200'000 soldats déployés
Le Venezuela annonce une «mobilisation massive» de ses forces militaires à l'approche d'un porte-avion américain

L'arrivée du porte-avion Gerald R. Ford au large d’Amérique latine accentue les tensions avec le Venezuela, qui annonce un déploiement militaire «massif». Les frappes américaines meurtrières contre des navires accusés de trafic de drogue restent très critiquées.
Publié: 03:57 heures
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Dernière mise à jour: 03:58 heures
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Le gouvernement multiplie les annonces de manœuvres militaires, très médiatisées mais rarement visibles sur le terrain.
Photo: AFP
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AFP Agence France-Presse

Un porte-avions américain, le Gerald R. Ford, est arrivé mardi au large de l'Amérique latine, marquant une montée en puissance considérable des moyens militaires déployés par les Etats-Unis dans la région et accentuant les tensions avec le Venezuela. Le porte-avions, le plus avancé de l'armée américaine, transporte entre autres quatre escadrilles d'avions de combat et est accompagné notamment de trois destroyers lance-missiles.

Parallèlement, l'armée vénézuélienne a annoncé un déploiement «massif» dans tout le pays. Le ministre de la Défense Vladimir Padrino Lopez a déclaré que 200'000 militaires avaient participé à l'exercice, bien qu'aucun mouvement militaire n'ait été observé dans des villes comme Caracas.

Le gouvernement a annoncé à maintes reprises des manoeuvres militaires dans le pays. Elles sont fortement médiatisées par le pouvoir sans être toujours visibles sur le terrain. «Le Venezuela doit savoir qu'il a un Venezuela gardé, protégé, défendu», a déclaré Vladimir Padrino Lopez , qui a qualifié les militaires américains de «mercenaires» qui «assassinent des personnes sans défense, qu'elles soient ou non des narcotrafiquants».

Ces dernières semaines, les Etats-Unis ont mené une vingtaine de frappes aériennes dans les Caraïbes et le Pacifique contre des embarcations qu'ils accusent – sans présenter de preuves – de transporter de la drogue, faisant au total 76 victimes. Plusieurs experts remettent en question la légalité de ces opérations.

Des exécutions extrajudiciaires

Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme, Volker Türk, a exhorté lundi Washington à enquêter sur la légalité de ses frappes, évoquant de «solides indices» selon lesquels elles constituent des exécutions extrajudiciaires.

Et mardi, le ministre russe des Affaires étrangères a qualifié ces opérations d'"inacceptables». «C'est ainsi, en général, qu'agissent les pays (...) qui se considèrent au-dessus des lois», a lancé Sergueï Lavrov lors d'une rencontre avec des médias russes, retransmise sur les chaînes d'Etat. Nicolas Maduro, fidèle allié de Vladimir Poutine, avait annoncé en mai un nouveau rapprochement entre Moscou et Caracas avec la signature d'un traité de coopération.

Le déploiement militaire américain dans les Caraïbes a généré des inquiétudes du Brésil de Lula, mais aussi de la Colombie de Gustavo Petro qui a annoncé mardi suspendre les échanges de renseignements de Bogota avec Washington «tant que les attaques par missile contre des bateaux se (poursuivraient)».

Même le Royaume-Uni, pourtant proche allié des Etats-Unis, a renoncé il y a plus d'un mois à partager ses renseignements avec Washington concernant les navires soupçonnés de trafic de drogue dans les Caraïbes, ne souhaitant pas être complice des frappes américaines, a affirmé mardi la chaîne de télévision américaine CNN, citant des sources proches du dossier.

Indications contradictoires

Le président américain Donald Trump, qui a autorisé des opérations clandestines de la CIA au Venezuela, a donné des indications contradictoires sur sa stratégie, évoquant par moments des frappes sur le sol vénézuélien et des jours comptés pour Nicolás Maduro, mais écartant aussi l'idée d'une guerre.

«Si nous devions, en tant que République, en tant que peuple, aller à la lutte armée pour défendre l'héritage sacré des libérateurs et des libératrices, nous serions prêts à gagner», a réagi le président vénézuélien. Ce dernier a promulgué une loi créant des «Commandos de défense intégrale», assurant lundi que cette structure avait «la force et le pouvoir» de faire face aux Etats-Unis.

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