Douze personnes tuées dans une école
A Gaza, les 5 tragédies humanitaires à regarder en face

Quand cesseront les tirs israéliens sur des sites de distribution alimentaires ou sur des écoles? Alors que Benjamin Netanyahu vient de réitérer son désir d'éliminer le Hamas «jusqu'à la racine», la tragédie humanitaire palestinienne est de plus en plus révoltante.
Publié: 03.07.2025 à 17:13 heures
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Des milliers de Palestiniens souffrent de la faim en raison des attaques israéliennes sur Gaza et du manque d'aide humanitaire.
Photo: IMAGO/Anadolu Agency
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Richard WerlyJournaliste Blick

Quand prendra fin la tragédie humanitaire à Gaza, où une école a de nouveau été frappée dans la nuit de mercredi 2 à jeudi 3 juillet par des frappes israéliennes? Poser cette question, c’est accepter de ne pas pouvoir y répondre. Le premier ministre Benjamin Netanyahu vient encore de promettre «d’éliminer le Hamas jusqu’à la racine». Qu'est-ce que cela veut dire? Voici cinq réponses, toutes plus glaçantes les unes que les autres.

Tragédie N° 1: La mort omniprésente

Gaza est un cimetière où deux millions de Palestiniens, dont la moitié a moins de 18 ans, n’ont pour seule option que la survie au jour le jour. La mort y est omniprésente. Elle peut s’abattre sur n’importe qui, n’importe quand, n’importe où. 

La nuit dernière, des frappes israéliennes ont, selon la défense civile, fait moins 25 morts, dont 12 dans une école abritant des déplacés. Simultanément, d’autres tirs israéliens ont fait six morts et «un grand nombre de blessés» près d’un site de distribution d’aide alimentaire. Du 7 octobre 2023 au début juin 2025, selon des sources palestiniennes confirmées par les organisations internationales, près de 60'000 personnes ont été tuées à Gaza, et 125'000 y ont été blessées.

Tragédie N° 2: La faim instrumentalisée

Une source existe. Fiable. Difficilement contestable. Il s’agit du rapport IPC, alimenté par les témoignages et chiffres des organisations humanitaires présentes dans l’enclave palestinienne. 

Voici ce qu’il dit: «19 mois après le début du conflit, la bande de Gaza est toujours confrontée à un risque critique de famine. Plus de 60 jours se sont écoulés depuis que toute l’aide humanitaire et les fournitures commerciales ont été bloquées, début mars, à l’entrée du territoire. Les produits indispensables à la survie de la population sont soit épuisés, soit en passe de l’être dans les semaines à venir. L’ensemble de la population est confronté à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë, un demi-million de personnes (une sur cinq) risquant de mourir de faim. Du 11 mai à la fin septembre 2025, l’ensemble du territoire est classé en situation d’urgence (phase 4 de l’IPC), la totalité de la population devant faire face à une insécurité alimentaire aiguë de crise ou pire».

Tragédie N°3: La guerre sans fin

Eliminer le Hamas «jusqu’à la racine» est-il possible, comme vient de le promettre à nouveau Benjamin Netanyahu? Non. «Le Hamas ne peut pas être éliminé. Nous ne pouvons pas éliminer une idéologie» lui a répondu, par avance, le contre-amiral Daniel Hagari, l’un des principaux porte-parole de l’armée israélienne. 

Et d’ajouter, comme un défi à son Premier ministre: «Dire que nous allons faire disparaître le Hamas, c’est jeter du sable dans les yeux des gens. Si nous n’offrons pas d’alternative, le Hamas restera en place». Dans un pareil contexte, la guerre sans fin semble programmée, même si Donald Trump a affirmé mercredi sur son réseau social: «Israël a accepté les conditions nécessaires pour finaliser le cessez-le-feu de 60 jours, au cours duquel nous travaillerons avec toutes les parties pour mettre fin à la guerre». Sans préciser ces fameuses conditions…

Tragédie N° 4: Le droit international massacré

Israël est un Etat démocratique, victime le 7 octobre 2023 d’un assaut terroriste de grande ampleur commandité par le Hamas Palestinien. Un assaut qui a fait environ 1 200 victimes et entraîné la prise de 251 otages, dont 54 n’ont pas encore été libérés. 

L’Etat hébreu était dès lors en droit d’exercer sa légitime défense, conformément à l’article 51 de la Charte des Nations unies, qui reconnaît «le droit naturel de légitime défense, individuelle ou collective, dans le cas où un Membre de l’ONU est l’objet d’une agression armée, jusqu’à ce que le Conseil de sécurité ait pris les mesures nécessaires pour maintenir la paix et la sécurité internationales». 

Depuis, Gaza est devenu le théâtre d’un massacre du droit international. C’est le Comité international de la Croix Rouge (CICR) qui l’affirme: «Le Droit international humanitaire (DIH) ne cesse d’y être bafoué. La famine, les déplacements forcés de civils, la détention prolongée d’otages, les attaques contre le personnel humanitaire ou encore les entraves à l’acheminement de l’aide humanitaire constituent autant de violations graves du DIH.» Et le CICR d’ajouter: «Il est interdit d’utiliser la famine comme méthode de guerre contre les populations civiles. Cette interdiction concerne également toute attaque, destruction, retrait ou mise hors d’usage de biens indispensables à la survie de la population».

Tragédie N° 5: Une enfance broyée

«Horreurs inimaginables: plus de 50'000 enfants auraient été tués ou blessés à Gaza». Ce cri d’alarme a été poussé en juin 2025 par le directeur pour le Moyen Orient de l’UNICEF, le fonds des Nations unies pour l’enfance, Edouard Beigbeder. Un verdict sans appel: «Les vies de ces enfants ne devraient jamais être réduites à des chiffres. Or, ces faits font désormais partie d’une longue et pénible liste d’horreurs inimaginables: les graves violations commises à l’encontre des enfants, le blocus de l’aide, la famine, les déplacements forcés constants et la destruction des hôpitaux, des systèmes d’adduction d’eau, des écoles et des maisons. En somme, la destruction de la vie elle-même dans la bande de Gaza».

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