L’accord tarifaire avec les Etats-Unis a finalement abouti. Guy Parmelin annonce que les droits de douane devraient passer de 39% à 15%. Mais plusieurs points restent incertains: la déclaration signée n’a aucune portée juridique, même si Washington estime qu’elle suffit pour appliquer rapidement la réduction annoncée vendredi.
Pour Guy Parmelin et la secrétaire d’Etat Hélène Budliger Artieda, le dossier est loin d’être bouclé. La déclaration doit être transformée en contrat formel dans les prochains mois, ce qui implique de nouvelles discussions, susceptibles de modifier le texte initial. Une fois l’accord finalisé, le Parlement – et potentiellement le peuple en cas de référendum – aura le dernier mot.
Le PS et les Vert-e-s veulent plus d'informations
Les premières réactions sceptiques viennent du parti socialiste (PS) et des Vert-e-s, qui accueillent l’accord avec prudence. Mattea Meyer, coprésidente du PS, juge prématuré d’évoquer un référendum. «Nous ne savons toujours pas ce que contient exactement l’accord. Le conseiller fédéral Parmelin est resté trop flou», affirme-t-elle à Blick. «Quand je compare le communiqué de presse suisse avec les déclarations de la Maison Blanche, je suis sceptique. Les Etats-Unis affirment qu'il n'y aura pas de taxation pour les entreprises technologiques ni de procédures d'autorisation simplifiées pour les produits pharmaceutiques. Rien de tout cela n'a été mentionné en Suisse jusqu'à présent.»
Pour Mattea Meyer, il est donc trop tôt pour trancher. «Mais si l’accord met en danger la santé publique, renforce l’alignement sur la politique étrangère de Trump via des sanctions ou des contrôles à l’exportation, ou s’il favorise les grandes entreprises technologiques américaines, nous ne pourrions évidemment pas accepter un tel accord.»
«Il est incompréhensible que Parmelin n'ait pas attendu»
La présidente des Vert-e-s, Lisa Mazzone, estime elle aussi qu’il manque encore trop d’éléments pour se prononcer sur un éventuel référendum. «La question se posera, mais pour l’instant, on ignore réellement ce que contient l’accord et l’étendue des concessions faites par la Suisse.» Elle refuse pour l’heure de fixer les lignes rouges.
Elle va toutefois plus loin dans la critique, parlant d’un véritable «contrat de soumission» et reprochant à l’élite économique suisse comme au Conseil fédéral de s’être inclinés devant Donald Trump. Elle juge également incohérent de conclure un accord alors que la Cour suprême américaine pourrait bientôt annuler les droits de douane. «La Suisse pourrait-elle vraiment revenir sur des concessions dommageables dans un tel scénario? Il est incompréhensible que Parmelin n’ait pas attendu.»
La Cour suprême américaine doit encore se prononcer sur la légalité des droits de douane, et les conséquences d’une éventuelle annulation restent incertaines. Guy Parmelin juge toutefois plausible que Washington mette en place un autre dispositif. «Je ne pense pas que nous reviendrons au statu quo du jour au lendemain, ne serait-ce que pour des raisons techniques. Il y aura une période d’observation pour voir ce que décidera le gouvernement américain.»
Même avec un accord, la Suisse demeure exposée aux revirements du président américain. Selon Jamieson Greer, représentant de Trump au commerce, des «ajustements» seraient envisageables si les entreprises ne respectent pas leurs engagements financiers de plusieurs milliards de dollars ou si le déficit commercial «devient incontrôlable». Il souligne néanmoins que les entreprises ont, jusqu’ici, fait preuve de «bonne volonté».