Un problème de santé publique!
Les effets de l'insomnie chronique sont plus dramatiques que l'on ne croit

Seule la visite d'une clinique du sommeil a permis de soulager les souffrances de Sabine Plüss. Comme elle, des centaines de milliers de Suisses souffrent de troubles chroniques du sommeil. Désormais, le sujet est politique.
Publié: 18.03.2024 à 10:57 heures
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Sabine Plüss souffre d'insomnie chronique. Pendant des années, elle est restée éveillée pendant des nuits entières.
Photo: Philippe Rossier
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Sophie Reinhardt

Depuis plus de 20 ans, Sabine Plüss lutte contre des troubles du sommeil. Certaines nuits, elle ne dort que deux heures. Tout ça a des retombées durant ses heures de travail le lendemain. «Mais ça va, même si je suis parfois irritable et émotive», raconte-t-elle à Blick.

Cette infirmière de profession souffre de troubles du sommeil chroniques depuis de nombreuses années. Et pendant la pandémie, le manque de sommeil s'est aggravé à cause du stress, entraînant l'apparition de douleur aux bras et aux jambes: «J'avais parfois du mal à marcher, c'est extrêmement angoissant.»

Ses symptômes ressemblant à ceux de la sclérose latérale amyotrophique (SLA), une grave maladie nerveuse, Sabine Plüss a rapidement consulté un spécialiste pour finalement se rendre compte que le manque de sommeil était à l'origine de ses douleurs.

La vie sociale de Sabine Plüss, qui adorait pourtant cuisiner pour ses amis et sa famille, a, elle aussi, pris un coup: «Je trouvais de moins en moins d'énergie pour faire tout ça, et je me suis isolée.»

Sabine Plüss a longtemps hésité à avoir recours aux somnifères, consciente des risques de dépendance, raconte-t-elle, Mais en prenait quand même pour retrouver le calme.

Certaines nuits, l'infirmière passait des nuits entières à lire des romans policiers et des livres de voyage sur le canapé, sans jamais parvenir à trouver le sommeil. Seul un séjour dans une clinique du sommeil a finalement apporté une amélioration.

Des conséquences dramatiques sur la santé... économique du pays!

Sabine Plüss n'est pas seule à souffrir de troubles du sommeil: selon la dernière enquête suisse sur la santé, un homme sur quatre et une femme sur trois se plaignent de troubles de l'endormissement ou du sommeil. Les problèmes de sommeil fréquents et persistants qui entraînent des perturbations dans la vie quotidienne sont rassemblés sous l'appellation insomnie chronique. Plus de 10% des Suisses souffrent de cette pathologie.

Les répercussions économiques et sociales sont dramatiques, comme le montre une étude du groupe de réflexion Rand. Ainsi, les personnes souffrant d'insomnie chronique s'absentent deux fois plus au travail que celles qui ne souffrent pas de troubles du sommeil chroniques. Ainsi, si l'insomnie était traitée efficacement en Suisse, le produit intérieur brut augmenterait jusqu'à 1,31 %, a calculé Rand. Soit 10,2 milliards de francs.

Entre-temps, le sujet a également éveillé l'intérêt des politiques. Les conseillers nationaux Manuela Weichelt (les Vert-e-s) et Beat Walti (PLR) ont tous deux demandé au Conseil fédéral d'évaluer les conséquences sanitaires et économiques de l'insomnie chronique. Manuela Weichelt affirme que l'attention portée par la sphère politique est encore trop faible, alors que «la durée de sommeil des enfants et des adultes ne cesse de diminuer».

Le Conseil fédéral ne voit pas la nécessité d'agir

Certes, le Conseil fédéral reconnaît de son côté que l'effet délétère des troubles chroniques du sommeil sur la santé des personnes concernées.

Le Conseil fédéral ne juge toutefois pas nécessaire de procéder à un dépistage plus approfondi des problèmes et des troubles du sommeil, comme l'aurait souhaité Manuela Weichelt. L'assurance de base prend déjà en charge différentes offres de traitement de l'insomnie chronique. Tout comme la psychothérapie, argumente le Conseil fédéral.

De son côté, la fondation Promotion Santé Suisse est en train de développer un «réseau sommeil», qui devrait être déployé dans les prochains mois pour permettre aux personnes concernées, aux médecins, aux assurances et aux entreprises d'échanger et de se mettre en réseau.

Sabine Plüss est également favorable à un tel réseau. Elle qui, après une thérapie de trois semaines à la clinique du sommeil de Zurzach, souffre encore par moments de nuits blanches: «Mais je suis moins stressée parce que je sais que des nuits meilleures reviendront.»

Elle a également appris des exercices de respiration et de méditation qui l'aident à s'endormir. Aujourd'hui, l'infirmière conseille aux personnes concernées de demander de l'aide, avant que les troubles ne s'installent et ne deviennent chroniques.

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