L'initiative de la controversée Fondation humanitaire de Gaza (GHF) est «scandaleuse», selon les enquêteurs onusiens. Mercredi à Genève, ils ont affirmé que la justice internationale «est lente» mais qu'«elle arrive». «Nous devrons analyser davantage l'objectif politique» derrière les décès de ceux qui viennent chercher de l'aide sur les sites de la GHF, a affirmé à la presse la présidente de la Commission d'enquête internationale sur Israël et les territoires palestiniens, Navi Pillay. Mais elle affirme déjà que l'initiative en elle-même est «scandaleuse» parce qu'elle implique les Etats-Unis.
Des centaines de Palestiniens ont été tués ces dernières semaines dans des tirs dans des distributions d'aide menées par la GHF. L'ONU a estimé que celle-ci était «un échec». La situation observée depuis deux semaines «n'est que l'exacerbation la plus grave» du siège de la bande de Gaza, affirme un autre membre de la commission, Christopher Sidoti, alors que ces enquêteurs onusiens ne s'expriment pas au nom de l'organisation. «La population ne devrait pas avoir à risquer leur existence pour obtenir de la nourriture pour les enfants», ajoute-t-il. Et de relever que le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) n'a jamais été aussi «ferme» dans ses commentaires que depuis deux semaines.
«La justice internationale est lente, mais elle arrive»
Les enquêteurs onusiens affirment qu'Israël devra garantir des procès équitables dans des cours civiles pour les responsables de crimes de guerre contre les massacres du 7 octobre 2023. Or aucun n'a eu lieu, affirme M. Sidoti. Mais les enquêteurs déplorent aussi le manque de poursuites ouvertes pour les crimes dans la bande de Gaza et ne croient plus dans la volonté de l'Etat hébreu de s'y pencher, en appelant aux autres juridictions. «La justice internationale est lente, c'est la triste réalité. Mais elle arrive», a affirmé M. Sidoti. «Les responsabilités seront établies», dit-il.
Les trois enquêteurs ont identifié «dans de nombreux cas» les unités militaires israéliennes qui auraient mené des crimes contre l'humanité et crimes de guerre. Et les soldats israéliens individuellement qui en font partie. «Tous ceux qui ont joué un rôle» dans l'application de l'approche militaire israélienne depuis le 7 octobre 2023 «sont suspects de crimes de guerre et crimes contre l'humanité», insiste M. Sidoti.
Des indications ont été partagées avec la Cour pénale internationale (CPI) et au moins trois Etats européens en ont demandé. Dans son récent rapport, la commission avait affirmé que l'armée israélienne avait perpétré des «crimes contre l'humanité» d'extermination dans le territoire palestinien.