Aucune critique n’a pu arrêter Benjamin Netanyahu. Le Premier ministre israélien a donné son feu vert à l’assaut de la ville de Gaza. Près d’un million de personnes y vivent, en grande majorité des réfugiés. Ni les avertissements internationaux ni l’angoisse des familles d'otages ne semblent l’ébranler.
Objectif officiel: le Hamas
Officiellement, l’objectif du gouvernement israélien est de démanteler l’organisation terroriste du Hamas, qui avait attaqué Israël le 7 octobre 2023, faisant 1200 morts et enlevant 250 personnes. Mais derrière les frappes massives contre les Palestiniens se cachent aussi des calculs politiques et la volonté de Benjamin Netanyahu de s’accrocher au pouvoir.
La dernière opération de l’armée israélienne, baptisée «Le char de Gédéon II», est la suite de l’offensive lancée en mai dans la bande de Gaza. Son but? S'emparer de toute la ville. Actuellement, les unités israéliennes encerclent l’agglomération afin de préparer l’assaut. Selon le «Wall Street Journal», l’offensive terrestre devrait débuter en septembre.
On s’attend à un lourd bilan des deux côtés. Le nombre de combattants du Hamas et de leurs alliés est encore estimé entre 8000 et 10'000. La plupart se cacheraient à Gaza, prêts à tendre des embuscades. Une guerre de rue sanglante se profile.
Les civils pris au piège
Mais ce sont surtout les civils, coincés entre deux feux, qui paieront le prix fort. La population est déjà durement affaiblie: selon l’ONU, près d’un tiers des enfants de Gaza souffrent de malnutrition. L’armée israélienne prévoit d’évacuer des centaines de milliers d’habitants, assure son porte-parole Effie Defrin. Mais où pourraient-ils aller? Et ont-ils encore la force de fuir?
Depuis le début de la guerre, environ 62’000 Palestiniens ont été tués. Parmi eux, certes des milliers de combattants, mais aussi une majorité de civils et surtout des femmes et des enfants. Le nombre de victimes pourrait encore grimper avec l’assaut de la ville.
Par ailleurs, 50 otages restent entre les mains du Hamas. Au moins 20 seraient encore en vie. Eux aussi sont en grand danger. Le père de l’un d’eux a déclaré que la pression militaire «ne sauve pas les otages, mais les tue». Leurs proches tentent désespérément de faire barrage aux projets offensifs du gouvernement israélien.
Une vengeance collective
Pour le gouvernement et ses alliés ultraconservateurs, il ne s’agit pas seulement d’éliminer le Hamas ou de libérer les otages. Ils veulent également infliger une vengeance collective au peuple palestinien. Le témoignage d’Aharon Haliva l’illustre. Ancien chef du renseignement militaire lors de l’attaque du 7 octobre, il a récemment confié à la chaîne israélienne Channel 12: «Pour chaque personne tuée le 7 octobre, 50 Palestiniens doivent mourir. Peu importe que ce soient des enfants».
Pendant ce temps, Benjamin Netanyahu est soumis à de fortes pressions politiques. Le ministre des Finances d’extrême droite Bezalel Smotrich menace de démissionner si le Premier ministre accepte un cessez-le-feu. En poursuivant l’offensive, Benjamin Netanyahu assure le soutien de ses partenaires de coalition, indispensables à sa survie politique. Par calcul, il semble prêt à assumer un bilan humain catastrophique dans la bande de Gaza.
La Cisjordanie est aussi au cœur des tensions. Le gouvernement a validé un projet de colonisation controversé, provoquant la colère du secrétaire général de l’ONU António Guterres. Celui-ci a exhorté Israël à mettre fin à toute colonisation illégale, rappelant que cela compromet gravement la solution à deux Etats.
Israël de plus en plus isolé
Avec son offensive, Israël s’isole. Ces derniers jours, la France, le Canada et la Grande-Bretagne ont annoncé leur volonté de reconnaître un Etat palestinien. Même l’Allemagne, pourtant liée à Israël par son histoire, a pris ses distances en suspendant certaines livraisons d’armes.
La contestation monte aussi à l’intérieur du pays: ce week-end, des centaines de milliers d’Israéliens ont manifesté à Tel-Aviv contre la politique du Premier ministre. Pour l’heure, Benjamin Netanyahu semble privilégier ses alliés d’extrême droite. Mais cela pourrait changer. Des élections sont prévues au plus tard le 27 octobre 2026. Ce sera alors aux Israéliens de décider s’ils veulent mettre fin au règne de l’homme fort du Likoud.