Face aux droits de douane
Victorinox made in USA? Quand le couteau suisse risque de perdre son identité

D'après un article du «New York Times», Victorinox, visée par les droits de douane de Trump, envisage une délocalisation partielle aux Etat. Mais le célèbre couteau suisse le restera-t-il s'il prend racine outre-Atlantique? L'entreprise suisse répond.
Publié: 16:06 heures
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«Transférer la production à l'étranger saperait l'essence même de notre marque», a déclaré le CEO de Victorinox Carl Elsener.
Photo: Keystone
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Nathalie Benn

«Si le couteau de poche suisse est fabriqué en Amérique, est-il encore suisse?» C'est la question que pose le «New York Times» dans un grand article. En ligne de mire: le fabricant de couteaux de poche Victorinox, dont le siège est à Ibach, dans le canton de Schwyz.

Le journal y fait une déclaration explosive: «Des entreprises comme Victorinox se demandent si elles doivent délocaliser une partie de leur production en Amérique», peut-on y lire. Et en effet, face au marteau douanier de Donald Trump, la délocalisation aux Etats-Unis permettrait à l'entreprise d'économiser 500'000 dollars, écrit le journal.

La réponse de Victorinox

Qu'y a-t-il de vrai dans cette spéculation? Blick a directement posé la question à Victorinox. «L'entreprise envisage effectivement des possibilités de délocaliser des processus de production aux Etats-Unis», confirme une porte-parole de l'entreprise suisse.

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Transférer la production à l'étranger saperait l'essence même de notre marque
Carl Elsener, CEO de Victorinox
»

Mais Victorinox veut toutefois continuer à produire ses couteaux en Suisse. «Transférer la production à l'étranger saperait l'essence même de notre marque», a déjà déclaré son CEO Carl Elsener au «New York Times».

Pour l'instant, aucun emploi n'est concerné par ces réflexions, explique la porte-parole à Blick. Mais cela pourrait changer en fonction de la durée et du montant des droits de douane américains.

Des coûts supplémentaires de 13 millions?

Les Etats-Unis sont le marché le plus important pour l'entreprise. Pendant des décennies, l'entreprise a payé un droit de douane américain de 4,5%, qui s'élève désormais à 44%, selon le groupe. La dévaluation du dollar par rapport au franc suisse d'environ 12% depuis le début de l'année pose également des problèmes, car cela fait encore grimper les coûts. 

Dès l'année prochaine, Victorinox s'attend donc à des coûts supplémentaires pouvant atteindre 13 millions de dollars par an. «Cela représente un défi majeur pour notre compétitivité, nos marges et notre stratégie», explique la porte-parole.

A court terme, il est encore possible d'atténuer la charge grâce à des augmentations de stock anticipées. Car dès qu'il a été clair que la Suisse serait menacée de droits de douane par les Etats-Unis, Carl Elsener a réagi. «En janvier, j'ai immédiatement ordonné à notre équipe de faire tourner la production à plein régime et de reconstituer les stocks aux Etats-Unis», a déclaré l'entrepreneur au journal américain.

Merci l'Asie!

L'entreprise fait déjà des concessions pour conserver sa «suissitude». Comme l'a révélé le magazine des consommateurs «K-Tipp», Victorinox fait produire ses valises et ses sacs à dos au Vietnam, en Chine et en Indonésie. Et ce à des prix très avantageux, ce qui permet à l'entreprise d'encaisser des marges élevées. En effet, la clientèle paie en moyenne six fois plus pour les produits que ce qu'ils coûtent réellement, selon le magazine de consommateurs.

Victorinox s'en défend: les produits sont proposés dans le monde entier «dans une fourchette de prix similaire». Il ne reste plus qu'à espérer que l'entreprise emblématique a mis de côté un peu de ses marges bénéficiaires pour résister à la tempête douanière de Trump – et pour préserver la «suissitude» de ses couteaux de poche.

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