Le Tribunal cantonal vaudois a annulé l'ordonnance de classement dans l'affaire Lamin Fatty, un jeune Gambien de 23 ans arrêté par erreur et mort dans une cellule de la police cantonale en 2017. Le Ministère public devra effectuer un complément d'instruction quant à l'emploi du temps du centraliste chargé de sa surveillance, a révélé mercredi soir la RTS.
Pour l'avocat de la mère de la victime, Christophe Taffelmacher, interviewé dans le 19:30, l'annulation de l'ordonnance de classement «réouvre l'espoir qu'on puisse arriver, à brève échéance, à un renvoi devant le tribunal et un procès public.»
Le centraliste «a été inattentif, il n'a pas été jusqu'au bout de son boulot, il aurait dû alerter, appeler les secours. Selon les médecins légistes, il aurait été possible d'éviter la mort s'il y avait eu une réaction immédiate», explique-t-il.
Pour sa part Stefan Disch, avocat du centraliste, relève que «l'arrêt cantonal ordonne un complément d'instruction sur quatre ou cinq points, mais à aucun moment n'indique que mon client aurait commis une infraction et devrait être mis en accusation.»
«Le Tribunal cantonal retient expressément que le centraliste a une multitude de tâches. Il y a notamment les contrôles d'accès, les téléphones, la tenue d'un journal. Finalement, la surveillance des cellules par des caméras est une petite partie de son activité. C'est beaucoup pour un seul homme», conclut-il.
Concours de circonstances
Le 24 octobre 2017, alors qu'il est filmé en permanence par des caméras au centre de la police à la Blécherette, Lamin Fatty, arrêté par erreur, est victime d'une crise d'épilepsie qui dure environ 1h30. Il décède dans sa cellule, sans que personne n'intervienne.
Un agent chargé de la vidéosurveillance sera prévenu d'homicide par négligence pour ne pas avoir remarqué cette crise. La procureure en charge de l'enquête a rendu une ordonnance de classement en novembre dernier. Elle avait conclu que ce «centraliste» n'avait joué aucun rôle direct et imputable à faute dans l'issue tragique. Elle avait fait état d'un décès dû «à une chaîne de malheureux concours de circonstances».