La campagne de votation sur l'initiative des Jeunes Socialistes demandant un impôt sur les successions tourne au vinaigre. Les partisans et les opposants se lancent des piques de plus en plus violentes. Stefan Brupbacher, directeur de Swissmem, l'association de l'industrie suisse des machines, des équipements électriques et des métaux, ne mâche pas ses mots pour critiquer les affiches des JS.
«Sur leurs panneaux, les individus sont présentés comme des criminels, déclare Stefan Brupbacher à Blick. C'est inacceptable, diffamatoire et totalement contraire aux valeurs de la Suisse.»
Les affiches décriées montrent les visages d'entrepreneurs et de milliardaires comme Christoph Blocher et Gianluigi Aponte. Au-dessus de leurs photos, on peut lire «Wanted». De plus, leur fortune est indiquée et qualifiée comme du vol. Les Jeunes Socialistes s'en servent pour promouvoir leur initiative qui demande un impôt sur les successions de 50% sur les fortunes de plus de 50 millions de francs. Le peuple se prononcera sur cette question le 30 novembre.
«Les Jeunes Socialistes bafouent ainsi notre culture politique, ajoute Stefan Brupbacher. Ces entrepreneurs, qui ont fait beaucoup pour notre pays, sont montrés comme des voleurs, alors que c'est en fait les JS qui veulent les exproprier.» Les critiques du patron de Swissmem ne se limitent pas à cette votation. Il prend en grippe l'ensemble des JS. «Lors de la manifestation en faveur de la Palestine à Berne, ils ont glorifié la violence et ont tenu la police responsable de la casse.»
Les super-riches «détruisent notre avenir»
Pourtant, Swissmem, pour inciter les gens à refuser l'initiative «Pour l'avenir», utilise des affiches explosives: une bombe dont la mèche est sur le point de se consumer. Confronté à cette contradiction, Stefan Brupbacher explique que la question a été mûrement réfléchie.
«En effet, dans d'autres régions du monde, des bombes explosent réellement.» Mais le patron estime que l'initiative détruirait les entreprises et, avec elles, les employés. En votant «non», les gens peuvent «empêcher la bombe d'exploser», estime-t-il. Avant d'ajouter que ces affiches ne visent personne en particulier. Cela permettrait de «préserver la décence».
La présidente des Jeunes Socialistes Mirjam Hostetmann s'offusque de cette argumentation. «Ils s'indignent de nos affiches et font ensuite une campagne qui représente les JS comme une bombe, avec des personnes brûlées en arrière-plan. C'est un non-sens. Je trouve ce langage visuel très problématique.»
Il précise: «Swissmem brandit des chiffres qui ne sont étayés par aucune source.» Mirjam Hostetmann conclut en défendant les affiches des JS: elles montrent quels super-riches «détruisent notre avenir avec leurs investissements qui nuisent au climat. Ils doivent être tenus pour responsables.»