Malgré un salaire mirobolant
Swiss galère à embaucher des pilotes et annule des vols

Les pilotes d'avion se sentent lésés et accusent la compagnie aérienne Swiss de ne pas tenir ses promesses. Le syndicat Aeropers veut dénoncer la convention collective du travail (CCT).
Publié: 11:41 heures
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Le CEO de Swiss, Jens Fehlinger, a du mal à recruter des pilotes.
Photo: Keystone
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Raphael Rauch

Visiter des destinations de rêve, dormir dans des hôtels all inclusive, vivre des aventures pendant ses heures de travail: être pilote est un job de rêve, et bien payé de surcroît. Un nouvel arrivant copilote chez Swiss gagne 89'000 francs et les pilotes avec suffisamment d'ancienneté touchent jusqu'à 220'000 francs.

Et pourtant, Swiss rame pour trouver des pilotes, au point que la compagnie aérienne a dû annuler des vols. Pour attirer de nouveaux employés, la compagnie propose un accès direct aux vols long-courriers. Jusqu'à présent, les copilotes devaient d'abord faire leurs preuves sur les courriers plus courts avant de piloter les grands avions.

Mais même avec cette stratégie, Swiss n'avance pas. Sur 32 postes ouverts, seuls six ont été pourvus – et difficilement: la compagnie Austrian Airlines a prêté quatre de ses pilotes à Swiss et deux pilotes externes ont complété l'effectif. «Nous recrutons déjà au maximum de nos capacités», fait savoir Swiss. Selon la compagnie, cette pénurie de pilotes est due aux facteurs suivants: 

  • Covid-19: Pendant la pandémie, les formations ont été suspendues et les pilotes expérimentés sont partis à la retraite. La formation de nouvelles recrues n'a été relancée qu'en 2023.
  • Pénurie de formation: le nombre de simulateurs disponibles est limité.
  • Reconversion de l'A350: Swiss a reçu un nouveau type d'avion à l'automne. Pour le piloter, il faut former du personnel, ce qui mobilise des capacités supplémentaires.
  • Principe d'ancienneté: L'ancienneté est très importante dans le métier de pilote, peut-être plus que dans aucune autre profession. Changer de compagnie aérienne équivaut à recommencer sa carrière à zéro et renoncer à de nombreux privilèges. De quoi dissuader de nombreux pilotes d'autres compagnies de venir chez Swiss.

Selon le syndicat de pilotes Aeropers, la pénurie de pilotes est en partie due au contrat à temps partiel de nombreux pilotes. S'ils étaient plus nombreux à travailler à temps plein, Swiss pourrait proposer davantage de liaisons. «Les temps partiels sont souvent la seule possibilité d'organiser sa vie de famille. Si Swiss répondait mieux à nos souhaits, davantage de pilotes travailleraient à 100%», déclare le capitaine Thomas Steffen d'Aeropers. «D'autres compagnies aériennes y parviennent bien mieux que Swiss.» La compagnie aérienne réfute cette hypothèse: «Nous nous efforçons toujours de trouver le meilleur équilibre possible entre les intérêts de toutes les parties.»

Swiss ne tient pas parole

Le syndicat reproche aussi à Swiss de ne pas avoir tenu parole. «La vie privée des pilotes était censée devenir plus planifiable. Mais Swiss n'a pas débloqué les ressources et la volonté nécessaires», critique Thomas Steffen. «Même une compensation du renchérissement justifiée a été refusée à deux reprises pour des raisons obscures.» L'actuelle convention collective de travail (CCT) court encore jusqu'à fin 2026, mais le syndicat Aeropers veut la résilier, les pilotes ont jusqu'au 19 novembre pour voter à ce sujet. Les pilotes étant recherchés, Thomas Steffen estime que son syndicat est en bonne position pour négocier: en plus des salaires plus élevés, il demande «plus d'influence sur le plan d'affectation mensuel».

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