Après l'accord douanier avec Trump
Markus Ritter réclame des compensations pour protéger l'agriculture suisse

Dans le cadre du nouvel accord douanier, la Suisse a fait des concessions aux Etats-Unis en matière d'importation de viande et de produits laitiers. Critique, le président des paysans suisses demande des mesures de compensation.
Publié: 11:30 heures
Partager
Écouter
1/4
Le Conseil fédéral doit examiner des mesures d'accompagnement pour les agriculteurs suisses, estime le président des agriculteurs, Markus Ritter.
Photo: Thomas Meier
Raphael_Rauch (1).jpg
Raphael Rauch

Au début, il s'agissait de buffles. Puis de bœuf, de poulet et de produits laitiers. Mais reprenons les choses dans l'ordre. Le conseiller fédéral Guy Parmelin et la secrétaire d'Etat Helene Budliger Artieda se sont envolés mercredi soir pour Washington. Non pas avec des Rolex et des lingots d'or dans leurs bagages, mais avec du chocolat et du fromage à fondue. 

Le représentant américain au commerce, Jamieson Greer, en plus d'avoir adoré les attentions de ses hôtes, a confirmé ce dont les trois avaient déjà discuté une semaine auparavant lors d'une vidéoconférence: les droits de douane de 39% seraient bientôt de l'histoire ancienne et la Suisse ne devrait bientôt plus payer «que» 15% des taxes d'importation, soit autant que l'Union européenne (UE). 

Vendredi, Guy Parmelin a informé les dirigeants des partis du nouvel accord douanier. Selon plusieurs informations, le ministre de l'Economie aurait été bref: lorsque des questions critiques ont été posées sur les concessions suisses dans le domaine agricole, il a souligné qu'il ne s'agissait que de l'importation de viande de buffle. Mais lors de la conférence de presse qui a suivi, il a aussi évoqué le bœuf et le poulet. Puis, dans la fiche d'information de la Maison Blanche, il est également question de produits laitiers.

«J'attends des mesures d'accompagnement»

Lors d'accords internationaux conclus par la Suisse, les agriculteurs sont souvent une variable déterminante. L'accord sur les droits de douane avec le président américain Donald Trump ne fait pas exception: le président des paysans, Markus Ritter, demande désormais à Guy Parmelin d'examiner des mesures de compensation pour les agriculteurs suisses.

Dans un entretien avec Blick, le conseiller national du Centre se montre compréhensif face à la situation: «Le Conseil fédéral doit vivre avec Donald Trump et faire de la realpolitik.» Il se dit aussi heureux que «la pire variante possible pour l'économie suisse ait été corrigée».

Mais en même temps, Markus Ritter observe d'un œil inquiet les concessions que le Conseil fédéral a faites aux Etats-Unis en matière de produits agricoles. En effet, la Suisse leur a accordé des contingents tarifaires exempts de droits de douane pour la viande de bœuf (500 tonnes), la volaille (1500 tonnes) et la viande de buffle (1000 tonnes). «L'agriculture suisse ne doit pas souffrir de cet accord douanier. Je ne connais pas encore les détails de l'accord. Mais j'attends du conseiller fédéral Guy Parmelin que nous parlions de mesures d'accompagnement similaires à celles de l'accord Mercosur si l'agriculture suisse subit des inconvénients pour le bien de l'économie dans son ensemble.» 

Des produits laitiers américains dans les rayons suisses?

Par ailleurs, si l'on se réfère à la fiche d'information de la Maison Blanche, les règles d'importation suisses pour les produits laitiers américains devraient être simplifiées. Pour Markus Ritter, une chose est sûre: les agriculteurs suisses ont besoin de mesures pour rester compétitifs. «Les aides structurelles et les aides à l'investissement permettent par exemple de rénover les bâtiments agricoles ou d'en construire de nouveaux», explique l'élu.

Le président des paysans salue le fait que Guy Parmelin veuille maintenir l'interdiction d'importer des poulets chlorés en Suisse. Mais si les Etats-Unis devaient malgré tout insister sur leur importation, Markus Ritter fait confiance à la population. «Le consommateur suisse est exigeant et n'achètera pas de poulets chlorés.»

L'accès aux médicaments

Aussi, la fiche d'information de la Maison Blanche stipule que l'accès de la Suisse aux produits médicaux américains devrait être facilité. Une mesure que salue le conseiller aux Etats lucernois, Damian Müller.

«En tant que président de Swiss Medtech, je m'engage depuis des années pour que les patientes et patients puissent bénéficier en Suisse de dispositifs médicaux certifiés – y compris ceux qui sont fabriqués chez nous et sont déjà autorisés sur le marché américain», déclare l'élu libéral-radical (PLR). Il a demandé en 2020 une modification de la loi à ce sujet: «Le Parlement a approuvé ma motion. Tout est prêt. Il suffit de la mettre en œuvre.»

Damian Müller accuse l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) de freiner la procédure. «Le processus de mise en œuvre avec l'OFSP est au point mort depuis des années. Il faut que les choses bougent! Si un produit est autorisé pour 340 millions de personnes aux Etats-Unis, il n'a pas besoin d'un 'Swiss Finish' coûteux.»

Collaboration dans le contrôle

La fiche d'information américaine comprend également des points déjà connus du Conseil fédéral, comme «le développement de la coopération dans les domaines des contrôles à l'exportation, des sanctions et des contrôles des investissements». «En tant qu'Etat souverain, la Suisse continue de décider de manière autonome, et dans le cadre de ses prescriptions légales, d'éventuelles mesures dans ces domaines», affirme le communiquant de Guy Parmelin.

Le chef de l'Economie s'attend à ce que les nouveaux droits de douane américains entrent en vigueur dans les 10 à 12 prochains jours. Le 26 novembre prochain, avant la session d'hiver, le Conseil fédéral pourrait approuver l'accord douanier, avant de l'envoyer pour discussion au Parlement. L'attitude des agriculteurs sera alors déterminante.

Partager
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la
Articles les plus lus
    Articles les plus lus