La COP27 reçoit mercredi en véritable star le président élu du Brésil, Lula, attendu en sauveur de l'Amazonie après la déforestation massive sous le mandat Bolsonaro de ce poumon vert vital pour la planète.
«Le Brésil redeviendra une référence climatique mondiale», a tweeté l'ancien et futur chef d'Etat mardi depuis Charm el-Cheikh, en Egypte, où se tient la conférence annuelle de l'ONU sur le climat.
Car sous le mandat de Jair Bolsonaro, le plus grand pays d'Amérique latine s'est isolé sur la scène internationale, notamment en raison des politiques favorisant déforestation et incendies en Amazonie. Le président d'extrême droite prônait en effet l'agro-industrie intensive et le secteur minier, coupant en revanche dans les budgets de protection de l'environnement.
«Déforestation zéro»
Luiz Inacio Lula da Silva a au contraire promis de lutter pour une «déforestation zéro». Il doit prononcer un discours très attendu à Charm el-Cheikh mercredi en fin d'après-midi et pourrait, selon le quotidien brésilien O Globo, annoncer que le Brésil est candidat pour accueillir la COP30 en 2025.
Le président élu n'a pas eu d'engagements publics mardi, mais avait un rendez-vous à huis clos le même jour avec l'émissaire spécial américain pour le climat John Kerry. Selon O Globo, une dizaine de demandes de rencontres bilatérales en marge de la COP27 lors de son séjour officiel mercredi et jeudi n'ont pu être satisfaites. Un témoignage de l'aura dont bénéficie l'ancien syndicaliste, vu comme sauveur possible de l'Amazonie et plus attentif au sort des peuples indigènes qui l'habitent.
Reforestation
Il rencontrera d'ailleurs à la COP27 une délégation de leaders indigènes, ainsi que plusieurs gouverneurs d'Etats brésiliens présents eux aussi à la conférence. La forêt tropicale amazonienne, dont le Brésil abrite 60% de la surface totale, est le plus grand puits de carbone au monde, primordial pour lutter contre le changement climatique.
Mais sous l'effet du réchauffement et de la déforestation, elle est désormais très fragilisée et, selon une étude publiée en mars, approche plus rapidement que prévu d'un «point de bascule» qui pourrait la transformer en savane.
La protection de l'Amazonie sera une «priorité stratégique» après l'entrée en fonctions de Lula le 1er janvier 2023, a assuré à Charm el-Cheikh l'ancienne ministre de l'Environnement Marina Silva, membre de l'équipe du président élu et pressentie pour reprendre ce ministère.
Et le Brésil s'y attellera «par ses propres moyens» avec un objectif de reforestation de 12 millions d'hectares, avait-elle dit samedi devant la presse, sans conditionner cette politique à une reprise de l'aide internationale, suspendue par de nombreux pays suite aux politiques du président sortant d'extrême droite.
A la recherche de partenaires
Mme Silva s'était tout de même félicitée que la Norvège et l'Allemagne aient annoncé, à la suite de la victoire de Lula le 30 octobre, être prêtes à reprendre leur soutien financier au Fonds Amazonie, coupé en 2019, ajoutant que le Brésil rechercherait des partenaires supplémentaires. Elle a d'ailleurs invité les Etats-Unis a rejoindre également ce fonds.
«Avec le prestige et l'influence de Lula sur la scène internationale, et face aux inquiétudes du monde entier au sujet de l'Amazonie, il est fort possible que des accords bilatéraux soient noués», analyse Daniela Costa, porte-parole de Greenpeace au Brésil pour les questions climatiques.
(AFP)