Le tourisme turc traverse une grave crise. Pour 2025, Ankara espère accueillir 65 millions de visiteurs, soit 3 millions de plus qu’en 2024, et générer 64 milliards de dollars de recettes. Mais la réalité est tout autre: dès le début de l'été, le gouvernement a fermé 20% des hôtels. Environ 4000 établissements, dont de nombreux petits, ont été contraints de mettre définitivement la clé sous la porte.
Cette décision radicale fait suite à l'incendie meurtrier de l’hôtel Grand Kartal à Kartalkaya en janvier, qui a coûté la vie à 78 personnes. L’enquête a mis en évidence de graves lacunes en matière de sécurité. Le ministère a depuis durci les règles de sécurité incendie, exigeant que les hôtels non conformes suspendent leur activité jusqu’à mise en conformité.
Saison terminée prématurément
La crise s'étend désormais, comme le rapporte le portail Merkur.de. Au bord du pittoresque lac d’Uzungöl, dans le nord de la Turquie près de la mer Noire, la saison des vacances s’est brutalement arrêtée bien avant son terme. Là où la foule est habituellement dense, un silence inquiétant règne: hôtels fermés, restaurants déserts, et ce en plein automne, alors que la région attire normalement de nombreux visiteurs venus des pays du Golfe.
«Nous avons mis fin à la saison très tôt. Seuls quelques hôtels sont encore ouverts», explique Erkut Çelebi, président de la chambre de commerce de Trabzon. Pour lui, la situation est «inacceptable. Le tourisme, l'artère vitale de toute la région, est en proie à une crise sérieuse.» Les hôtels quatre et cinq étoiles, qui pouvaient autrefois compter sur un taux d'occupation de 70%, atteignaient à peine 60% actuellement.
«Les prix doivent baisser!
La situation s’explique par une explosion massive des prix, parfois deux fois plus élevés qu’il y a deux ans. Les clients des pays du Golfe, longtemps les plus fidèles, se détournent désormais vers la Géorgie ou la Bosnie. Erkut Çelebi appelle à un changement rapide de mentalité: «Les prix doivent baisser et les entreprises locales doivent prendre leurs responsabilités», souligne-t-il. Il propose également de lancer des forfaits week-end attractifs et de nouvelles offres de loisirs pour reconquérir les visiteurs.
Les difficultés ne touchent pas seulement les hôteliers turcs. Au lac de Garde, en Italie, les professionnels du tourisme déplorent également un manque de visiteurs. Cet été, le nombre de nuitées a chuté de 20%, principalement en raison de l’absence de clients allemands et italiens. Si les Scandinaves compensent partiellement cette baisse, ils séjournent souvent au camping et préparent leurs repas sur le barbecue devant leur caravane, au grand désarroi des restaurateurs locaux.