Sommet de la paix
Les 39% vont pousser Trump à venir en Suisse avec Poutine

Le président des Etats-Unis sait-il où la Suisse se trouve sur la carte du monde? Il croit, en tout cas, que les 39% de tarifs douaniers ont ébranlé le pays et l'ont rendu plus soumis encore aux diktats américains. Bonne raison pour y venir avec Poutine et Zelensky.
Publié: 17:07 heures
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Dernière mise à jour: 17:09 heures
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Donald Trump peut vouloir rééditer l'entrevue Biden-Poutine à Genève le 16 juin 2021.
Photo: Anadolu via Getty Images
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Richard WerlyJournaliste Blick

La Suisse est dans le radar dans Donald Trump. Ces derniers jours, personne ne s’en réjouissait à Berne, le coup de massue des 39% de tarifs douaniers imposés aux produits helvétiques sur le marché américain a du mal à passer. Or voici qu’une occasion se présente, peut-être, de partir sur de nouvelles bases. «Imaginez un sommet Poutine-Zelensky-Trump à Genève dans les prochaines semaines confesse un ancien diplomate suisse. Ce serait la photo parfaite dont rêve Donald Trump pour ce prix Nobel de la Paix qu’il convoite. Alors oui, Genève a une bonne chance».


Donald Trump sait aussi que Genève est riche en symboles pour son administration. C’est ici, sur les bords du Léman au mois de mai 2025, que les premiers contacts ont eu lieu entre négociateurs américains et chinois sur leur bataille des tarifs, qui n’est d’ailleurs pas encore achevée. C’est ici, également, qu’est installée l’Organisation mondiale du commerce et l’Organisation mondiale de la santé, dont il se fiche éperdument.

Capitale de l’ONU

C’est à Genève, enfin, qu’est installé le second quartier général des Nations unies, une organisation à laquelle il n’attache guère d’importance. Alors, pourquoi Genève? Parce qu’y venir avec Zelensky et Poutine serait un formidable pied de nez à ses détracteurs. Lui, Trump, présenté comme le destructeur de la Genève internationale, renverserait à nouveau la table. Vieille recette trumpiste: plus vous m’ignorez, plus vous me méprisez, plus je m’accroche.


Et les 39% là-dedans? La réponse est simple: Donald Trump a compris que la Suisse, tellement pressée d’abaisser cette addition douanière, est prête à lui dérouler tous les tapis rouges. Voilà un pays riche et prospère qui, une fois giflé, tend l’autre joue et lui confirme la commande de 36 avions F35. Or Trump reste un homme d’affaires. Il sent que les bords du lac lui sont favorables. S’il vient à Genève et qu’il promet à l’occasion un échange avec le gouvernement suisse en vue de réduire cette facture commerciale, tout le monde sera à ses pieds. Ce qu’il adore.

Le choix du Secret Service

Deux autres éléments plaident pour le choix de Genève, aux yeux de l’administration américaine.

Le premier est que le Secret Service, chargé de la protection rapprochée du président, connaît parfaitement les lieux compte tenu de la visite récente de Joe Biden. Cela ne veut pas dire que Poutine et Zelensky se retrouveraient eux aussi à la villa La Grange, devant les superbes rayonnages de sa bibliothèque. Cela signifie juste que ce lieu convient bien à l’improvisation permanente de Donald Trump. D’autant que la Suisse a officiellement ouvert la voie à un possible sommet en annonçant son intention d’accorder l’immunité à Vladimir Poutine, limité dans ses mouvements par les poursuites de la Cour Pénale internationale.


Deuxième élément: Trump aime les lieux fréquentés par les plus riches, et il aime jouer au golf. Or il connaît le golf d’Evian, cette ville française où se déroulera à nouveau le prochain sommet des pays du G7, du 14 au 16 juin 2026. Choisir Genève serait en revanche plus compliqué pour Poutine, qui n’a jamais digéré l’application par la Suisse des sanctions contre la Russie. C’est aussi à Genève que plusieurs villas et patrimoines d’oligarques russes proches du président ont été saisis. Sans parler des difficultés du négoce des matières premières, dont l’un des seigneurs n’est autre que le milliardaire Guennadi Timtchenko, patron du géant du trading pétrolier Gunvor, autrefois basé dans la cité de Calvin.

Le Vatican, l’alternative

Donald Trump aimerait sans doute aussi se rendre au Vatican, où il avait revu Volodymyr Zelensky le 26 avril 2025. Un endroit parfait pour de la très belle télévision. Il faudrait toutefois que le pape Léon XIV y invite sans doute des représentants de l’église orthodoxe russe. Pourquoi pas? Genève a moins d’attraits artistiques. Mais puisqu’il s’agit de reconstruire et de rebâtir l’Ukraine, la rigueur protestante pourrait mieux convenir.

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