Prise de Gaza City
Le rappel de 60'000 réservistes menace de faire chuter Netanyahu

Israël prépare l’assaut sur la ville de Gaza. 60’000 réservistes sont rappelés, 20’000 soldats prolongés. Mais après deux ans de guerre, la lassitude grandit: démotivation, colère et doutes sur le sort des otages fragilisent l’armée.
Publié: 21.08.2025 à 06:08 heures
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Dernière mise à jour: 21.08.2025 à 07:19 heures
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L'armée israélienne se prépare à lancer une vaste opération militaire sur Gaza City (Illustration).
Photo: AFP via Getty Images
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Solène MonneyJournaliste Blick

Le feu vert a été donné: l’armée israélienne se prépare à lancer l’assaut contre Gaza City, plus grande ville de l'enclave palestinienne avec 800'000 habitants en temps normal. Mercredi 20 août, le ministre de la Défense, Israël Katz, a annoncé le rappel de 60'000 réservistes, ainsi que la prolongation du service de 20'000 soldats supplémentaires. Et d’ici à quelques semaines, plus de 120'000 réservistes devraient être sur le terrain. Objectif: participer à une opération militaire de grande ampleur, présentée comme décisive.

Mais après deux ans de guerre, sans réelle perspective de fin, la lassitude se fait sentir dans les rangs. L’usure des troupes inquiète jusqu’au chef d’état-major, le lieutenant-général Eyal Zamir, qui a alerté le cabinet de sécurité sur le risque d’épuisement. Ses avertissements ont été balayés par Benjamin Netanyahu et ses alliés, focalisés sur leur nouveau plan. Pire: le Premier ministre a exigé que la prise de la ville de Gaza soit achevée en moins de cinq mois, un délai jugé irréaliste par de nombreux militaires.

Une armée démotivée

Selon une enquête menée par l’Université hébraïque de Jérusalem, 40% des soldats israéliens se disent aujourd’hui moins motivés à servir, contre seulement 13% davantage motivés, rappelle CNN. Et, alors qu’une majorité de la population souhaite mettre fin au conflit, la question des effectifs devient cruciale.

Le débat sur l’enrôlement des ultra-orthodoxes attise la colère des troupes déjà épuisées. Le gouvernement propose de les exempter du service, une mesure qui divise profondément alors que l’armée est sous pression.

Dans ce climat, une organisation de réservistes a appelé publiquement à refuser de servir. Si la plupart des refus relèvent de décisions individuelles, leur multiplication commence à inquiéter. Officiellement, l’armée ne publie pas le nombre de réservistes qui ne répondent pas à l’appel.

«Une condamnation à mort pour les otages»

Avshalom Zohar Sal, soldat ayant passé plus de 300 jours à Gaza lors de quatre missions, refuse désormais de repartir. Dans son unité, les doutes grandissent, confie-t-il à CNN: «Le gouvernement n'a cessé de répéter que cette guerre avait deux objectifs: libérer les otages et vaincre le Hamas. Maintenant, c'est comme s'il nous disait qu'il n'y avait qu'un seul objectif, que je crois irréalisable: détruire le Hamas.»

Pour lui, cette nouvelle offensive est «une condamnation à mort pour les otages». Une inquiétude partagée par d’autres soldats. Mercredi, le porte-parole de l’armée, Effie Defrin, a tenté de rassurer: grâce au renseignement et à des moyens technologiques, Tsahal «fera tout pour protéger les otages». Mais il a dû reconnaître: «Nous ferons de notre mieux pour ne pas leur nuire.»

Beaucoup soupçonnent le Premier ministre de prolonger le conflit par pur calcul politique, dans le but de se maintenir au pouvoir. Benjamin Netanyahu redoute que la fin des combats ne provoque l’éclatement de sa fragile coalition, dominée par des partis ultranationalistes. Mais de l'autre côté, le soutien de la population s'effrite.

Des promesses non tenues

En principe, les réservistes doivent se présenter aux appels, mais l’armée sanctionne rarement ceux qui refusent. Cette tolérance reflète l’usure d’un conflit devenu le plus long de l’histoire d’Israël.

Car les promesses de Netanyahu ne sont plus tenues. Il assurait il y a plus d’un an que «la phase intense des combats» prendrait fin en quelques semaines après l’invasion de Rafah, dans le sud de Gaza. Près de 18 mois plus tard, l’opération sur la ville de Gaza est présentée comme le «moyen le plus rapide» d’en finir. Mais la lassitude, la démotivation et la colère des soldats mettent en doute cette nouvelle promesse.

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