Coup de pouce de Poutine
Kim Jong Un esquive les sanctions grâce à la crypto

La Corée du Nord utilise les cryptomonnaies pour contourner les sanctions de l'ONU, selon un rapport. Le pays aurait dérobé au moins 1,65 milliard de dollars entre janvier et septembre 2025, investissant ces fonds dans ses programmes d'armement illégaux.
Publié: 25.10.2025 à 07:41 heures
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Vladimir Poutine conduisant le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un dans une limousine Aurus à Pyongyang, le 19 juin 2024.
Photo: KEYSTONE
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AFP Agence France-Presse

La Corée du Nord contourne les sanctions de l'ONU en utilisant les cryptomonnaies pour ses échanges de matières premières et d'armements tout en envoyant des informaticiens à l'étranger pour blanchir des fonds et générer des revenus.

Sous Kim Jong Un, Pyongyang a multiplié les cyberattaques, un moyen pour le pays, sous le coup de multiples sanctions internationales pour ses programmes militaires interdits, de se procurer des devises étrangères.

L'Equipe multilatérale de surveillance des sanctions (MSMT), chargée de s'assurer de la mise en oeuvre des sanctions des Nations unies relatives à la Corée du Nord, a établi que les pirates informatiques nord-coréens ont dérobé au moins 1,65 milliard de dollars entre janvier et septembre 2025. Sur ce montant, 1,4 milliard a été subtilisé, en février, à la plateforme d'échange de cryptomonnaies Bybi, selon le rapport de la MSMT publié mercredi.

De nouveaux missiles balistiques

Ces détournements s'ajoutent aux gains illégaux en cryptomonnaies de la Corée du Nord, qui se sont élevés à 1,2 milliard de dollars en 2024, a souligné ce groupe de surveillance. Pyongyang investit ces fonds dans «le développement illégal de ses programmes d'armes de destruction massive et de missiles balistiques», a-t-il souligné.

Selon les auteurs de ce rapport, des responsables nord-coréens ont utilisé des stablecoins pour des transactions liées à des achats, notamment la vente et le transfert de matériel militaire et de matières premières comme le cuivre, utilisé dans la fabrication de munitions.

Un coup de pouce de Poutine

Le pays a également contourné les sanctions de l'ONU en envoyant des ressortissants spécialisés dans l'informatique dans au moins huit pays. La plupart sont partis en Chine mais d'autres ont été envoyés en Russie, au Laos, au Cambodge, en Guinée équatoriale, en Guinée, au Nigeria et en Tanzanie.

Le MSMT a également découvert que Pyongyang envisagerait d'envoyer «40'000 travailleurs en Russie, y compris plusieurs délégations de travailleurs informatiques».

En vertu des sanctions de l'ONU, les travailleurs nord-coréens ont interdiction de gagner de l'argent à l'étranger. Pyongyang a obtenu un soutien crucial de la Russie ces dernières années, après avoir envoyé des armes et des milliers de soldats nord-coréens combattre aux côtés des forces de Moscou contre l'Ukraine.

Des studios d'animation

Le groupe de travail a également cité un rapport de 2024 de l'organisation 38 North, basée aux Etats-Unis, affirmant que des spécialistes de l'informatique nord-coréens – dissimulant leurs nationalités – avaient obtenu des contrats pour travailler sur des projets d'animation dirigés par des entreprises japonaises et américaines telles qu'Amazon et HBO Max. Un porte-parole d'Amazon, contacté par l'AFP, a assuré que le géant américain n'avait jamais directement recruté de tels travailleurs.

«Nous avions auparavant collaboré avec un studio d'animation qui avait recruté des sous-traitants impliqués dans ce stratagème, mais ces derniers n'étaient pas employés par Amazon et n'avaient aucun accès à nos systèmes internes», a-t-il affirmé. Contacté par l'AFP, HBO n'a pas souhaité faire de commentaires. Ces Nord-Coréens auraient auparavant travaillé pour SEK, le studio d'animation d'Etat nord-coréen, selon le rapport.

Ce studio aurait contribué à des projets à l'étranger, notamment à «Les Simpson, le film» en 2007, selon de précédentes informations. Début 2024, le renseignement sud-coréen avait affirmé que des espions nord-coréens utilisaient le réseau social LinkedIn pour se faire passer pour des recruteurs et attirer des Sud-Coréens travaillant dans des entreprises de défense. Le MSMT a été créé en octobre 2024. Il comprend l'Australie, le Canada, la France, l'Allemagne, l'Italie, le Japon, les Pays-Bas, la Nouvelle-Zélande, la Corée du Sud, le Royaume-Uni et les Etats-Unis.

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