Aprés les images d'otages
Trump et Netanyahu ont un plan pour en finir avec le Hamas

Tout ou rien: c'est l'offre que Donald Trump est en train de préparer pour stopper les combats à Gaza et faire relâcher les otages. Son émissaire Steve Witkoff aurait prévenu Netanyahu de la volonté américaine d'en finir. Possible?
Publié: 11:00 heures
Partager
Écouter
1/5
Le Hamas ne peut pas faire partie de la future gouvernance de la Palestine: tel est maintenant le credo des pays arabes.
Photo: keystone-sda.ch
Blick_Richard_Werly.png
Richard WerlyJournaliste Blick

«All or nothing»: tout ou rien. Telle est l’option que l’administration Trump défend désormais, pour faire cesser la guerre à Gaza et libérer les 49 otages israéliens encore entre les mains du Hamas, dont 27 sont présumés morts. Une proposition jugée indispensable pour en finir avec la tragédie humanitaire de l’enclave palestinienne, encore plus insoutenable après la diffusion ce dimanche 3 août par le mouvement terroriste palestinien d’images d’otages décharnés, retenus dans un tunnel, en train de creuser ce qui pourrait être leur propre tombe. Une «barbarie» dénoncée par de nombreux dirigeants internationaux.

Tout ou rien: qu’est-ce que cela signifie? Sans doute une double promesse: la libération immédiate de l’ensemble des otages ou l’achèvement coûte que coûte des opérations militaires israéliennes dans la partie sud de l’enclave où la majorité les deux millions de Gazaouis sont parqués. Une offre d’exfiltration des combattants du mouvement de la bande de Gaza – où le Hamas et le Jihad islamique continuent de contrôler par la force la population civile – serait aussi à l’étude avec le soutien des pays arabes qui, désormais, acceptent d’éliminer le mouvement de la future gouvernance de l’Etat de Palestine.

Le rôle de Witkoff

Cette option a, selon le «New York Times», été présentée ce week-end au gouvernement israélien par l’émissaire de Trump, l’ex-promoteur immobilier Steve Witkoff, avant qu’il ne s’envole pour Moscou afin d'y rencontrer Vladimir Poutine. Witkoff est sur la corde raide: toutes ses missions précédentes, en Israël comme en Russie, se sont soldées par des échecs. Aucune ligne rouge n’a bougé. Alors, comment renverser la donne? En ouvrant la voie à une solution militaire israélienne. «Le Hamas devra libérer les otages restants en échange de prisonniers palestiniens et accepter les conditions de fin de guerre, qui incluent le désarmement du groupe. Sinon, l’armée israélienne poursuivra sa campagne», précise le «New York Times».

Ce «Tout ou rien» est-il possible alors que l’Etat hébreu est plus fracturé que jamais sur la conduite des hostilités, que des jeunes israéliens, ex-conscrits à Gaza, se sont fait huer lors de leurs séjours à l’étranger, et que l’extrême droite israélienne menée par le ministre de la Sécurité Bezalel Smotrich multiplie les provocations, en exigeant la recolonisation pure et simple de Gaza? Donald Trump y croit pour trois raisons.

Contenu tiers
Pour afficher les contenus de prestataires tiers (Twitter, Instagram), vous devez autoriser tous les cookies et le partage de données avec ces prestataires externes.

L’urgence du calendrier

La première raison est le calendrier. Le président des Etats-Unis estime que le temps joue maintenant contre Israël, alors que la donne était très favorable après la «guerre des douze jours» contre l’Iran, du 13 au 25 juin. L’annonce par la France d’une reconnaissance de la Palestine en septembre, suivie par des annonces similaires du Canada et du Royaume-Uni (au conditionnel dans le cas de ces deux pays), suivie par un engagement des pays arabes – dont l’Arabie saoudite – à marginaliser politiquement le Hamas, va rendre très compliquées des opérations militaires après le mois d’août. Il faut donc régler cette question au plus vite.

La seconde raison est l’émotion soulevée par les images des otages israéliens décharnés aux mains du Hamas et du Jihad islamique. Pourquoi ces deux mouvements palestiniens ont-ils pris le risque de choquer ainsi l’opinion mondiale? D’abord pour montrer que la famine dans l’enclave touche aussi leurs détenus. Ensuite pour fracturer l’opinion israélienne et relancer la mobilisation pour la libération – ou la restitution des corps – des 49 otages restants. Trump, lui, y voit une raison de plus d’en finir. Plus la tragédie de Gaza se poursuit, avec ce type d’images diffusées sur les réseaux, plus il doit intervenir comme patron de la première puissance mondiale. Surtout s’il veut obtenir le prix Nobel de la paix…

Ultimatum américain

La troisième raison est l’ultimatum que le président des Etats-Unis a adressé à Vladimir Poutine jusqu’au 8 août. La séquence de cette semaine, en théorie, doit être celle d’une Amérique prête à imposer des sanctions à la Russie si elle n’obtempère pas et n’entame pas des pourparlers de paix avec l’Ukraine. Or comment justifier, aux yeux de l’opinion américaine et mondiale, que les Etats-Unis sont enfin durs avec le Kremlin sans imposer leur loi à Gaza et en finir avec le carnage en cours. Il en va aussi de la crédibilité de l’administration Trump dans le «sud global» et notamment dans les pays musulmans.

«All or nothing»: Tout ou rien. C’est aussi une forme d’ultimatum. Or l’on sait que Trump aime, ensuite, repousser les dates et prendre un ultime virage. Mais à Gaza où les largages humanitaires aériens sont très insuffisants pour répondre aux besoins urgents de la population laminée et épuisée, est-ce encore possible d’attendre?

Partager
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la