Les taxes de Trump sont levées
La gauche s'insurge contre les concessions du Conseil fédéral

Les partis de droite saluent la réduction des droits de douane américains sur les produits suisses, mais restent prudents. Les Vert-e-s critiquent vivement les concessions du Conseil fédéral, craignant des impacts négatifs sur les consommateurs et l'agriculture.
Lisa Mazzone, présidente des Vert-e-s, le 2 octobre 2024 à Berne.
Photo: KEYSTONE
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ATS Agence télégraphique suisse

Les partis de droite ont salué l'entrée en vigueur des droits de douane réduits, en particulier l'effet rétroactif. Mais ils soulignent que le chemin reste encore long pour obtenir un accord juridiquement contraignant. A gauche, les Vert-e-s tirent à boulets rouges sur les concessions du Conseil fédéral.

L'UDC salue la réduction à 15% des droits de douane américains sur les produits suisses. C'est un grand succès pour la Suisse, a dit le conseiller national Thomas Aeschi à Keystone-ATS, attribuant les mérites en particulier au ministre de l'économie et camarade de parti Guy Parmelin. Ce qui a été convenu n'est pas encore juridiquement contraignant, a néanmoins averti Thomas Aeschi. D'autres négociations seront nécessaires pour parvenir à un accord commercial juridiquement contraignant. Le Conseil fédéral a adopté vendredi dernier le projet de mandat de négociation pour ces négociations.

Ce n'est que la semaine prochaine qu'il sera soumis aux commissions parlementaires compétentes pour consultation, puis les gouvernements cantonaux seront entendus, a expliqué Guy Parmelin mercredi. Thomas Aeschi ne s'attend pas à ce que le mandat soit modifié dans le cadre de ce processus. Ce n'est d'ailleurs pas le mandat qui est décisif, mais l'accord qui sera finalement négocié, selon lui.

Processus de «deux ans»

L'entrée en vigueur des droits de douane réduits, avec un effet rétroactif, est une «bonne nouvelle», a déclaré à Keystone-ATS Christopher Ulmer, porte-parole du PLR. Mais ce n'est que le début d'un long processus de négociations qui durera environ deux ans, a-t-il relevé. Il est ainsi difficile de juger des résultats à ce stade. Le parti analysera en outre certains aspects de manière critique, a ajouté Christopher Ulmer, sans plus de précisions.

«Nous faisons tout cela pour les emplois, mais en fin de compte, c'est l'accord final qu'il faudra juger», a observé pour sa part le président du Centre Philip Matthias Bregy. Le Haut-Valaisan a salué surtout le fait que l'économie dispose désormais d'une plus grande sécurité de planification.

«Pas de Cybertrucks dans les quartiers»

Comme le 14 novembre, la présidente des Vert-e-s Lisa Mazzone se montre particulièrement sévère. Elle juge les concessions du gouvernement problématiques. «Le Conseil fédéral crée des faits accomplis quelques jours avant même que le Parlement ne soit consulté. La population suisse ne veut ni viande hormonée bon marché, ni poulets chlorés dans ses assiettes, ni Cybertrucks dans les quartiers», a-t-elle assuré dans une prise de position.

«Les Vert-e-s n'accepteront pas un accord aux dépens des consommateurs et de l'agriculture», a-t-elle ajouté, exigeant la publication du mandat de négociation, avec tous les détails, «afin que non seulement les milliardaires de la 'Team Switzerland', mais aussi l'ensemble de la population ait son mot à dire».

«Pas à n'importe quel prix»

«Des droits de douane de 15% sont un pas dans la bonne direction, mais ils ne doivent pas être obtenus à n'importe quel prix», a déclaré le conseiller national Fabian Molina (PS/ZH). Il est hors de question que la Suisse renonce à une taxe numérique pour les géants de la technologie ou à la protection des données, uniquement pour plaire aux États-Unis du président Donald Trump», a mis en garde le Zurichois.

L'éventuelle obligation de délocaliser 200 milliards de francs vers les Etats-Unis doit également être examinée de manière critique, a-t-il ajouté, soulignant que personne ne peut évaluer aujourd'hui les risques associés à une telle promesse.

«Objectif libre-échange»

Les Vert'libéraux saluent la baisse des droits de douane américains à 15%. L'objectif doit rester le «zéro net», comme pour le climat, a affirmé le président du parti Jürg Grossen sur X. Lors de l'annonce de l'accord le 14 novembre dernier, le parti avait déjà plaidé pour le libre-échange avec les Etats-Unis.

En outre, les efforts du Conseil fédéral pour la conclusion de nouveaux accords de libre-échange et la mise à jour des accords existants restent essentiels. Il est tout aussi important de garantir les accords bilatéraux éprouvés avec le principal partenaire commercial de la Suisse, l'UE, souligne le PVL.

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