Jusqu’à présent, l’économie russe semblait peu affectée par les sanctions occidentales et le coût faramineux de la guerre en Ukraine. Si certains signes laissaient entrevoir un impact progressif des mesures punitives, la machine économique du Kremlin avait jusqu'ici toujours tenu le coup.
Mais cette fois, la 11e économie mondiale semble bel et bien marquer le pas. Les mesures de protection décrétées par Vladimir Poutine peinent à porter leurs fruits. Selon le magazine «The Economist», trois raisons majeures expliquent cette crise sans précédent.
Fin de la transition vers l'économie de guerre
Après l’invasion de l’Ukraine en février 2022, la Russie a profondément réorganisé son économie, rompant avec l’Occident pour se tourner vers des partenaires commerciaux moins hostiles comme la Chine et l’Inde. De plus, des usines d’armement ont été construites et des investissements colossaux ont été réalisés.
Mais cette dynamique touche à sa fin, comme le souligne «The Economist». La Banque centrale russe a ainsi confirmé que la «transformation structurelle» était désormais achevée. Or, cette situation de transition était un moteur essentiel de la croissance russe. Les dépenses militaire, autre pilier de l'économie, battent également de l'aile: après une hausse de 53% l’an dernier, elles ne devraient croître que de 3,4 % cette année.
Inflation et taux d'intérêts records
Au cours des derniers mois, les prix en Russie n'ont cessé d'augmenter. En mars 2025, l’inflation a atteint 10,1%, du jamais vu depuis deux ans. Un phénomène qui s'explique notamment par la pénurie de main-d'œuvre engendrée par l'envoi de nombreux hommes au front. En parallèle, les salaires ont bondi de 18% en 2024, ce qui a eu pour effet d'accentuer la hausse des prix.
Pour tenter de freiner cette spirale, la Banque centrale russe a relevé son taux directeur à 21%, un niveau inédit depuis le début des années 2000, relève «The Economist». Résultat des courses: ni les entreprises ni les particuliers n’ont intérêt à investir. Dans un tel contexte, les Russes préfèrent placer leur argent sur des comptes d’épargne. Un très mauvais signal pour l’économie du pays.
Moins de recette liées au pétrole
Pendant longtemps, Vladimir Poutine s'en est remis à l'excellente santé de l'économie chinoise et aux prix élevés du pétrole. Mais aujourd'hui, ces deux piliers sont en train de vaciller, explique «The Economist». En effet, la Chine fait face à un ralentissement, exacerbé par la guerre commerciale lancée par le président américain Donald Trump. Dans le même temps, les cours du pétrole connaissent un net recul.
Les revenus russes issus du pétrole et du gaz ont ainsi chuté de 17 % rien qu’en mars. Une perte sèche pour le Kremlin qui, vu l’état de son économie, aurait cruellement besoin de recettes supplémentaires.