Sommet à la Maison Blanche
Les 10 mots qui disent (peut-être) la fin de la guerre en Ukraine

Donald Trump, Volodymyr Zelensky et les dirigeants européens étaient réunis lundi 18 août à la Maison Blanche. Le président des Etats-Unis a joint Vladimir Poutine au téléphone en plein meeting. Un premier pas vers la paix?
Publié: il y a 32 minutes
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Dernière mise à jour: il y a 10 minutes
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Donald Trump a joint Vladimir Poutine au téléphone durant sa rencontre avec Zelensky et les Européens.
Photo: keystone-sda.ch
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Richard WerlyJournaliste Blick

Comment résumer le sommet à rebondissements de la Maison Blanche, entre Donald Trump, Volodymyr Zelensky et sept dirigeants européens (Ursula von der Leyen, Giorgia Meloni, Emmanuel Macron, Keir Starmer, Mark Rutte, Alexander Stubb et Friedrich Merz)? En reprenant les expressions le plus souvent utilisées par les différents participants, qui ont achevé leur rencontre vers 19h locale, après une pause demandée par le président des Etats-Unis pour joindre au téléphone Vladimir Poutine.

Voici donc les dix mots à retenir. Et ce qu’ils signifient à ce stade des discussions alors qu'une réunion extraordinaire du Conseil européen, l'instance qui représente les 27 pays membres de l'UE, doit se tenir ce mardi en visioconférence. La paix en Ukraine était bel et bien sur la table ce lundi 18 août à la Maison Blanche. «Le président Trump croit en sa capacité à obtenir un accord», a reconnu Emmanuel Macron. En restant «sceptique sur la volonté de paix» du Kremlin.

Thank you!

Combien de fois Volodymyr Zelensky et les dirigeants européens venus le soutenir à Washington ont-ils dit «merci» à Donald Trump? Merci pour les avoir conviés. Merci pour sa rencontre avec Poutine. Merci pour ses efforts de paix. Thank you M. President! Est-ce une formule magique? Elle a permis, en tout cas, à la rencontre de se dérouler sans heurts. Donald Trump a écouté. Il a eu la dose de compliments qu’il espérait.

Trilatérale

C’est le mot-clé pour Donald Trump qui l’a répété plusieurs fois. Il désigne le futur sommet que le président des Etats-Unis espère organiser entre Vladimir Poutine, Volodymyr Zelensky et lui-même. Alors que la rencontre de la Maison Blanche s’achevait, le Kremlin aurait confirmé l’accord du président russe, évoquant aussi des pourparlers «à haut niveau». Le président ukrainien s'y est aussi déclaré prêt. Le format serait celui d’un sommet d’abord bilatéral, entre les chefs d’Etat russe et ukrainien, que Donald Trump rejoindrait. Où? On ne le sait pas. Mais sans doute «en pays neutre». 

La Suisse pourrait-elle être sur la liste? A priori non, du fait que la Confédération est signataire de la Cour pénale Internationale qui poursuit Poutine pour crimes de guerre. Le Kazakhstan pourrait être une alternative. Quand? Trump veut aller vite et il a affirmé «avoir commencé les préparatifs». Poutine aurait parlé d'un rendez-vous «d'ici à deux semaines». Les Européens? Emmanuel Macron a évoqué leur présence dans un format «quadrilatéral» après une première rencontre à trois. Sans réponse de Donald Trump…

Territoires

L’affaire est maintenant entendue: il y aura bien, pour parvenir à la paix, des concessions de l’Ukraine qui devra abandonner une bonne partie des 20% de son territoire occupé par l’armée russe. Preuve que le sujet est incontournable pour Donald Trump: celui-ci avait fait installer une carte de l’Ukraine dans son bureau ovale, posée sur un chevalet, avec les 5 provinces disputées, que la Russie a annexées après y avoir organisé des référendums: la Crimée (depuis 2014), Lougansk, Donetsk, Kherson et Zaporijia (où des votes ont été organisés en septembre 2022). Mais quel sera l’échange, sur lequel tous les dirigeants européens ont mis en garde Donald Trump? On parle surtout d’un gel possible de l’actuelle ligne de front, contre un abandon total du Donbass (les deux provinces de Donetsk et Lougansk). Selon Emmanuel Macron, la question n'aurait toutefois pas été évoquée directement par les dirigeants. Le chancelier allemand Friedrich Merz a rappelé qu'une cession du Donbass serait comparable, pour l'Ukraine, «à l'abandon de la Floride».

Garanties de sécurité

C’est l’autre mot-clé, répété par presque tous les participants et surtout par les Européens. Qu’en sait-on à la fin du sommet? Pas beaucoup plus si ce n’est qu'elles seront formalisées d'ici à dix jours en «coordination» avec les Etats-Unis. «Tout sera couché sur le papier et officialisé» a expliqué Volodymyr Zelensky. Washington apporterait donc son soutien à un dispositif militaire qui incombera largement aux Européens, à la fois pour le déploiement des troupes et pour les moyens financiers. Zelensky a évoqué l’achat massif, pour près de 100 milliards de dollars, de batteries antimissiles Patriot, du fabricant américain Raytheon pour l’Ukraine. Sans confirmation aucune. Donald Trump en revanche a été clair. Il «vend» des armes à Kiev. Il n’en donnera plus.

Article 5

C’est une proposition de l’Italie. Sa première ministre Giorgia Meloni l’a défendu devant Trump, lorsque celui-ci a donné quelques minutes la parole à chacun de ses interlocuteurs, avant d’entamer une réunion avec tous les dirigeants européens. Il s’agirait de garantir la sécurité de l’Ukraine par une clause de défense collective associant le pays à ses principaux soutiens. Sa formulation se rapprocherait de l’article 5 de l’OTAN (que Kiev n’intégrerait pas): «Si un pays de l’OTAN est victime d’une attaque armée, chaque membre de l’Alliance considérera cet acte de violence comme une attaque armée dirigée contre l’ensemble des membres et prendra les mesures qu’il jugera nécessaires pour venir en aide au pays attaqué.» La question n'a pas été formellement abordée. 

OTAN

C’est fini. Terminé. L’Ukraine n’adhérera pas à l’OTAN, cette Organisation du traité de l'Atlantique nord qui lui avait entrouvert sa porte en 2008, lui promettant une future adhésion. L’opposition de la Russie y a été fatale. Même Volodymyr Zelensky ne réclame plus l’intégration de son pays dans la plus puissante alliance militaire du monde, alors que son armée de 800'000 hommes est sans doute aujourd’hui l’une des plus fortes d’Europe. Donald Trump a aussi dit qu’il y était opposé. Or les Etats-Unis sont, de facto, le patron de l’OTAN. Point symbolique: le secrétaire général de l'OTAN Mark Rutte a été le premier à s'exprimer devant la presse, à l'invitation de Donald Trump. 

Elections

La question a été posée à Volodymyr Zelensky, durant l’échange avec la presse qui a précédé son aparté avec Donald Trump. Le président ukrainien s’est dit prêt à organiser une élection présidentielle si les combats cessent. Quand? Il ne s’est pas engagé sur une date. Il y a fort à parier que cette question électorale fera partie des demandes de la Russie. Zelensky aurait dû faire face aux urnes en 2024, mais la loi martiale et la guerre ont empêché le scrutin de se tenir. La rumeur dit que le général Zaloujny, ancien commandant en chef de l’armée ukrainienne aujourd’hui ambassadeur à Londres, prépare sa candidature.

Veste

Volodymyr Zelensky a compris le message. Le 28 février, lorsqu’il était tombé dans une embuscade à la Maison Blanche, rudoyé par Donald Trump et son vice-président J.D Vance, le président ukrainien était habillé en kaki, comme il l’est toujours pour bien montrer que son pays est en guerre. Un journaliste pro-Trump lui avait reproché de ne pas porter de costume et de cravate. Cette fois, le président ukrainien avait une veste sur une chemise noire. Toujours pas de cravate, mais un look «habillé» qui, visiblement, a plu à Trump. Zelensky a dit avoir eu sa « meilleure » conversation avec son homologue américain. 

Vladimir Poutine

L'échange téléphonique entre Donald Trump et le président russe a duré une quarantaine de minutes, en plein sommet, alors que les dirigeants européens attendaient dans l'aile est de la Maison Blanche. Au final? Un accord encore flou du Kremlin pour une rencontre trilatérale et la certitude réaffirmée par Trump que Poutine «veut un deal» avec lui. Le président finlandais, lui, pense autrement. «Poutine est rarement digne de confiance. Il reste donc à voir s’il a le courage de venir à ce type de réunions. A-t-il le courage de venir à une réunion trilatérale, ou essaie-t-il encore une fois de gagner du temps?»

Les sanctions

Donald Trump s'est bien gardé d'en parler. Pas question d'évoquer de possibles nouvelles mesures contre la Russie. Emmanuel Macron les a en revanche mises sur la table. Un 19e paquet de sanctions européennes doit être adopté début septembre à Bruxelles. «Le président Trump croit en sa capacité à obtenir un accord, croit aussi que le président Poutine souhaite un tel accord de paix, et je m’en félicite et je veux le croire après les réunions qu’ils ont eues. Mais si ce processus était refusé, nous sommes aussi tous d’accord pour dire qu’il faudra augmenter les sanctions et en tout cas avoir une posture qui mettra plus de pression sur la partie russe pour revenir sur le terrain des négociations.»

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