Les étrangers établis en terre vaudoise ne pourront toujours pas voter sur le plan cantonal. L'initiative qui voulait leur attribuer ce droit a été nettement rejetée dimanche dans les urnes Initiée par le mouvement citoyen Ag!ssons et soutenue par la gauche, l'initiative a été écartée par 63,6% des votants. Le taux de participation s'est élevé à 42,4%.
Le texte demandait que les étrangers, comme cela se fait depuis 2003 sur le plan communal, puissent participer à des scrutins cantonaux, sous certaines conditions (habiter depuis au moins 3 ans dans le canton et au moins 10 ans en Suisse). Le peuple vaudois n'a toutefois pas voulu changer le système, lui qui avait déjà rejeté une initiative similaire en 2011, balayée à l'époque à près de 70%.
Le résultat de dimanche constitue une victoire pour le PLR et l'UDC qui, associés à la Ligue vaudoise, avaient combattu cette initiative. Selon eux, le droit de vote cantonal doit rester indissociable de la citoyenneté suisse, laquelle aurait été «bradée» si l'initiative était passée.
La naturalisation doit primer
Pour Félicien Monnier, président de la Ligue vaudoise, il ne suffit pas de «vivre ici» pour pouvoir voter. Ce droit doit s'obtenir par un processus qui mène à la naturalisation. «La citoyenneté suisse n'est pas vide de sens et les Vaudois ont prouvé qu'ils y étaient fortement attachés», a-t-il relevé, contacté par Keystone-ATS.
Selon lui, le résultat de dimanche montre aussi «les préoccupations» du canton en matière d'immigration et d'intégration. Au vu du score, Félicien Monnier estime également que cet objet a «dépassé le clivage gauche-droite.» Et de remarquer que seules trois communes ont voté «oui», dont Lausanne, bastion de la gauche mais favorable à seulement 50,5% à l'initiative.
«Petite victoire»
A l'inverse, les partisans de l'initiative avaient milité pour que les non-Suisses, qui représentent plus d'un tiers des habitants du canton, puissent participer à des décisions qui les concernent. Un «oui» aurait permis, selon eux, de mobiliser politiquement les personnes étrangères et d'améliorer leur représentativité.
«Avec notre comité de bénévoles, nous avons réussi à provoquer le débat. A notre échelle, c'est déjà une petite victoire», a relevé Solène Beaud, porte-parole d'Ag!ssons. Elle a aussi noté «la petite progression» par rapport au précédent vote de 2011.
Selon elle, le mouvement Ag!ssons «tire le positif» de cette votation et se prépare pour son «prochain défi», une initiative fédérale pour des transports publics gratuits qu'il lancera au printemps prochain.
Droit peu répandu
Sur le plan politique, une majorité du Grand Conseil avait recommandé de rejeter cette initiative, tout comme le Conseil d'Etat. Celui-ci avait dit reconnaître «les objectifs louables» en matière d'intégration.
Il avait toutefois souligné, lui aussi, que les droits politiques cantonaux devaient s'acquérir par voie de naturalisation. En rejetant cette initiative, Vaud ne rejoindra pas Neuchâtel et le Jura, les seuls à autoriser le vote des étrangers au niveau cantonal.
Les citoyens vaudois confirment aussi le signal envoyé le 28 septembre lors du précédent dimanche de votation. Déjà interrogés sur le droit de vote des étrangers, mais au niveau communal, ils avaient dit «non» à 56% à une réduction du délai d'attente pour que ces personnes puissent voter dans leur commune.
A l'autre bout du pays, les citoyens d'Appenzell Rhodes-Extérieurs ont eu aussi sèchement refusé d'élargir le droit de vote aux étrangers au plan cantonal. Ils ont opté dimanche pour la version de leur constitution révisée qui exclut une telle option.