Commentaire de Richard Werly
Roumanie, Pologne, Portugal... L'effet Trump patine en Europe

L'échec du candidat pro-Trump à la présidentielle roumaine, l'avantage du candidat pro-européen en Pologne et la victoire de la droite modérée au Portugal envoient le même signal: l'effet Trump existe, mais il commence à patiner, estime notre journaliste Richard Werly.
Publié: 05:49 heures
1/6
La victoire du camp pro-UE en Roumanie (photo) et en Pologne le montre: l'effet Trump existe en Europe, mais il patine.
Blick_Richard_Werly.png
Richard WerlyJournaliste Blick

Toutes les vagues finissent par refluer. Celle initiée par la victoire éclatante de Donald Trump à la présidentielle des Etats-Unis, le 5 novembre 2024, est peut-être en train de montrer ses premiers signes de faiblesse.

Les résultats du dimanche soir 18 mai le confirment: les trois pays européens où les électeurs se rendaient aux urnes ont en effet réservé de mauvaises surprises aux candidats «trumpistes». Défaite en Roumanie, second tour très disputé programmé pour le 1er juin en Pologne, et percée historique mais contenue du parti Chega au parlement portugais: les candidats et les partis désireux d’appliquer la méthode MAGA sur le Vieux continent se retrouvent sur la défensive.

Regarder chaque élection

Il faut, bien sûr, regarder chaque élection dans son contexte national. Et il faut aussi, dans le cas de la Pologne, se préparer dans deux semaines à une deuxième bataille présidentielle très rude. N’empêche: la victoire annoncée du maire de Bucarest Nicusor Dan face au candidat national populiste George Simion avec près de 54% des voix, tout comme le succès de la coalition de droite sortante au Portugal, démontre que le tsunami politique «made in USA» n’a pas eu lieu.

A l’heure où la guerre se poursuit en Ukraine, et au moment où Vladimir Poutine, comme Donald Trump, espèrent imposer leurs vues à une Europe de plus en plus divisée et dominée par des agendas nationalistes et souverainistes, ce dimanche d’élections apporte au contraire un relatif répit. En Roumanie comme en Pologne, les maires de Bucarest et de Varsovie, les deux capitales, ont réussi à endiguer la vague. 

L’exemple hongrois de Viktor Orbán, cet allié zélé de Donald Trump toujours soucieux de ménager la Russie, ne parvient pas à essaimer dans les proportions attendues et redoutées. Les attaques au vitriol contre l’Union européenne et contre les élites politiques traditionnelles se sont heurtées, dans ces pays, à une très forte mobilisation électorale pour éviter un basculement porteur, en ces temps troublés, d’énormes incertitudes.

Apporter des réponses

Le pire serait maintenant, sur la base de ces résultats qui devront être affinés pour en tirer toutes les leçons, d’écarter les questions posées par les candidats nationaux populistes, et surtout de ne pas chercher à y apporter des réponses.

Sur la gestion des migrants, sur une possible autonomie stratégique de l’Europe face aux Etats-Unis, sur les sanctions économiques contre la Russie, mais aussi sur l’entrée future de l’Ukraine dans l’Union européenne, l’urgence est de démontrer aux électeurs que leurs préoccupations ont été entendues, et que leurs peurs ne seront pas ignorées.

Ingérences étrangères, attention!

Affirmer, comme on l’entend trop souvent, que la poussée «trumpiste» constatée partout dans les urnes est avant tout le résultat d’ingérences étrangères sur les réseaux sociaux est un argument aussi démagogique que trompeur. Les populations qui votent avec leur colère ont souvent des raisons légitimes de le faire. 

En tenir compte est indispensable, car même si son déferlement est endigué, cette vague venue d’outre-atlantique est très loin d’avoir perdu sa force. Le second tour de la présidentielle polonaise, le 1er juin, démontrera si la digue est solide. Ou déjà fissurée.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la