Ce qui semblait impensable il y a encore quelques semaines est désormais une possibilité: le parti de droite de la chancelière, la CDU (Union chrétienne-démocrate), et son allié bavarois la CSU (Union chrétienne-sociale), risquent de devoir retourner dans l'opposition pour la première fois depuis 2002.
Un sondage publié dimanche par le quotidien «Bild» donne ce mouvement à seulement 21%, contre 34% en début d'année, devancé par le parti social-démocrate d'Olaf Scholz (24%) et talonné par les Verts d'Annalena Baerbock (17%). Le journal parle «d'un état de panique» dans le camp conservateur, qui domine la vie politique allemande depuis 1949.
Peu populaire, Armin Laschet a reconnu sans fard ses difficultés lors du premier grand débat télévisé de la campagne. «J'ai toujours eu à faire face à des vents contraires, aujourd'hui aussi», a-t-il admis.
Il passe à l'offensive
Réputé d'ordinaire pour sa modération et sa jovialité, le dirigeant de la Rhénanie du Nord-Westphalie n'a eu d'autre choix que de se faire violence en passant à l'offensive lors de cette joute retransmise sur RTL. Il n'a ainsi pas hésité à vilipender la politique en Afghanistan de l'actuel gouvernement de coalition- pourtant dirigé par son propre parti, et dont Olaf Scholz est ministre des finances.
Le retrait précipité des forces de l'OTAN du pays constitue «un désastre pour l'Occident et également pour le gouvernement fédéral» allemand, a-t-il tancé, en tentant d'apparaître comme l'homme du changement.
Spectre d'un gouvernement des gauches
Armin Laschet a surtout agité le spectre d'un gouvernement purement de gauche en Allemagne après les législatives du 26 septembre, à l'issue desquelles Angela Merkel prendra sa retraite après 16 ans de pouvoir. Les enquêtes d'opinion n'excluent pas la possibilité d'une coalition inédite associant sociaux-démocrates du SPD, écologistes et gauche radicale Die Linke.
«Je ne comprends pas pourquoi il vous est si difficile d'exclure de vous allier dans un gouvernement avec Die Linke!», a lancé Armin Laschet à Olaf Scholz, qui est resté vague sur le sujet.
Selon un premier sondage de l'institut Forsa diffusé par RTL dans la soirée, Olaf Scholz est ressorti vainqueur du débat, se montrant le plus convaincant pour 36% des personnes interrogées, devant la candidate Verte à 30% et seulement 25% pour Armin Laschet.