Après le rejet du Service citoyen
Martin Pfister peut souffler, mais le vrai casse-tête à la Défense ne fait que commencer

Le peuple a massivement rejeté l'initiative Service citoyen. Le conseiller fédéral Martin Pfister a toutefois du pain sur la planche, au vu des importants problèmes d'effectifs au sein de la protection civile et l'armée.
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Le conseiller fédéral Martin Pfister est confronté à des problèmes de personnel.
Photo: keystone-sda.ch
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Lucien Fluri et Daniel Ballmer

Le conseiller fédéral Martin Pfister peut souffler – du moins, pour l'instant. Les Suisses ont massivement rejeté l'initiative sur le Service citoyen, qui a essuyé l'un des pires scores de l'histoire avec un refus à 84%. Un résultat devant réjouir le ministre de la Défense, qui avait fait campagne contre l'initiative, notamment à cause des coûts faramineux engendrés. 

Mais le répit sera de courte durée. Martin Pfister doit encore régler tous les problèmes de personnel dans les différents services de défense. A commencer par la protection civile: selon le Département de la défense (DDPS), il y a «nettement moins de personnes astreintes que prévu». Au lieu des 72'000 hommes nécessaires, seuls 60'000 sont actuellement en service. Beaucoup préfèrent s'orienter vers le service civil.

L'armée traverse aussi une phase compliquée. «A la fin de la décennie, il nous manquera environ un quart des effectifs!», avait mis en garde Thomas Süssli, le chef de l'armée sortant. Cela représente environ 30'000 soldats. «Ce qui compte, c’est que les personnes accomplissent réellement leur service. Nous continuerons donc à renforcer l’attrait du service militaire et de la protection civile», avait promis en novembre Martin Pfister. Parallèlement, les possibilités de renoncer au service devraient être davantage limitées.

Des coûts élevés comme obstacle

Depuis des années, le DDPS cogite pour réussir à imposer un nouveau modèle d'obligation de servir – sans succès jusqu'à présent. Au début de l'année, l'ancienne ministre de la Défense Viola Amherd avait essuyé un véritable camouflet lorsque le Conseil fédéral avait rejeté ses propositions.

Deux modèles sont actuellement en discussion: dans le cas de l'«obligation de servir dans la sécurité», la protection civile et le service civil seraient fusionnés pour former la protection contre les catastrophes. Dans le cas de «l'obligation de servir en fonction des besoins», les femmes devraient également s'engager. La majorité bourgeoise du Parlement souhaite introduire le plus rapidement possible l'obligation de servir dans la sécurité.

Cependant, les coûts élevés restent un véritable point de blocage: dans les deux scénarios, il faudrait investir près de 900 millions de francs dans des logements et des infrastructures de formation. A cela s'ajouteraient aussi près de 900 millions de francs annuels pour la Confédération et les cantons. 

D'ici fin 2027, le Département de la défense doit présenter au Conseil fédéral une nouvelle proposition sur la marche à suivre.

Le Conseil fédéral veut recruter des femmes

Par ailleurs, le Conseil fédéral veut impliquer davantage les femmes dans la défense. Il veut notamment instaurer une journée d'information obligatoire, afin qu'elles se fassent une idée plus générale de ce que sont l'armée et la protection civile. «Aujourd'hui, beaucoup de femmes ne savent même pas que le service militaire ou la protection civile pourrait être une option intéressante pour elles», a récemment déclaré Martin Pfister.

La Confédération espère ainsi que le service volontaire puisse attirer davantage de femmes. Mais pour que cette journée obligatoire puisse être introduite, il faut que cela passe par les urnes, étant donné qu'une modification constitutionnelle est nécessaire. 

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