Pendant que l’ex-président américain Donald Trump salue un «accord historique» sur les minéraux conclu entre les Etats-Unis et l’Ukraine, les attaques meurtrières russes font rage. Récemment, des frappes de drones nocturnes sur la grande ville de Zaporijjia, dans le sud de l’Ukraine, ont fait au moins 29 blessés, selon les autorités. Tandis que des drones lancés par les Russes ont fait 47 blessés ce vendredi à Kharkiv.
Selon le ministre américain des Affaires étrangères Marco Rubio, un accord de paix reste hors de portée: «Ils se sont rapprochés, mais ils sont encore loin l’un de l’autre», a-t-il déclaré sur Fox News. Le Département d’Etat a par ailleurs annoncé vendredi qu’il ne jouerait plus les médiateurs tant que Vladimir Poutine ne serait pas prêt à envisager un cessez-le-feu.
S'armer pour une éventuelle guerre?
Alors que l’attention mondiale reste tournée vers l’Ukraine, le Kremlin en profite pour ouvrir discrètement un second front potentiel. Selon une enquête du «Wall Street Journal» et du groupe finlandais Black Bird, la Russie accélère ses efforts pour militariser sa frontière nord-ouest.
A environ 160 kilomètres de la frontière finlandaise, près de Petrozavodsk, un nouveau quartier général militaire est en construction pour accueillir plusieurs dizaines de milliers de soldats. A Kamenka, à seulement 50 kilomètres de la Finlande, de nouveaux baraquements voient également le jour. Des photos satellites confirment l’ampleur de ces travaux menés au cours des trois dernières années.
Le renforcement ne se limite pas à la Finlande: la Russie étend aussi sa présence le long d’autres frontières de l’OTAN. Le ministère russe de la Défense prévoit en outre l’agrandissement d’un hôpital militaire à Saint-Pétersbourg pour accueillir davantage de soldats.
Des bases à des endroits stratégiques
De nouvelles lignes ferroviaires sont prévues pour transporter troupes et matériel, notamment à proximité des frontières avec la Finlande, la Norvège et l’Estonie. En décembre, la télévision d’Etat russe a diffusé des images de soldats célébrant la restauration d’une brigade ferroviaire héritée de l’ère soviétique.
A Spoutnik, près de la Norvège, une base militaire est transformée en véritable cité militaire. Pour Oslo, qui comptait jusqu’ici sur la barrière géographique de la Finlande, ce développement représente un nouveau risque. La Finlande, désormais membre de l’OTAN, s’était déjà fortement armée face à la Russie et renforce aujourd’hui sa frontière avec des clôtures barbelées et des systèmes de défense électronique.
Réarmement russe massif
La Russie a considérablement augmenté ses dépenses militaires cette année: de 3,6% à plus de 6% du PIB. En comparaison, les Etats-Unis ont consacré 3,4% à leur armée l’an dernier, contre 2,1% en moyenne pour les pays de l’UE. Résultat: l’industrie de l’armement russe tourne à plein régime.
La production de chars T-90M est passée de 40 unités par an en 2021 à près de 300. Pourtant, selon un haut responsable militaire finlandais, ces engins ne sont pas destinés à l’Ukraine, mais stockés pour un usage futur en Russie.
Préparation ou provocation?
Les nouvelles unités déployées à la frontière de l’OTAN recevront la majorité des équipements neufs, tandis que le front ukrainien sera approvisionné avec du matériel plus ancien ou rénové.
Des sources occidentales militaires et de renseignement estiment que Moscou se prépare à une confrontation directe avec l’OTAN. Mais les signaux envoyés par le Kremlin sont ambivalents. Le ministre russe de la Défense Andreï Beloussov parle de la nécessité de «se préparer à un conflit avec l’OTAN», tandis que Poutine accuse l’Occident de «faire peur à sa propre population».