Dégoutés de la guerre à Gaza
Une vague de militaires israéliens lâche Netanyahu

De plus en plus de réservistes et d’officiers israéliens refusent de participer à la guerre à Gaza, accusant Benjamin Netanyahu de prolonger le conflit pour des raisons politiques. Même au sein de son camp, le doute s’installe.
Publié: 08:50 heures
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Dernière mise à jour: 08:51 heures
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De plus en plus de soldats israélien dénonce la guerre à Gaza de Netanyahu (Illustration).
Photo: Getty Images
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Solène MonneyJournaliste Blick

La colère gagne du terrain dans les rangs de l’armée israélienne. Embourbé dans 21 mois de conflit et quatre mois de quasi-blocus à Gaza, Benjamin Netanyahu fait désormais face à une fronde croissante de jeunes réservistes, officiers en service et vétérans refusant de participer à ce qu’ils considèrent comme sa guerre, rapporte «The Telegraph» dimanche 27 juillet.

Beaucoup soupçonnent le Premier ministre de prolonger le conflit par pur calcul politique, dans le but de se maintenir au pouvoir. L’échec cuisant des négociations de Doha la semaine passée n’a fait que renforcer ce sentiment et nourrir le pessimisme ambiant.

«Il est désormais clair pour la plupart des Israéliens que si la guerre à Gaza continue, c’est d’abord à cause des intérêts politiques, personnels et judiciaires de Netanyahu», dénonce Eran Etzion, ancien numéro deux du Conseil de sécurité nationale d’Israël. Selon lui, le chef du gouvernement redoute que la fin des combats ne provoque l’éclatement de sa fragile coalition, dominée par des partis ultranationalistes.

Dégôut de la guerre

Ron Feiner, 26 ans, capitaine dans la 933e brigade Nahal, incarne cette rupture. Lui qui rêvait d’une carrière d’officier dans les Forces de défense israéliennes a refusé d’être mobilisé à Gaza. Pour cet acte, il a écopé de 25 jours de prison.

«Lorsque les bombardements ont repris, j’ai compris que notre gouvernement voulait prolonger cette guerre autant que possible, sans aucune intention d’y mettre fin», confie-t-il, écœuré. Le conflit, qui aurait déjà fait plus de 59'000 morts côté palestinien selon le ministère de la Santé du Hamas, lui est devenu insupportable. Pour lui, les images d'enfants à Gaza devraient entraîner une plus grande rupture encore.

Et Ron Feiner n’est pas seul. De plus en plus de réservistes ne répondent plus aux convocations: certains «oublient» volontairement de consulter leurs e-mails, d’autres invoquent des urgences familiales ou médicales. Bien que les chiffres soient jalousement gardés, des ONG et des élus, avancent que le taux de participation à la mobilisation pourrait être tombé à 60%.

Fracture interne

La contestation dépasse les rangs militaires. «Netanyahu a besoin que la guerre continue pour renforcer son emprise sur le pouvoir. Cela n’a plus rien à voir avec le Hamas», martèle à nouveau Eran Etzion.

Même au sein de son cabinet, le doute s’installe. Le chef d’état-major, Eyal Zamir, aurait déclaré qu’il ne restait plus grand-chose à gagner sur le plan militaire, surtout au prix de la vie des quelque vingt otages encore détenus.

Netanyahu, lui, reste inflexible. Il répète que le Hamas ne doit pas seulement être affaibli, mais totalement éradiqué, militairement comme politiquement. Selon lui, la meilleure façon d’obtenir la libération des otages est de frapper encore plus fort. Une position alignée sur les exigences de ses alliés ultranationalistes, qui refusent tout compromis.

Mais le Premier ministre sait que céder trop tôt pourrait faire exploser sa coalition. Un cessez-le-feu ou un accord de libération d’otages jugé trop modéré risquerait de pousser ses alliés les plus radicaux à le lâcher, provoquant la chute de son gouvernement.

Pression internationale

A cela s’ajoute une pression internationale grandissante. Même des alliés historiques d’Israël comme la France, la Grande-Bretagne, le Canada ou l’Australie ont récemment dénoncé les conditions humanitaires à Gaza, notamment la famine. Emmanuel Macron a même annoncé vouloir reconnaître officiellement l’Etat de Palestine.

Face à ce climat tendu, Israël a annoncé ce week-end l’ouverture d’un corridor humanitaire. Dimanche, l’armée a instauré une «pause tactique» dans trois zones peuplées de Gaza, suspendant les combats pendant dix heures par jour. Mais pour beaucoup, ces gestes tardifs peinent à masquer une réalité de plus en plus insoutenable et une guerre dont le véritable objectif semble de moins en moins clair.

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