Déjà condamné par la justice
A Zurich, un bénéficiaire de l’AI agresse un homme et échappe à toute sanction

Un incident à la gare centrale de Zurich s'est soldé par un pied cassé pour le manager événementiel Beat S. Son agresseur, Mario T., n'a reçu qu'une amende, bien qu'il ait déjà un casier judiciaire. La victime crie à l'injustice.
Publié: 20:58 heures
Partager
Écouter
1/6
Beat S., agressé à la gare de Zurich, a le pied fracturé.
Photo: Ralph Donghi
RMS_Portrait_AUTOR_881.JPG
RMS_Portrait_AUTOR_940.JPG
Sandro Zulian et Ralph Donghi

Beat S.*, originaire de Muri dans le canton d'Argovie, est en colère. «Cet homme, bénéficiaire de l’AI, importunait certaines femmes et paraissait fortement ivre, c'est ce qui m’a poussé à intervenir. Mais il refusait de quitter les lieux, raconte ce manager événementiel à Blick. Maintenant, je suis coincé chez moi avec un pied cassé. Et lui, qui a déjà un casier judiciaire, ne risque même pas la prison! C’est inacceptable.»

L'incident s'est produit le 12 septembre, vers 20h, à la gare centrale de Zurich. «J'étais le chef de projet d'un événement de street food», raconte Beat S. Un homme, «très ivre», Mario T.** a tenté de voler quelque chose et n'a pas voulu quitter les lieux lorsque cela lui a été demandé. «J'ai voulu le raccompagner. Seulement, je n'ai pas anticipé ce qui est arrivé après.»

«Il m'a tiré et m'a jeté à terre»

Mario T. l'aurait ensuite attaqué. «Il m'a tiré, m'a jeté par terre et est tombé sur mon pied gauche», raconte Beat S. La sécurité de la gare arrive alors rapidement et procède à un contrôle d'identité. Mais Mario T. résiste, lance une bouteille de bière aux pieds des agents de sécurité et les frappe également. Beat S. a ensuite dû être transporté en ambulance à l'hôpital. Son pied était fracturé.

Le lendemain, le ministère public zurichois rend une ordonnance pénale contre Mario T. dans le cadre d'une procédure rapide. Il s'est rendu coupable de violences et de menaces contre les autorités et les fonctionnaires, de lésions corporelles simples et de voies de fait. Sa sanction? Une amende ferme de 4500 francs et une autre de 400 francs.

Beat S. a, pour sa part, un arrêt de travail d'«au moins six semaines». Il ne peut donc plus participer à aucun événement. Selon lui, il perd une somme «à cinq chiffres». Bien sûr, il est assuré, mais l'argent ne couvrira jamais la perte totale. Il doit en outre payer lui-même d'autres frais, comme par exemple l'ambulance.

L'agresseur se filme en vacances

Beat S. a la rage au ventre. «Le coupable ne doit même pas aller en prison!» Et ce, bien que l'homme ait déjà reçu une peine avec sursis de sept mois en juillet 2022.

«En tant que bénéficiaire de l'AI, il ne peut de toute manière pas payer l'amende.» Il se dit «déçu» par le jugement. On lui a toutefois indiquer qu'il pouvait porter plainte par voie civile. «Mon avocat m'a déjà dit qu'il n'y avait de toute façon rien à obtenir de lui», explique-t-il.

Selon Beat S., «Mario T. continue de diffuser publiquement des vidéos dans lesquelles il célèbre sa vie». Actuellement, l'agresseur est en vacances. La victime demande que quelque chose soit fait. «Je pense qu'il faut modifier la loi. Il n'est pas acceptable que l'agresseur soit protégé et que la victime, qui paie des impôts et des assurances, reste sur le carreau.»

Le ministère public renvoie à la politique

«La question de savoir si les peines pécuniaires doivent être supprimées à l'avenir pour les prévenus ayant un casier judiciaire est une question politique», répond le ministère public zurichois. Actuellement en Suisse, les peines de moins de six mois peuvent être remplacées par une amende, et ceux qui ne peuvent pas payer vont en prison.

Pour des raisons de protection de la vie privée, le ministère public ne souhaite pas donner de détails sur ce cas concret. «En règle générale, selon la situation juridique actuelle, les peines ne se calculent pas uniquement en fonction des antécédents judiciaires», explique-t-il. L'ordonnance pénale n'étant pas encore entrée en vigueur, la présomption d'innocence s'applique.

«Je suis vraiment désolé de ce qui s'est passé»

Et que dit l'agresseur? Au téléphone, Mario T. se repent auprès de Blick. En fait, il ne se souvient pas très bien de ce qui s'est passé le 12 septembre. Il faut dire que son quotidien n'est pas évident: l'homme souffre d'alcoolisme et est déjà passé plusieurs fois dans une clinique de désintoxication, sans succès. «J'aurais été d'accord d'aller en prison. Mais je ne peux pas», explique-t-il.

Il demande pardon à Beat S. «Je suis vraiment désolé de ce qui s'est passé. Je vais essayer de m'améliorer.» Il propose des excuses personnelles et un entretien au lésé. Selon ses propres déclarations, Marco T. est sobre depuis plus d'une semaine au moment de l'entretien avec Blick. Il est en train de passer des vacances avec sa famille. Il est conscient d'avoir un problème. «J'ai exagéré», reconnait-il.

* Nom connu
** nom modifié

Partager
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la
Articles les plus lus
    Articles les plus lus