Les dirigeants du G20, dont le sommet s'est achevé dimanche à Johannesburg, vantent les vertus du multilatéralisme. Ils reconnaissent toutefois qu'il doit s'adapter à un monde toujours plus divisé par les guerres, les rivalités géopolitiques et le protectionnisme.
«Notre accord sur une déclaration durant ce sommet démontre la valeur du G20» et «affirme notre engagement renouvelé à la coopération multilatérale», a déclaré le président sud-africain Cyril Ramaphosa dans son discours de clôture. Son pays était à la tête cette année de ce forum des grandes économies développées et émergentes, qui regroupe 19 pays plus l'Union européenne et l'Union africaine, et représente 85% du PIB mondial et environ deux tiers de la population. Des propos qui font écho à ceux du président brésilien Lula, la COP30 sur le climat à Belem en forêt amazonienne s'étant achevée samedi sur un consensus a minima.
Les deux réunions internationales étaient boycottées cette année par les Etats-Unis de Donald Trump, qui se sont retirés de nombreux organismes internationaux et ont adopté une politique commerciale protectionniste avec des droits de douane agressifs. Donald Trump «essaye de prêcher la fin du multilatéralisme, de renforcer l'unilatéralisme», a dit dimanche Lula devant des journalistes à Johannesburg. «Je crois que le multilatéralisme prévaudra, parce que tout le monde ici sait qu'ensemble, nous seront beaucoup plus forts, beaucoup plus compétents, et qu'il sera plus facile de résoudre les problèmes du monde.»
La fin d'un cycle?
«L'Afrique du Sud a servi d'exemple au monde en s'assurant que le G20 reste solide et se mette d'accord de manière collective sur une déclaration de ses dirigeants, défendant le multilatéralisme, en dépit d'une opposition puissante», a relevé Max Lawson d'Oxfam International. Même sans les Etats-Unis, le consensus du G20 «a du poids», a souligné dimanche le Premier ministre canadien Mark Carney. «A un moment où trop de pays se retranchent dans des blocs géopolitiques ou le champ de bataille du protectionnisme, le Canada est persuadé que le G20 doit rester un pont», a-t-il insisté. «Nous ne vivons pas une transition, mais une rupture», a-t-il toutefois prévenu. «La nostalgie n'est pas une stratégie».
Samedi déjà, le président français Emmanuel Macron avait reconnu que le G20 avait «beaucoup de mal à régler» les crises internationales actuelles et «arrive peut-être à la fin d'un cycle». «Nous devons tous être lucides sur le fait que le G20 est en risque si nous ne nous remobilisons pas collectivement vers quelques priorités», a-t-il martelé.
Neutraliser Trump
La réunion du G20, organisée pour la première fois en Afrique, marquait la fin d'un cycle de présidences du G20 par des pays du «Sud global», après l'Indonésie (2022), l'Inde (2023) et le Brésil (2024), et avant un passage de relais aux Etats-Unis, qui assureront la présidence tournante l'an prochain. L'administration américaine dit vouloir resserrer son G20 sur les questions de coopération économique - un retour aux sources pour ce forum lancé à la fin des années 1990 pour répondre à la crise financière asiatique, mais aux compétences élargies au fil du temps pour inclure des questions sociales, environnementales et géopolitiques.
L'Afrique du Sud avait aussi invité cette année à Johannesburg de nombreux autres pays du continent. Cela «a aidé à neutraliser l'absence de Trump», estime auprès de l'AFP William Gumede, professeur de management à l'université de Witwatersrand à Johannesburg. «Isoler et construire un mur autour de Trump en intégrant l'Afrique et d'autres puissances émergentes et pays développés a sauvé la mise pour l'Afrique du Sud», juge-t-il, affirmant même que «le sommet a jeté une bouée de sauvetage au multilatéralisme, lui a insufflé une nouvelle vie».
Il n'empêche que même absent, le président américain a en partie dominé l'agenda de la rencontre avec son plan pour l'Ukraine. Les dirigeants européens en particulier ont multiplié les consultations en marge du G20 pour accorder leur position sur le sujet – les élargissant à leurs homologues canadien ou japonais notamment.