Rencontre prévue lundi
Plus de 500'000 déplacés au Cambodge suite au conflit avec Bangkok

Le conflit frontalier entre le Cambodge et la Thaïlande a déplacé plus de 900'000 personnes depuis deux semaines. Une rencontre est prévue lundi à Kuala Lumpur, capitale de la Malaisie.
Au moins 19 personnes sont mortes au Cambodge depuis la reprise des combats le 12 décembre.
Photo: Anadolu via Getty Images
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ATS Agence télégraphique suisse

Au moins 500'000 personnes au Cambodge ont été déplacées en raison d'un conflit frontalier avec la Thaïlande qui a provoqué des affrontements mortels depuis deux semaines. C'est ce qu'a annoncé Phnom Penh dimanche, à la veille de pourparlers régionaux visant à apaiser les tensions.

«Plus d'un demi-million de Cambodgiens, y compris des femmes et des enfants, subissent de graves difficultés en raison de déplacements forcés de leurs foyers et de leurs écoles pour échapper aux tirs d'artillerie, aux roquettes et aux bombardements aériens menés par des (avions de combat) F-16 thaïlandais», a déclaré le ministère de l'Intérieur dans un communiqué, évaluant à 518'611 le nombre total de personnes évacuées.

400'000 personnes déplacées en Thaïlande

En Thaïlande, quelque 400'000 personnes ont été déplacées à cause de la reprise du conflit frontalier, selon Bangkok. Le porte-parole du ministère thaïlandais de la Défense, Surasant Kongsiri, a déclaré dimanche à des journalistes que le nombre de personnes évacuées hébergées dans des refuges avait diminué, même si plus de 200'000 se trouvent toujours dans les centres d'évacuation.

Il a appelé les villageois susceptibles de rentrer chez eux à suivre attentivement les consignes. Selon lui, «il pourrait rester des mines ou des bombes dangereuses».

Temple convoité par Bangkok

Le Cambodge, dont l'armée est surclassée en termes de moyens par celle de Bangkok, a souligné dimanche que les forces thaïlandaises avaient poursuivi leurs attaques dès l'aube, faisant état de combats près du temple khmer de Preah Vihear, vieux de 900 ans, convoité par la Thaïlande.

Selon les bilans officiels respectifs, les affrontements ont fait au moins 41 morts – 22 côté thaïlandais et 19 côté cambodgien – depuis la reprise des combats le 12 décembre, les deux royaumes d'Asie du Sud-Est se disputant de longue date des morceaux de territoire le long de leur frontière, tracée à l'époque coloniale. En juillet, un précédent épisode de violences avait fait 43 morts en cinq jours.

Réunion prévue lundi

Les ministres des Affaires étrangères de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (Asean), dont ceux de la Thaïlande et du Cambodge, doivent se réunir lundi à Kuala Lumpur pour une rencontre spéciale destinée à discuter du conflit. Le Cambodge et la Thaïlande ont tous deux déclaré dimanche que cette réunion en Malaisie devrait permettre d'apaiser les tensions à la frontière.

La porte-parole du ministère thaïlandais des Affaires étrangères, Maratee Nalita Andamo, évoquant une «occasion importante pour les deux parties». Elle a réitéré les conditions préalables aux négociations, notamment la demande de Bangkok que Phnom Penh annonce en premier lieu un cessez-le-feu et coopère aux efforts de déminage à la frontière.

Le gouvernement thaïlandais n'a toutefois donné aucune garantie quant à l'aboutissement d'une trêve. Il déclare dans un communiqué qu'un «cessez-le-feu ne peut être obtenu que s'il repose principalement sur l'évaluation de la situation sur le terrain par l'armée thaïlandaise».

«Position ferme» de Phnom Penh

Le ministère cambodgien des Affaires étrangères a déclaré quant à lui que la réunion visait à apaiser les tensions et à rétablir «la paix, la stabilité et les relations de bon voisinage». Il a réaffirmé la «position ferme» de Phnom Penh «de résoudre les différends et les conflits par tous les moyens pacifiques, le dialogue et la diplomatie».

Fin octobre, le président américain Donald Trump avait assuré avoir résolu le conflit après avoir présidé à la signature d'un accord de cessez-le-feu. Mais celui-ci a été suspendu peu après par Bangkok.

Efforts diplomatiques

Washington, Pékin, l'Union européenne, les Nations unies et la présidence malaisienne de l'Asean ont tous appelés à une cessation des hostilités. Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio a dit vendredi espérer que les deux pays rétabliront la trêve d'ici lundi ou mardi, au moment où les efforts diplomatiques s'accentuent pour mettre un terme au conflit.

La Chine a de son côté dépêché la semaine dernière son envoyé spécial pour les affaires asiatiques au Cambodge et en Thaïlande, dans un effort de médiation. Cet envoyé, Deng Xijun, a rencontré le Premier ministre Hun Manet à Phnom Penh et appelé à une trêve, selon le ministère cambodgien des Affaires étrangères.

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