En pleine haute saison, la colère monte chez les vacanciers, turcs ou étrangers, dans les stations balnéaires les plus populaires du pays. De nombreux commerçants refusent purement et simplement les paiements par carte bancaire. Et lorsque la carte est acceptée, les commissions facturées peuvent grimper… jusqu’à 30%, rapporte le Turkiye Today lundi 11 août.
Dans certains cas, les clients incapables de régler en espèces se voient priés de quitter le véhicule ou l’établissement. Pour beaucoup, ces pratiques s’apparentent à de véritables arnaques et viennent ternir l’image du pays, déjà fragilisée par la perception qu’il n’est plus la destination abordable d’autrefois, dans un contexte d’inflation galopante.
Une stratégie huilée
Selon le Turkiye Today l’essor du cash only s’expliquerait en grande partie par la volonté de certains acteurs du tourisme d’échapper à l’impôt. Dans l’hébergement comme dans la restauration, la TVA s’élève à 10%. S’y ajoute un impôt sur les bénéfices déclarés. En encaissant en liquide et en évitant de délivrer des reçus, les professionnels peuvent réduire leurs revenus officiels… et donc leurs obligations fiscales.
Les excursions en mer sont particulièrement concernées par ce système de cash only: certaines compagnies n’acceptent plus du tout les cartes. Selon les estimations, chaque bateau d'excursion collecterait quotidiennement en moyenne entre 150'000 et 200'000 livres turques (3000 à 4000 francs suisses) en espèce. Les consommations à bord sont, elles aussi, strictement réglées en cash.
Les parkings, eux, appliquent des tarifs saisonniers uniquement en liquide. Les chauffeurs de taxi invoquent souvent «des machines à carte cassée» pour justifier leur refus. Les établissements de bord de mer exigent parfois un montant minimum de consommation pour profiter des installations.
Nombreuses tensions
Côté facturation, les touristes qui demandent un reçu se voient souvent remettre un simple bout de papier ou une note manuscrite. Si les vacanciers insistent pour recevoir un reçu officiel, la situation peut rapidement dégénérer en violente dispute.
Face à ces abus, plusieurs touristes ont choisi de documenter leurs expériences sur les réseaux sociaux, photos et vidéos à l’appui, en interpellant directement le Trésor et le ministère des Finances. Ils réclament des contrôles plus stricts dans les zones touristiques.
La Turquie frappée par l'inflation
En juin 2025, la Turquie a enregistré la plus forte inflation annuelle dans le tourisme — hôtellerie et restauration comprises — parmi les pays européens. selon Eurostat et TurkStat, elle s'élève à 35,6%, contre une moyenne de 4,1% dans l’UE. Résultat: les prix grimpent et certains voyageurs préfèrent désormais se tourner vers d’autres destinations.
Moralité: si vous prévoyez des vacances en Turquie, prévoyez aussi de retirer du liquide. Cela pourrait vous éviter bien des tracas… et une facture salée.