Une candidature suisse pour 2030
Des Jeux olympiques d'hiver peu coûteux et verts peuvent-ils convaincre?

Des Jeux d'hiver en Suisse semblent soudainement à nouveau envisageables. Une large alliance s'engage en ce sens avec un concept décentralisé et durable.
Publié: 13.08.2023 à 06:04 heures
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La Suisse aime les sports d'hiver. Assez pour organiser des Jeux olympiques?
Photo: Sven Thomann
Emanuel Gisi

La Suisse devrait accueillir les Jeux olympiques d'hiver. Ce qui était au mieux chuchoté il y a encore quelques mois se concrétise aujourd'hui sérieusement, comme a pu l'apprendre Blick.

Les fédérations nationales de sports d'hiver et l'association faîtière du sport suisse, Swiss Olympic, sont sur le point d'entamer un «dialogue ciblé» avec le Comité international olympique (CIO) pour que les Jeux de 2030, 2034 ou 2038 aient lieu en Suisse. Cela signifie que tout pourrait s'accélérer dès novembre.

Pourtant, à l'été 2018, près de 54% des Valaisans disaient encore non à une candidature olympique pour 2026. Et les Grisons ne voulaient pas non plus entendre parler de Jeux d'hiver dans leur canton, ni en 2013 ni en 2017. La liste continue avec l'échec des tentatives de Sion en 2002 et 2006, lorsque même le passionné de sport Adolf Ogi n'a pas pu apporter la flamme olympique en Suisse.

Tout existerait déjà en Suisse

Alors, comment en vient-on à vouloir à nouveau organiser des Jeux d'hiver en Suisse? Selon le plan actuel, les Jeux seraient les plus innovants et les plus durables de l'histoire. Les compétitions seraient organisées de manière décentralisée dans tout le pays, sur la base des infrastructures existantes. Celles-ci sont disponibles, car la Suisse a déjà accueilli une série de championnats du monde dans un passé récent et en prévoit d'autres dans les années à venir.

Il n'y aurait même pas besoin de construire un village olympique, tous les sportifs seraient logés dans des hôtels existants. Cela semble presque trop beau pour être vrai. Et pourtant, on rencontre beaucoup d'optimisme lorsqu'on sonde les milieux sportifs.

Convaincre le public suisse sera essentiel

Aujourd'hui, le CIO peine à trouver des lieux pour organiser des Jeux d'hiver. Alors que les nations de sports d'hiver s'arrachaient autrefois ces compétitions prestigieuses, plus aucun pays démocratique ne se bouscule au portillon du CIO pour organiser les Jeux. C'est pourquoi l'organisation créée par Pierre de Coubertin a adopté une approche proactive et cherche désormais à collaborer avec la Suisse et d'autres nations intéressées.

L'espoir est de trouver ainsi des moyens d'organiser des Jeux qui ne creuseraient pas (trop) les caisses de l'Etat. Pour la vice-présidente de Swiss Olympic Ruth Wipfli Steinegger et les patrons du sport comme le chef de la fédération de ski Urs Lehmann, il s'agit toutefois d'abord de convaincre le public.

Oublier Thomas Bach et viser 2030

Problème: le président du CIO Thomas Bach est et reste le visage des Jeux. L'Allemand a permis que le gigantisme olympique prenne des traits de plus en plus grotesques et ne voyait aucun problème à ce que les Jeux soient attribués à des régimes autoritaires comme ceux de la Chine ou de la Russie. Aux yeux du public sportif, Thomas Bach est le symbole de la dérive morale du CIO au cours des dernières années.

Mais si l'on parvient à faire évoluer l'opinion dans ce domaine, tout pourrait bouger extrêmement rapidement. Certains observateurs le disent: c'est maintenant ou jamais! Soit la Suisse parvient à obtenir les Jeux d'hiver 2030, soit elle doit définitivement oublier ses rêves olympiques.

Le raisonnement est le suivant: Salt Lake City (Etats-Unis) est un autre candidat prometteur, mais la capitale de l'Utah, n'entre pas en ligne de compte pour 2030, car les Jeux d'été de 2028 auront déjà lieu aux Etats-Unis, à Los Angeles. En 2034, une destination étasunienne serait en revanche envisageable pour les Jeux d'hiver, certains initiés comptant fermement sur l'organisation des Jeux à Salt Lake City.

Soutien politique

Cette nouvelle approche est bien accueillie par les parlementaires suisses. Le conseiller national socialiste bernois Matthias Aebischer déclare: «Si nous pouvons organiser les Jeux avec les infrastructures existantes, de manière cohérente et durable, alors nous devons le faire.»

Quant au conseiller aux Etats PLR zurichois Ruedi Noser, il se prononce également en faveur de Jeux d'hiver en Suisse: «La Suisse doit montrer au monde à quoi ressemblent des Jeux durables et adaptés à notre époque!»

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