2018, Israël avait envoyé trois F-35 au-dessus de Téhéran, revenus sans dommages. Le plus grand fait d’armes de l’aviation israélienne est la destruction quasi totale de l’armée de l’air égyptienne le 10 juin 1967, lors du déclenchement de la guerre des six jours.

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Israël, puissance nucléaire

«Israël est le seul Etat du Moyen-Orient à disposer d’un arsenal de près d’une centaine d’armes nucléaires»: ce rappel, ce lundi 16 juin, de la campagne internationale pour l’élimination des armes atomiques est en dessous de la réalité. L’Etat hébreu posséderait en réalité plusieurs centaines d’ogives, qui peuvent être montées sur des avions ou sur les missiles à longue portée Jéricho. Point important: ce ne sont pas les Etats-Unis qui l’ont aidé à acquérir la puissance atomique, mais la France. Dès les années 1950, Paris envoie plusieurs centaines de techniciens, livre un réacteur nucléaire de 24 mégawatts et entame les travaux en 1958. Neuf ans plus tard, en 1967, Israël a la bombe. Aucun autre pays de la région ne dispose de la dissuasion. Le Pakistan et l’Inde disposeraient d’un arsenal similaire à Israël, alors que sa superficie est minuscule comparée à ces deux géants: 22'000 km2, soit la moitié de la Suisse.

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Israël, une nation en armes

Tous les citoyens israéliens doivent effectuer un service militaire à partir de l’âge de 18 ans: deux ans et huit mois pour les hommes, deux ans pour les femmes. Résultat: une armée de terre de 178'000 soldats, plus 460'000 réservistes. Presque un dixième de la population est prêt à combattre. Impossible toutefois de mener des opérations sans le soutien américain. Ce sont les Etats-Unis qui livrent les missiles, bombes et obus, en particulier les projectiles destinés à détruire les bunkers à des dizaines de mètres de profondeur, comme cela fut le cas le 27 septembre 2024, lors des bombardements à Beyrouth sud qui tuèrent le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah. La dernière vente d’armes américaines à Israël, en février, s’est élevée à sept milliards de dollars. Israël consacre 8% de son Produit intérieur brut annuel au budget de la défense, en seconde position derrière les Etats-Unis.

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