Le Japon a célébré samedi l'entrée dans l'âge adulte du prince Hisahito, seul jeune héritier masculin au trône, sur les épaules duquel repose l'avenir de la famille impériale.
Le neveu de l'empereur Naruhito, deuxième dans l'ordre de succession après son père, a reçu une coiffe traditionnelle faite de soie noire et de laque, symbolisant sa maturité, lors de la cérémonie officielle au palais impérial de Tokyo.
«Je m'acquitterai de mes devoirs, conscient de mes responsabilités en tant que membre adulte de la famille impériale», a déclaré le prince, portant le costume jaune traditionnel des mineurs, devant l'empereur Naruhito et l'impératrice Masako.
Un symbole fort
Il a ensuite revêtu un vêtement sombre réservé aux membres adultes de la famille royale, avant de monter à bord d'une calèche pour assister à la suite de la cérémonie.
Le jeune étudiant fêtait ses 19 ans samedi. Il est devenu majeur à ses 18 ans, mais la cérémonie a été retardée d'un an pour lui permettre de terminer ses études secondaires.
Il est le fils unique du prince Akishino, 59 ans, frère de l'empereur Naruhito, 65 ans, et de la princesse Kiko, 58 ans. La famille impériale ne détient aucun pouvoir politique mais conserve une forte valeur symbolique au Japon.
Un empereur ou une impératrice?
La princesse Aiko, 23 ans, fille unique de Naruhito, ne peut pas succéder à son père selon une règle en vigueur depuis 1947, car elle est une femme, une disposition critiquée par un comité de l'ONU.
Pourtant, neuf japonais sur dix sont favorables à ce qu'une femme puisse accéder au trône, selon un sondage de l'agence de presse Kyodo.
«Pour moi, cela ne fait aucune différence qu'une femme ou un homme devienne empereur», a déclaré à l'AFP Yuta Hinago, barman à Tokyo. «Le genre n'a pas d'importance», a renchéri Minori Ichinose, 28 ans, vendeuse, ajoutant soutenir l'idée d'une impératrice.
La question de la succession royale agite le Japon depuis des décennies. En 2005, un comité gouvernemental avait recommandé que celle-ci revienne à l'enfant aîné, quel que soit son sexe. Cette décision semblait ouvrir la voie à la fille de l'empereur, mais la naissance de Hisahito l'année suivante avait mis fin au débat.
Selon la religion shinto, les empereurs du Japon descendent de la déesse du soleil, Amaterasu, et la légende fait remonter leur lignée à plus de 2.600 ans.
Après la défaite du Japon à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, l'occupant américain avait maintenu l'institution pour préserver la cohésion nationale. Les traditionalistes estiment que la «lignée impériale ininterrompue» masculine est le fondement du Japon, et qu'un changement diviserait le pays.
Les épouses sous pression
Historiquement, les épouses des membres de la famille royale ont subi une pression intense pour donner naissance à des fils. L'impératrice Masako, ancienne diplomate de haut rang, a longtemps souffert d'une maladie liée au stress après avoir intégré la famille royale, attribuée par certains à la pression d'avoir un garçon.
La soeur de Hisahito, Mako, a épousé son petit ami d'université et développé un syndrome de stress post-traumatique en raison de l'intérêt intense de la presse à scandale pour sa belle-famille. Le couple vit désormais aux Etats-Unis, où ils ont eu un bébé.
Lorsqu'elles se marient, les femmes de la famille royale sont contraintes de quitter leur famille. Pour moderniser l'institution, une proposition prévoit qu'elles puissent continuer à exercer leurs fonctions publiques après leurs noces.
Les conservateurs, eux, font plutôt pression pour que la famille royale réintègre des parents éloignés masculins. Mais il n'est pas certain que ces hommes soient prêts à renoncer à leur liberté pour perpétuer la lignée.